Entretien avec Monseigneur Rudolf Michael Schmitz,
vicaire général de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre
La Virginité de la Très Sainte Vierge Marie
Pourquoi dit-on que la Sainte Vierge est toujours vierge ?
Cette vérité enseignée depuis toujours par l’Église est basée sur la Révélation et surtout la Sainte Écriture. En effet, Notre-Dame nous indique qu’elle n’a pas été connue par Joseph, et que sa virginité a toujours été respectée et protégée par saint Joseph. Marie n’a pas eu d’autres enfants après la naissance de Notre-Seigneur.
La Sainte Vierge Marie était parfaitement consciente de l’extraordinaire de sa vie et que quelque chose de divin se produisait en elle. La virginité de Marie a toujours été reconnue par l’Église. Dès les premiers siècles, Petrus d’Alexandrie, des Pères de l’Eglise, comme saint Irénée, en ont été des défenseurs acharnés, puis un peu plus tard saint Augustin également.
Comment faut-il comprendre la Virginité de la Sainte Vierge Marie, est-ce une offrande de sa personne à Dieu ou d’abord en lien avec sa maternité divine ?
D’un côté, la virginité de Notre-Dame était depuis tous les temps déjà dans les résolutions de Dieu pour la préparer à devenir la mère de Dieu. Avec une douceur, une profondeur d’amour inouïe, le Dieu Tout-Puissant a voulu que Marie accepte de devenir la nouvelle Ève.
D’un autre côté, Notre-Dame s’est en effet donnée toute entière dans le fiat de l’Annonciation, et même, selon la Tradition, s’est vouée à la virginité dès le commencement comme enfant dans le Temple.
Donc à cette question, nous pouvons répondre deux fois oui.
Les paroles de l’ange Gabriel à l’Annonciation attestent-t-elles le fait de cette virginité, de cette vérité de foi ?
L’ange Gabriel appelle Notre-Dame « kekharitôménê » donc « la pleine de grâce » parce qu’elle est immaculée, qu’elle n’a pas connu le péché originel. Cette plénitude de la Sainte Vierge rend tous les miracles possibles. L’ange dit aussi que la puissance de Dieu va couvrir Notre-Dame avec son ombre et souligne ainsi que tout ce qui se passe en la Sainte Vierge est le fruit d’une action divine.
A quel moment l’Église a-t-elle proclamé cette virginité de la très Sainte Vierge comme un dogme de foi ?
L’église parle très tôt de la virginité de Notre-Dame. Déjà, dans le symbole des apôtres, on parle de « Marie vierge ». La virginité permanente a été formulée aussi par la contribution de beaucoup de Pères de l’Église notamment par saint Irénée, saint Augustin, saint Chrysostome, d’autres que l’on pourrait ajouter pendant les siècles. C’est au cours du deuxième concile de Constantinople en 553 que l’Église a formulé la virginité perpétuelle de Notre-Dame et en a fait un dogme uni à un anathème.
Pouvez-vous nous rappelez la beauté de la virginité souvent malmenée ou critiquée à notre époque?
De nos jours, la virginité est souvent vue dans une lumière négative. On reproche aussi à l’Église un certain rejet du corps. Bien au contraire, la virginité doit être vue comme un don positif, une action de donation totale de soi à Dieu. C’est certes le renoncement à quelque chose de très beau mais c’est avant tout le choix d’être à Dieu entièrement.
Qui veut se vouer à la virginité se voue à quelque chose qui a comme réponse de Dieu la même parole de l’ange « kekharitôménê » « parce que vous vous ouvrez à moi, je vous remplis de Ma grâce. »
Donc la virginité est un don joyeux, ce n’est pas du tout quelque chose de coincé ou de sombre.
Beaucoup de personnes décident de se marier. Certaines d’entre elles décident de ne pas rester vierges avant le mariage. Pouvez-vous nous rappeler la beauté de cette réserve volontaire, de rester vierge jusqu’au mariage et de vivre dans la chasteté ?
Cette volonté de rester vierge avant le mariage est vraiment un signe d’amour parce qu’on ne peut se donner totalement qu’une fois. L’expression « se donner totalement » veut dire qu’il est très difficile de reprendre le don. Les jeunes filles pressées par un jeune homme pour se donner trop tôt doivent se demander si ce jeune homme les aime vraiment. Si le jeune homme l’aime, il saura attendre. C’est évidemment difficile, les passions jouent beaucoup. Les jeunes filles peuvent s’en remettre à la Sainte Vierge et les jeunes hommes à saint Joseph. Si l’on prie vraiment, on évite les occasions où les passions peuvent se déchaîner. Se donner totalement, avec un don virginal unique, c’est vraiment la fleur de l’amour.
Bibliographie – Pour aller plus loin :
– « Virginité, chemin d’amour : À l’école d’Élisabeth de la Trinité » – Patrick-Marie Févotte – Editions du Cerf (1993)
– « Le bien du mariage. La virginité consacrée » Saint Augustin – Institut d’études augustiniennes – 2003
– « La virginité chrétienne suivi de la sainte virginité de saint Augustin, l’encyclique sacra virginitas de s. s. Pie XII, la consécration des vierge de saint Léon » – Joseph-Marie Perrin (op) – 1958 – Desclée de Brouwer.