Entretien avec l’Abbé de Massia,
de la Fraternité Saint Pierre
En quoi notre condition est-elle différente de celle d’Adam ? Est-elle meilleure ? 1 : Pourquoi Dieu a envoyé son fils unique s’incarner dans notre nature humaine?
Dieu a voulu racheter l’homme en réparant son péché, en satisfaisant pleinement pour lui. Or l’homme, laissé à lui-même, était bien incapable de présenter à Dieu une satisfaction, une réparation qui soit suffisante, « adéquate » : car le péché de l’homme avait une portée infinie : en effet on mesure la gravité d’une faute en fonction de la personne qui est offensée : or le péché offense Dieu. C’est pourquoi Dieu a voulu l’Incarnation.
– Pour réparer parfaitement l’offense, Il fallait que notre Sauveur soit Dieu : ainsi l’acte de la rédemption, la souffrance et la mort du Christ ont une valeur infinie de rachat parce que c’est la souffrance et la Mort d’un homme qui est Dieu.
– Il fallait d’autre part que notre Sauveur soit homme, pour qu’il assume, qu’il porte sur lui, qu’il élève et sanctifie ce qu’il fallait sauver : la nature humaine : Dieu sauve ainsi l’homme comme de l’intérieur en se faisant homme.
2 : Lors de la veillée pascale, pourquoi chantons-nous l’exultet et notamment le felix culpa : heureuse faute qui nous a valu un tel Rédempteur ? N’est-ce pas paradoxal?
L’Eglise, par ce « felix culpa », nous montre justement que, pour le péché originel, s’accomplit et se réalise la grande loi de St Augustin : « Dieu ne permettrait jamais à un mal de survenir dans sa Création, s’Il n’était assez bon et assez puissant pour en faire sortir un Bien ». Si Dieu a permis le péché originel, qu’Il pouvait empêcher, c’est justement parce qu’il avait la puissance et la bonté de faire jaillir de ce grand mal un bien plus grand, un meilleur bien :
Quel est ce plus grand bien ? C’est le Christ : c’est le péché originel qui est l’occasion, et qui appelle cet acte de la miséricorde divine décidant de cette merveille sortie des mains de Dieu qu’est le Christ. Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit divinisé : et ce projet justifiait, aux yeux de Dieu, la permission du péché originel.
3 : En quoi notre condition d’homme est différente de celle d’Adam? Est-elle meilleure ?
En se faisant homme, le Verbe a élevé la nature humaine, déchue et blessée par la faute d’Adam, à une perfection surnaturelle qu’elle n’avait jamais eue. « Là où le péché abonde, la grâce surabonde » (Rom, 5, 20) : là où l’homme a mis du mal, Dieu en fait jaillir des biens supérieurs.
- – Par la Rédemption nous avons la Personne du Christ, homme et Dieu, sommet et fin de toute laCréation, qui en accomplit plus parfaitement la fin, qui est la Gloire de Dieu.
- – Par la Rédemption du Christ, nous avons le Saint Sacrifice de la Messe,
- – Par la Rédemption du Christ, nous avons la présence de Dieu dans l’Eucharistie,
- – Par la Rédemption, nous avons des moyens de Salut comme les Sacrements ;
- – Par la Rédemption, nous avons un trésor infini de grâce et de mérites salutaires qui nousattendent, et qu’il nous suffit de demander par la prière.
- – Par la Rédemption, le chemin vers le salut est plus beau, plus parfait, plus riche qu’il ne l’était dansl’état d’innocence.
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Bibliographie – Pour aller plus loin :
- – Chanoine Verneaux : Problèmes et mystères du Mal – NOUVELLES EDITIONS LATINES – 1983b – ISBN:9782723302180.
- – Card. Charles Journet : Le Mal, essai théologique – DESCLEE DE BROUWER (1 janvier 1960) – ASIN: B006QTV8FU
- – Paul Clavier : L’énigme du Mal ou le tremblement de Jupiter
DESCLEE DE BROUWER , Paris collection Des paroles et des hommes , (janvier 2011) –ISBN-10: 2220062635 - – C.S. Lewis : Le problème de la souffrance- Raphaël (1 novembre 2005) – ISBN-10: 2884170308
- – Bx Jean-Paul II : lettre apostolique Salivifici Doloris – PIERRE TEQUI (EDITIONS) ISBN:9782740303269