Entretien avec le Père Basile,
de l’abbaye Sainte Madeleine du Barroux
Dieu se fait connaître par la Révélation
1 : La Révélation affermit la connaissance naturelle de Dieu
Afin que nous le connaissions mieux, Dieu s’est révélé à nous.
Par la raison naturelle, l’homme est capable de savoir que Dieu est non seulement la cause, mais encore la fin dernière du monde, qu’il est absolument parfait, vrai, bon et heureux. Toutefois, cette réflexion demande du temps, de l’intelligence, et rencontre diverses difficultés :
« […] cette quête exige de l’homme tout l’effort de son intelligence, la rectitude de sa volonté, « un coeur droit », et aussi le témoignage des autres, qui lui apprennent à chercher Dieu » (CEC 30).
En particulier, Dieu peut être « dérangeant » pour notre façon de vivre, blessée par le péché. Souvent, si on nie Dieu, c’est qu’on préférerait qu’il ne fût pas.
Selon saint Thomas, Pie XII, et les conciles Vatican I et II,
Dieu s’est révélé à nous d’abord pour aider l’ensemble des hommes à connaître facilement, avec certitude et sans mélange d’erreurs son existence et ses perfections en soi naturellement accessibles.
« Par la raison naturelle, l’homme peut connaître Dieu avec certitude à partir de ses œuvres » (CEC 50) et « les preuves de l’existence de Dieu peuvent disposer à la foi et aider à voir que la foi ne s’oppose pas à la raison humaine » (CEC 35). « Mais il existe un autre ordre de connaissance que l’homme ne peut nullement atteindre par ses propres forces, celui de la Révélation divine (cf. Concile VATICAN I, Constitution dogmatique Dei Filius). Par une décision tout à fait libre, Dieu se révèle et se donne à l’homme. Il le fait en révélant son mystère, son dessein bienveillant qu’il a formé de toute éternité dans le Christ en faveur de tous les hommes. Il révèle pleinement son dessein en envoyant son Fils bien-aimé, notre Seigneur Jésus-Christ, et l’Esprit Saint » (CEC 50).
2 : La Révélation nous fait connaître les mystères inaccessibles de l’Être divin
Dieu s’est révélé aussi – et surtout – pour nous donner accès aux mystères les plus intimes et inaccessibles de son être et de son dessein miséricordieux d’amour, de salut et de bonheur éternel pour l’humanité (par l’envoi de son Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ).
Dieu a donc décidé de converser avec nous comme avec des amis (cf. Dei Verbum, 2) par les prophètes, par la Bible, puis en la personne de son Fils Jésus-Christ :
« Dieu qui « habite une lumière inaccessible » (1Tm 6,16) veut communiquer sa propre vie divine aux hommes librement créés par lui, pour en faire, dans son Fils unique, des fils adoptifs (cf. Eph 1,4-5). En se révélant Lui-même, Dieu veut rendre les hommes capables de Lui répondre, de Le connaître et de L’aimer bien au-delà de tout ce dont ils seraient capables d’eux- mêmes » (CEC 52).
Ce message s’est accompagné de signes de crédibilité suffisants, à commencer par les prophéties, les miracles, les martyrs et enfin l’institution Église, toujours debout depuis 2000 ans (cf. VATICAN I, Constitution dogmatique Dei Filius ; PIE XII, Encyclique Humani generis).
Néanmoins, nous avons besoin de la grâce divine pour adhérer à ce niveau de connaissances surnaturelles :
« […] La foi est un don de Dieu, une vertu surnaturelle infuse par Lui. « Pour prêter cette foi, l’homme a besoin de la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que des secours intérieurs du Saint-Esprit. Celui-ci touche le coeur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne ‘à tous la douceur de consentir et de croire à la vérité’ » (Dei Verbum, 5) » (CEC 153).
La Révélation est moralement nécessaire pour connaître de Dieu les vérités naturelles le concernant, et absolument nécessaire pour connaître de Dieu les mystères les plus profonds de sa Trinité et de son dessein de salut sur nous.
