Il y a une grande exigence d’absolu dans ce commandement. C’est cela que nous sommes venus chercher à Chartres, c’est cela qui attire la jeunesse, c’est Dieu qui réjouit notre jeunesse, qui laetificat juventutem meam.
Un seul Dieu. C’est un pléonasme, Dieu ne peut être qu’unique, mais c’est nécessaire de le préciser. Le monde a de grosses idoles hideuses, mais nous avons peut-être quelques petits faux dieux dans un coin de notre cœur dont il faudrait se débarrasser avant d’atteindre cette demeure de l’Immaculée qu’est Notre-Dame de Chartres.
Ces petits faux dieux, ce sont peut-être des créatures que nous n’aimons pas vraiment comme Dieu veut que nous les aimions. Dieu est la source de toute beauté et de toute bonté, si une créature ne nous mène pas à Lui mais nous en sépare, c’est une petite idole. Accepter de diminuer la vérité sur Dieu, c’est ne pas adorer le seul vrai Dieu, c’est cela aussi se fabriquer de faux dieux. Dieu est un, la vérité est une, l’Eglise catholique, apostolique et romaine est dépositaire de la vérité entière sur Dieu.
mon beau titre
« J’ai prié pour que ta Foi ne défaille pas… et toi, confirme tes frères »
(saint Luc 22/32).
Mais, n’est-ce pas là de l’orgueil, pouvons-nous nous croire les seuls détenteurs de la vérité sur Dieu ?
— Il ne s’agit pas de nous. Il ne s’agit pas de défendre avec obstination notre point de vue, mais la vérité que Dieu lui-même a révélée et à confiée à son Eglise. C’est à saint Pierre et à ses successeurs que Notre Seigneur a dit : « J’ai prié pour que ta Foi ne défaille pas… et toi, confirme tes frères » (saint Luc 22/32).
Et à notre Baptême, l’Eglise nous a transmis ce trésor : « Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? — La Foi. »
La Foi est un don tout gratuit que Dieu nous a ainsi fait. Cette prévenance de Dieu appelle une réponse. Dieu s’est fait connaître à nous pour que nous l’aimions, si nous repoussons ou diminuons cette vérité révélée, c’est son amour que nous repoussons.
Quel est le fils qui accepterait de laisser dire des choses fausses sur son père ? Quelle est l’épouse fidèle qui accepterait qu’on diminue devant elle les mérites de son mari ? Et Dieu n’est-il pas notre Père et l’Epoux de notre âme ?
Lorsque Jésus parla pour la première fois de l’Eucharistie, beaucoup de ses disciples le quittèrent. Et lui, au lieu d’atténuer ces vérités difficiles à croire, les réaffirma et ses apôtres lui renouvelèrent leur fidélité. Les vérités révélées nous dépassent ; il est bien tentant parfois de les rabaisser à ce que l’intelligence laissée à ses seules forces peut comprendre. Ce serait facile en parlant à des non-catholiques de laisser entendre que la Présence réelle de notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Eucharistie est à bien comprendre… que le démon n’est qu’une manière de parler du mal…
Mais non, si nous aimons Jésus, imitons-le : « Ma chair est vraiment une nourriture… Ceci est mon Corps. »
Jésus n’a rien tempéré, rien diminué. Il nous dit au contraire : « Que votre oui, soit oui. Que votre non, soit non. » (saint Matthieu 5/37)
Adorons Dieu, Dieu seul, le seul vrai Dieu et non pas de petits faux dieux à notre mesure.
Mais la Charité fraternelle n’oblige-t-elle pas parfois à certaines concession, au moins verbales ?
C’est mal comprendre ce qu’est la Charité. Aimer ses frères de Charité, c’est les aimer comme Dieu les aime, parce que Dieu les aime. C’est les aimer en vérité. A celui qu’on aime, que peut-on apporter de plus grand que la connaissance complète du vrai Dieu ?
Il ne s’agit certes pas de se transformer en prédicateur permanent. La plupart du temps, notre attitude générale suffira à montrer en qui nous croyons. Parfois, nous devrons dire ce qu’un fils de l’Eglise croit : il faudra alors le faire avec toute la douceur, toute l’humilité que Notre Dame aurait mis à le faire, mais aussi avec toute la clarté qu’aurait exigé la Foi de celle qui fut proclamée bienheureuse parce qu’elle avait cru (saint Luc 1/45). Et jamais nous n’aurons le droit de laisser supposer par nos paroles ou notre attitude que nous sommes prêts à diminuer la vérité. Qui nous dit d’ailleurs que ces concessions faites par fausse charité ne décevront pas nos interlocuteurs ?
Un jour, un moine fut chargé d’accueillir un pauvre vagabond qui lui demanda à quelle heure il pourrait manger. Mais à la place de ce verbe, ce pauvre en utilisa un autre, moins délicat… Le moine lui répondit en employant ce même terme, bien mal lui en prit : « Ah non, mon Père, lui répondit le miséreux, vous, vous n’avez pas le droit de parler comme ça ! » Le religieux a retenu la leçon, mais je crois qu’elle peut s’appliquer à d’autres domaines.
Nous sommes catholiques romains, parlons et vivons en catholiques romains.
Le Seigneur nous a envoyé sa lumière et sa vérité, c’est elles qui nous guideront vers sa sainte demeure (Ps. 42) de Chartres et du Ciel.
Un moine bénédictin