Entretien avec le Chanoine Tancrède Guillard,
de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre
L’Esprit-Saint, âme de l’Église
Quand l’Église a-t-elle véritablement commencé?
L’Église a commencé dans le cœur de Dieu, elle est issue de l’amour de Dieu. L’Église a été préfigurée dans l’Ancien Testament avec le peuple de Dieu : « Israël » puis Notre-Seigneur Jésus- Christ va la fonder avec le choix de 12 apôtres afin de constituer un premier petit noyau, une hiérarchie à cette Église dont Pierre sera la tête : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église … ». À la Croix, il y a véritablement la constitution de l’Église issue du cœur de Jésus, du côté transpercé de Jésus. Enfin à la Pentecôte, le Fils, avec le Père, envoie l’Esprit-Saint à Son Église qui est désormais sur la terre totalement formée. Il faudra attendre la fin du monde pour que au Ciel l’Église soit définitivement achevée.
La même vocation que la Sienne. Jésus-Christ est venu sauver les hommes, leur ouvrir les portes du paradis et les conduire à Dieu le Père.
Quelle vocation Jésus-Christ a-t-Il donnée à son Église ?
L’Église a une triple mission à l’image de ce qu’est le Christ Lui-même : roi, prêtre et prophète.
– Enseigner, c’est la mission prophétique. L’Église va avoir vraiment le soin d’enseigner les fidèles mais aussi par l’apostolat, par les missions, tous ceux qui sont amenés à faire partie de l’Église, c’est-à-dire toute l’humanité.
– Gouverner, c’est la mission royale à l’exemple du Christ Roi, elle va donner les indications pour conduire tout le monde au ciel.
– Sanctifier, c’est la mission sacerdotale qui va permettre à chacun de recueillir toutes les réalités de grâce que le Christ veut nous donner et qu’Il va nous donner à travers l’Église.
L’Église est une seule réalité mais c’est une réalité complexe, une réalité double. A l’exemple de Notre-Seigneur qui conjoint en Lui la nature humaine et la nature divine, l’Église a aussi :
Pourquoi dit-on que l’Église est une société à la fois humaine et divine ?
– une réalité humaine : tous les fidèles et toutes les choses matérielles.
– une réalité toute divine : la grâce, le Saint Esprit et toutes ces réalités que l’on ne voit pas.
On le dit à cause des effets. Qu’est-ce qu’une âme ? Une âme, c’est une réalité spirituelle qui va avoir comme fonction de rassembler dans l’unité des réalités très diverses et qui pourraient ne pas suivre un but commun. Donc le Saint-Esprit comme âme de l’Église va permettre à tous les hommes de s’orienter vers le but qui est le Ciel.
Pourquoi le Saint-Esprit est-Il l’âme de l’Église?
Et puis la deuxième fonction de l’âme c’est de vivifier le corps et là aussi le Saint-Esprit va vivifier le corps qu’est l’Église, le corps mystique du Christ et Il va lui donner cette participation à la vie divine qu’est la grâce.
Après la Pentecôte, le Saint-Esprit va continuer d’agir à travers toutes sortes de médiations. Il va permettre à l’Église d’enseigner en gardant le dépôt révélé pour qu’il n’y ait pas de déviation de doctrine, mais au contraire un développement harmonieux de cette doctrine. L’Esprit-Saint éclaire aussi l’Église pour lui permettre de répondre de la meilleure manière possible aux défis du temps. Le Saint-Esprit va évidemment donner la grâce à travers les sacrements pour faire en sorte que les fidèles deviennent saints et que ceux qui ne sont pas encore fidèles reçoivent des grâces afin de s’ouvrir à l’Église.
A quels autres moments le Saint-Esprit assiste-t-Il Son Église ?
Enfin, le Saint-Esprit va également susciter des hommes ou des initiatives à divers moments de l’Église pour l’aider à traverser les difficultés.
Le Saint-Esprit agit par ses 7 dons. Quels sont les dons plus spécifiquement qu’Il applique à Son Église ?
Le Saint-Esprit agit effectivement par tous les dons dans l’Église. On peut cependant distinguer certains dons plus spécifiques.
– Le don de force quand on observe le nombre de martyrs dans le monde. Le don de force est bien là, présent dans son Église avec tous ces gens prêts à donner leur vie avec une grande force, une grande constance face à la mort.
– Le don de science qui, à partir de la vision des créatures, nous fait remonter au Créateur. Et puis à partir de la connaissance que l’on a du Créateur, nous aide à mieux connaître les créatures et à les mettre à leur juste place. En ce sens, on voit la bonté, la beauté, la vérité des créatures et on remonte jusqu’à la source de cela qui est Dieu : Dieu bonté, Dieu vérité et Dieu beauté. Et puis on va mettre un peu de distance par rapport aux créatures : elles sont des reflets, c’est leur grandeur, elles ne sont que des reflets, c’est leur misère.
– le don d’intelligence nous permet à partir de toute la Révélation de mieux connaître Dieu. S’il y a bien un domaine spécifique à l’action du Saint-Esprit c’est vraiment cette connaissance de Dieu à partir de ce que Dieu a voulu nous révéler de Lui-même.
L’Église est notre mère et c’est elle qui nous conduit à Jésus-Christ. Jean XXIII avait pu dire que l’Église est mère et maîtresse. Il y a à la fois ce côté très maternel de l’Église qui s’occupe véritablement des hommes qu’elle a pour mission de conduire au ciel et qu’elle va reprendre justement de manière très douce et très délicate comme une mère et parfois de manière un peu ferme. Elle est aussi maîtresse de vérité parce qu’il lui faut à la fois éclairer l’intelligence et susciter une grande adhésion du cœur pour sauver l’homme.
Bibliographie – Pour aller plus loin :
– « Mystici Corporis » – Pie XII
– « Entretien sur l’Église et les sacrements » – Cardinal Charles Journet – Editions Parole et Silence
– « Pour la sainte Église romaine » – Abbé V.-A. Berto – Editions du Cèdre – 1976