Entretien avec Le Père Laurent-Marie,
des Serviteurs de Jésus et Marie
Qu’est-ce qu’un saint ?
En quoi les saints nous sont utiles ?
Un saint, c’est un fidèle baptisé qui, tout au long de sa vie, a cherché à être fidèle aux promesses de son baptême et à utiliser au mieux les moyens que le bon Dieu met à notre disposition pour vivre dans Son amitié, pour accomplir Sa parole et pour vivre en Sa présence.
Quelle différence existe-t-il entre un vénérable, un bienheureux, et un saint ?
Le premier degré de sainteté, c’est vénérable. Lorsqu’il y a une réputation de sainteté autour d’un baptisé, qui est mort évidemment, on fait une enquête si on désire proposer sa vie et son exemple à toute l’Eglise. Il y a un certain nombre d’étapes, toute une procédure prévue par l’Eglise où l’on va d’abord vérifier par une enquête très soigneuse que ce baptisé a été fidèle à la foi, à l’espérance et à la charité, à un degré proprement héroïque. Dès la reconnaissance de l’héroïcité de ses vertus, il va être inscrit comme vénérable. L’enquête va se poursuivre et, si par son intercession est obtenu au moins un miracle, l’Eglise peut le déclarer bienheureux, c’est-à-dire qu’Elle affirme qu’il est parmi les bienheureux du ciel. L’étape ultime étant la canonisation, là, l’Eglise engage son infaillibilité pour dire que tel baptisé a vécu dans une telle fidélité à son baptême qu’il a immédiatement après sa mort été introduit par Dieu à la contemplation de sa gloire. Ce baptisé est alors inscrit dans le martyrologe, c’est-à-dire dans la liste des saints et Son culte est alors étendu à l’Eglise universelle.
Combien de miracles sont nécessaires pour la reconnaissance d’un saint ?
Selon les règles de procédure, puisqu’il s’agit d’un véritable procès, on demande un miracle pour la béatification et un miracle pour la canonisation. Pour le cas particulier d’un baptisé mort en haine de la foi, martyr, le pape peut décider de dispenser d’un miracle.
Faut-il être mort pour être saint ?
Dès que nous sommes baptisés nous avons tous les moyens en nous pour être saints. Pour être reconnu comme tel par l’Eglise il faut être mort. Nous avons tous justement à vivre de ce mystère de la sainteté, qui n’est pas notre sainteté à nous mais qui est la sainteté du Christ à laquelle nous participons. Lorsque Dieu couronne la sainteté d’un fidèle, en fait, il reconnaît Ses propres dons.
Est-ce que tout le monde est appelé à devenir saint ? Que faut–il faire pour devenir saint ?
Tout le monde est appelé à la sainteté. Tout le monde est appelé à connaître l’amour du Christ pour lui, en faire l’expérience par la vie sacramentelle et à être un membre vivant de l’Eglise. Pour être saint depuis le pape jusqu’au dernier des fidèles, nous avons tous à notre disposition la vie des sacrements, particulièrement les deux sacrements de la vie chrétienne ordinaire : la sainte messe et le sacrement de pénitence, la confession sacramentelle. Nous avons la prière, qu’elle soit liturgique ou personnelle et puis nous avons l’accomplissement de notre devoir d’État avec le plus d’amour possible. C’est ainsi que nous accomplissons la volonté de Dieu avec les moyens qu’Il met à notre disposition et donc nous vivons dans Son amitié et nous parvenons à la sainteté.
En quoi les saints nous sont utiles ?
Parce que ce sont des exemples pour nous. Nous avons tous besoin d’exemples. Chaque saint nous manifeste quelque chose du mystère du Christ. Saint François de Sales avait cette belle formule, il disait : « la différence entre l’Évangile et la vie des saints est la même qu’entre la musique notée et la musique chantée. »
Chaque saint reflète quelque chose du mystère de Dieu mais ce ne sont pas simplement des exemples, parce qu’un exemple cela peut nous écraser, on se dit, on n’y arrivera jamais. Non, ils nous aident aussi par leur intercession. Voilà pourquoi nous nous mettons sous le compagnonnage des saints.
Qu’appelle t-on intercession des saints ?
Dieu veut nous communiquer ses grâces par l’entremise de ses amis. Bien sûr Il pourrait agir directement mais Sa puissance et Sa bonté éclatent par le fait qu’Il passe par un certain nombre de médiations. Evidemment, la grande médiation c’est celle du Christ Lui-même, qui est le Saint par excellence, Celui qui intercède pour nous mais Il veut aussi que Sa grâce nous parvienne, non seulement par l’exemple, mais aussi par l’intercession des saints qui portent nos intentions à Ses pieds.
En plus des saints, avons-nous d’autres collaborateurs au ciel ?
Parmi les saints il faudrait évidemment parler d’abord de la Vierge Marie, la toute sainte par excellence, qui intercède pour nous. Elle est la toute-puissante suppliante comme selon un de ses titres. Il y a évidemment aussi les anges ; la création de Dieu ne s’épuise pas dans le monde visible. Nous savons qu’Il a créé le monde invisible et les anges réalisent cette œuvre de louange. Ils contemplent la gloire de Dieu mais aussi ils interviennent en notre faveur. Dans l’histoire du salut, dans l’écriture sainte, nous voyons souvent que les anges sont ce que leurs noms signifient, ce sont des envoyés de Dieu. Nous savons qu’ils manifestent la bonté de Dieu à notre égard. Nous savons aussi qu’ils portent vers Dieu notre prière : c’est la belle image de l’échelle de Jacob. Ce songe de Jacob où il voit une grande échelle entre la Création, le monde créé, le monde visible, et Dieu et des anges monter et descendre sur cette échelle. Cela symbolise les grâces que le bon Dieu nous communique par la voie angélique et notre prière qui est portée aussi par les anges.
Et tous ceux qui nous ont précédés, ont-ils aussi un pouvoir d’intercession ?
Tout à fait, nous les célébrons de manière particulière lors de la fête de la Toussaint. Tous ceux qui sont morts dans l’amitié avec Dieu, dans un état de charité parfaite, sont introduits directement au ciel. Nous pouvons compter sur leur intercession. Evidemment, nous ne savons pas de manière infaillible s’ils sont auprès de Dieu ou si ils doivent encore se purifier dans le purgatoire. S’ils sont au purgatoire, nous prions pour eux et s’ils sont au ciel, nous les prions.
En fait, est-ce cela que l’on appelle la communion des saints ?
La communion des saints c’est cette solidarité mystique qui existe entre l’Eglise du ciel, l’Eglise triomphante, l’Eglise souffrante du purgatoire et l’Eglise militante que nous sommes tous. Ce sont trois états mais c’est une seule Eglise ; nous nous partageons les biens spirituels : nous sous le régime de la grâce et les saints du ciel sous le régime de la gloire.
Bibliographie – Pour aller plus loin :
- – Dictionnaire des saints et bienheureux du XXème siècle – Yves Chiron – Editions de Paris
- – La fleur des Saints – Omer Englebert – Editions Albin Michel
- – 1 600 jeunes saints, jeunes témoins – François Marie Algoud – La Cité Vivante