Entretien avec le Chanoine Tancrède Guillard,
de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre
L’Esprit-Saint, âme de la liturgie Comment définir ce qu’est la liturgie ?
Pie XII, dans son encyclique « Mediator Dei » définit la liturgie comme étant le culte public intégral exercé par le corps mystique du Christ, à savoir Jésus-Christ tête du corps mystique et de tous ses membres. La liturgie a donc pour fonction de rendre l’honneur qui est dû à Dieu et ainsi de sanctifier les fidèles.
Pourquoi le Saint-Esprit est-Il l’âme de la liturgie ?
Le Saint-Esprit est l’âme de la liturgie parce qu’il y a un lien privilégié entre le Saint-Esprit et la fonction liturgique de l’Église. Notre-Seigneur Jésus-Christ, et le Saint-Esprit vont agir de concert mais pas de la même manière pour conduire le fidèle au Père des Cieux.
Le Saint-Esprit dispose les cœurs à recevoir l’action de Jésus-Christ dans les âmes. Il va aussi disposer le fidèle à recevoir le Christ Lui-même, le Saint-Esprit va également permettre au Christ de se rendre présent dans la Sainte Eucharistie.
Quels sont les dons du Saint-Esprit qui nous permettent de rendre à Dieu ce qui Lui est dû ?
Plusieurs dons du Saint-Esprit vont intervenir ici de manière spécifique.
Ainsi le don de crainte permet à l’Église de discerner véritablement ce qui est bon dans la liturgie. La liturgie va suivre un développement à travers le temps car elle n’est pas une réalité fixée définitivement le jour de la Cène. Il va donc falloir que l’Église élimine tout ce qui n’est pas correct, tout ce qui finalement ne sert pas à la majesté de Dieu, puisque le propre de la liturgie c’est de rendre l’honneur qui est dû à Dieu.
Un autre don, le don de piété, nous fait considérer Dieu comme Père ; or toute la liturgie est orientée vers le Père des Cieux. Dans toutes les oraisons, on s’adresse à Dieu le Père mais évidemment par le Fils, dans l’unité du Saint-Esprit, puisque toute liturgie s’adresse à Dieu Trinité. Le don de conseil qui est un don de discernement opère dans l’Église pour rendre l’honneur maximal à Dieu, choisir à travers toutes les productions liturgiques ce qu’il y a de plus éprouvé, ce qu’il y a de plus beau, ce qu’il y a de meilleur.
Dans quelles parties de la messe est-il fait plus directement référence au Saint-Esprit ?
Au début de la messe nous faisons notre signe de Croix : au nom du Père et du Fils et du Saint- Esprit. La messe se termine avec le dernier évangile mais, juste avant, il y a la grande bénédiction avec aussi la mention du Saint-Esprit. La messe est donc en quelque sorte encadrée par les trois personnes trinitaires dont le Saint-Esprit.
Il y a aussi dans la messe des mentions spécifiques du Saint-Esprit : à chaque fin d’oraison, à chaque fin de collecte, de secrète, de postcommunion, le Saint-Esprit est implicite lorsqu’il est fait mention de la Sainte Trinité. Il y a aussi une prière qui se situe juste avant le lavabo dans les messes basses, ou juste avant les prières de l’encensement où il est clairement fait mention du Saint-Esprit que l’on appelle pour qu’Il transforme les oblats, pour qu’Il convertisse le pain et le vin en corps et sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ. À travers la structure trinitaire de certaines prières : Kyrie, Sanctus, il y a d’autres mentions de la Sainte Trinité. Le Gloria et le Credo particulièrement nous permettent de mentionner directement le Saint-Esprit : on dit « avec le Saint-Esprit, je crois à l’Esprit-Saint… » Donc on voit que le Saint-Esprit fait vraiment partie prenante avec la liturgie durant la sainte messe.
Des messes concernent-elles le Saint-Esprit lui-même ?
Le Saint-Esprit est très à l’honneur le jour de la Pentecôte. Ce jour liturgique est tellement important que l’Église propose de se préparer par la Vigile de la Pentecôte puis de prolonger la Pentecôte pendant sept jours. L’Octave de la Pentecôte est une des rares octaves qui restent dans la liturgie. Il existe aussi la messe votive du Saint-Esprit célébrée traditionnellement le jeudi.
Pourquoi la sainte liturgie crée-t-elle un lien particulier avec le Saint-Esprit ?
La sainte liturgie va créer un lien particulier avec la troisième personne de la Sainte Trinité parce qu’étant l’œuvre du Saint Esprit, pleine de sainteté, de vérité, de beauté et de grâce, elle renvoie le fidèle à son auteur divin.
Pourquoi prier le Saint-Esprit ?
Parce que comme nous le dit si bien la prière au Saint-Esprit, le Saint-Esprit a cette fonction d’allumer le feu de Son amour, un feu qui va non seulement nous prendre nous-mêmes, mais qui va aussi nous permettre d’embraser le monde et finalement de partir à la recherche de tous ceux qui ne sont pas encore chrétiens, de tous ceux qui ne connaissent pas encore le Christ, de tous ceux qui ne connaissent pas Dieu Lui-même et ainsi de pouvoir faire œuvre d’unité et de rassembler tout le monde dans la sainte Église.
« Veni Sancte Spiritus » (en français):
Venez, Esprit-Saint, remplissez les cœurs de vos fidèles, et allumez en eux le feu de votre amour.
V. Envoyez votre Esprit, Seigneur, et il se fera une création nouvelle. R. Et vous renouvellerez la face de la terre.
Prions : O Dieu, qui avez instruit les cœurs des fidèles par la lumière du Saint-Esprit, donnez-nous par ce même Esprit, de comprendre et d’aimer ce qui est bien, et de jouir sans cesse de ses divines consolations. Par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen.
Bibliographie – Pour aller plus loin :
- – Encyclique « Mediator Dei » – Pie XII
- – Abrégé du Catéchisme de l’Église Catholique
- – « La messe expliquée aux fidèles » – Abbé Daniel Joly – Editions Clovis