Lorsqu’on achète une maison qui a appartenu à un précédent propriétaire, il est nécessaire d’effectuer quelques travaux avant de s’y installer… Il est inutile de poser de nouveaux papiers peints, avant d’avoir arraché et changé les fils de l’installation électrique des années 1950 (avec les vieilles gaines en bois, au risque d’incendie, en permanence). Il faut creuser des saignées dans les murs, y faire passer les nouveaux fils électriques, reboucher, égaliser. Le papier peint se pose en dernier lieu… Il y a aussi les boiseries qui, à première vue, semblent saines mais sont, en réalité, vermoulues et s’enfoncent à la première pression du pouce ou du tournevis. Même si elles sont saines, il faudra souvent les déposer, visser dessous des plaques d’isolant afin de les protéger durablement de l’humidité venue du dehors, et de garder la chaleur de la maison…Quant à la belle cheminée de la salle à manger, on ferait bien de la faire ramoner, si l’on ne veut pas qu’un feu de conduit vienne gâcher le déjeuner de Noël en famille.
Mais où veut en venir ce prêtre avec ces conseils de bricolage ? Tout simplement aux rites préparatoires du baptême. C’était une parabole…
Notre Seigneur nous a rachetés au prix fort de sa passion et de sa Croix (Isaïe 53,1-12 ; 2ème lecture du mercredi saint). Par notre baptême, il va inaugurer en nous la vie de la grâce, la vie de Dieu.. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit viennent faire en nous leur demeure (St Jean XIV, 23-31 ; Evangile de la messe votive du Saint-Esprit). Mais avant de venir habiter dans notre âme, Dieu y fait quelques travaux destinés à faire oublier le temps où notre corps n’était pas encore le temple du Saint-Esprit. Le précédent locataire (le Diable) et ceux qui nous ont précédés, et dont nous tenons la vie (qu’ils nous ont transmise avec le péché originel), n’ont pas laissé la maison tout à fait nette.
Avant que le sacrement de Baptême n’efface le péché originel et nous fasse devenir enfants de Dieu, les rites d’exorcisme vont préparer ce qui va devenir temple du Saint-Esprit. Le Pape Célestin (422-432) dit :
« Que ceux qui se présentent au sacrement de la régénération, enfants ou jeunes gens, n’approchent pas de la fontaine de vie avant que l’esprit immonde n’ait été chassé d’eux par les exorcismes et les exsufflations des clercs ».
Tout à fait au début de l’ordo du baptême va, en effet, avoir lieu sur le seuil de l’Eglise, maison de Dieu, le rite de l’exsufflation. Comme le Christ a soufflé sur les Apôtres en leur disant : « Recevez le Saint-Esprit », le prêtre va souffler doucement à trois reprises sur le visage de l’enfant en ordonnant à l’esprit malin de céder la place à l’Esprit Saint. (St Marc VI ; 7-13) :
“Sors de cet (te) enfant, esprit impur, et cède la place à l’Esprit Saint Paraclet ».
L’esprit immonde, impur, malin doit céder la place à l’Esprit Saint. Au jour de la Confirmation, l’Evêque dira qui est ce Saint-Esprit opposé à l’esprit impur : « Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de Science et de piété (cf. Isaïe XI, 2, lecture du vendredi des quatre-temps d’hiver).
L’esprit impur est au contraire, un esprit d’illusion et de superficialité, esprit de mensonge et de lâcheté, esprit d’erreur et de révolte (cf. st Paul au Ephésiens XIII, 21 sqq. Epître de la messe votive pour l’unité des chrétiens).
L’Esprit Saint est la source de la crainte de Dieu (respect fait d’amour confiant) ; l’esprit impur est la source de la peur (cf. Genèse III ; 9 : Adam se cache après la faute et répond à Dieu « Je vous ai entendu dans le jardin et j’ai pris peur »). La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse (Psaume 110, 6, vêpres du dimanche), mais la peur de Dieu et de soi-même est la semence de la violence. La crainte de Dieu (cf. Livre de la Sagesse XV, 1 – 6 : lecture de la messe de st Jean, 27 décembre) permet l’estime humble et juste de soi-même, l’amour de Dieu et du prochain. La peur, en revanche, ne permet pas de connaître la charité de Dieu, ni l’amour de soi, ni la charité bienveillante envers le prochain (st Paul au Galates ; épître du 15ème dimanche après la Pentecôte).
Rappelez-vous ce moment de la Veillée de Pâques où le prêtre souffle trois fois sur l’eau baptismale qui va servir à faire renaître de l’eau et de l’Esprit Saint ceux qui vont recevoir le saint baptême. Nous sommes appelés à laisser le Saint-Esprit souffler dans notre vie quotidienne ; ses inspirations, docilement écoutées, éviteront à notre vie spirituelle de manquer de souffle et de rester en panne.
« N’ayez pas peur » furent les paroles du Christ ressuscité aux Apôtres ; ce furent aussi les premières paroles que nous adressa notre Pape glorieusement régnant, Jean-Paul II, aussitôt après son élection par le Saint Esprit en 1978.
N’ayons pas peur : par le baptême l’esprit impur a cédé la place à l’Esprit Saint Paraclet ; Il sait, en Seigneur, nous consoler, nous conseiller et nous donner la vie.