3 : Pour pouvoir adorer Dieu en esprit et en vérité, l’homme a besoin de connaître Dieu
Afin de savoir pourquoi et comment adorer Dieu en esprit et en vérité, nous devons d’abord reconnaître combien il est infiniment beau. Il importe donc au préalable de contempler cette divine beauté, en cherchant à la connaître, car elle est fascinante :
« « La foi cherche à comprendre » (S. Anselme, Proslogion, prooem.) : il est inhérent à la foi que le croyant désire mieux connaître Celui en qui il a mis sa foi, et mieux comprendre ce qu’Il a révélé ; une connaissance plus pénétrante appellera à son tour une foi plus grande, de plus en plus embrasée d’amour. La grâce de la foi ouvre « les yeux du coeur » (Eph 1,18) pour une intelligence vive des contenus de la Révélation, c’est-à-dire de l’ensemble du dessein de Dieu et des mystères de la foi, de leur lien entre eux et avec le Christ, centre du Mystère révélé. Or, pour « rendre toujours plus profonde l’intelligence de la Révélation, l’Esprit Saint ne cesse, par ses dons, de rendre la foi plus parfaite » (VATICAN II, Constitution dogmatique Dei Verbum, 5). Ainsi, selon l’adage de S. Augustin (Sermon 43,7, 9), « je crois pour comprendre et je comprends pour mieux croire » » (CEC 158).
4 : Pour pouvoir aimer Dieu, l’homme a eu besoin de connaître le dessein d’amour et de salut de Dieu Il faut connaître Dieu, pour pouvoir l’aimer
« De toutes les créatures visibles, seul l’homme est « capable de connaître et d’aimer son Créateur » (GS 12) ; il est « la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même » (VATICAN II, 7 décembre 1965, Constitution pastorale Gaudium et spes, 24) ; lui seul est appelé à partager, par la connaissance et l’amour, la vie de Dieu. C’est à cette fin qu’il a été créé, et c’est là la raison fondamentale de sa dignité :
“Quelle raison T’a fait constituer l’homme en si grande dignité ? L’amour inestimable par lequel Tu as regardé en Toi-même Ta créature, et Tu T’es épris d’elle ; car c’est par amour que Tu l’as créée, c’est par amour que Tu lui as donné un être capable de goûter Ton Bien éternel” (Ste CATHERINE DE SIENNE, Dialogue 4, 13) » (CEC 356).
Dieu nous a révélé sa volonté sur nous
En se révélant lui-même, Dieu nous révèle son dessein d’amour sur nous, qui inclut notre pratique de l’amour envers Dieu et envers le prochain :
« Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres » (I Jn 4,11) ; « […] suivez la voie de l’amour, à l’exemple du Christ qui vous a aimés et s’est livré pour nous, s’offrant à Dieu en sacrifice d’agréable odeur » (Eph 5:2).
« Dans la foi, vertu surnaturelle donnée par Dieu, nous reconnaissons qu’un grand Amour nous a été offert, qu’une bonne Parole nous a été adressée et que, en accueillant cette Parole, qui est Jésus Christ, Parole incarnée, l’Esprit Saint nous transforme, éclaire le chemin de l’avenir et fait grandir en nous les ailes de l’espérance pour le parcourir avec joie » (S. S. LE PAPE FRANÇOIS, 29 juin 2013, Encyclique Lumen fidei, prologue).
Bibliographie – Pour aller plus loin :
PIE XII, 12 août 1950, Encyclique Humani generis
S. THOMAS D’AQUIN, Somme de théologie, I, 1 ; I, q. 12, a. 13, c.
VATICAN I, Constitution dogmatique Dei Filius ;
VATICAN II, constitution dogmatique Dei Verbum.
LESSIUS Léonard, S.J. (1554-1623), Les noms divins, ouvrage trad. du latin par le P. Marcel Bouix, s.j. – Paris : Gauthier-Villars, 1882. – 424 p., ici chapitre XV : De la Beauté de Dieu, p. 89-91.
S. S. LE PAPE FRANÇOIS, 29 juin 2013, Encyclique Lumen fidei, prologue.