L’EGLISE ET LA VIE

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L’Église a une doctrine bien élaborée concernant la morale naturelle, la protection de la vie et de la famille. Vivre selon la morale naturelle revient à respecter la loi naturelle qui est « écrite et gravée dans le cœur de tous et chacun parce qu’elle est la raison humaine ordonnant de bien faire et interdisant de pêcher » (Léon XIII, Libertas preastantissimum).
La morale naturelle repose sur l’amour d’autrui et le don de soi. Nous étudierons de façon plus précise le commandement « tu ne tueras pas » qui, à la lumière de la Révélation, explique la morale naturelle relative à la Vie.

Les principes fondamentaux de la morale naturelle selon l’Église seront exposés avant de mettre en valeur le rôle de la famille, «sanctuaire de la vie » et de citer pour finir quelques éléments concrets de la morale naturelle dans nos univers quotidiens.



PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA MORALE CHRETIENNE

Pour l’Église, la morale en accord avec la nature crée et voulue par Dieu a son expression la plus achevée dans les prescriptions du Décalogue. Ces principes moraux valent toujours et en toutes circonstances.

  • « la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant » (Saint Irénée)
    L’homme, créé par Dieu, entretient un rapport privilégié avec Lui. Par rapport aux autres créatures, l’homme occupe une place particulière puisqu’il est « à son image ». C’est ce qui fonde sa dignité. Il est aussi, animé d’une volonté libre, doté d’une intelligence qui lui permet de discerner entre le bien et le mal. La liberté est toujours responsable et s’épanouit dans l’amour. Dans le récit de la Création, il revient à l’homme de faire fructifier la terre, d’en garantir l’équilibre. Son pouvoir n’est pas absolu et par l’interdiction de manger du fruit de l’arbre, Dieu pose les limites des prérogatives humaines. Sans cesse, l’homme doit se rappeler que s’il est le trésor de l’œuvre divine, il doit tout à son Créateur.
  • à propos du mot commandement.
    L’interdiction de goûter à la pomme était un conseil bienfaisant de Dieu. De fait, réduire la morale naturelle à ce qui est permis ou ne l’est pas est une compréhension erronée du projet divin. Le commandement de Dieu est indissociable de l’amour de Dieu, et si l’homme est sujet de droits, il l’est aussi de devoirs. Autrement dit, et pour citer le grand saint Augustin, « la première liberté, c’est de ne pas commettre de crimes comme l’homicide, l’adultère, la fornication, le vol, la tromperie ou le sacrilège ». Plus encore, on peut résumer les dix commandements par le seul commandement positif de l’amour du prochain. Comment l’adultère, le meurtre, et le reste sont-ils possibles quand la charité est là ? Ce commandement s’incarne dans la protection du plus faible que ce soit le nouveau-né le malade ou l’étranger pour aller jusqu’à l’amour de l’ennemi.
    Cela revient à considérer l’autre, non pas en fonction de sa force, de ses intérêts, de sa beauté, de son intelligence, mais à voir en lui l’image de Dieu. Porter sur chacun le regard du Christ un « regard contemplatif» car chaque être est un prodige, sujet d’émerveillement. L’handicapé, l’orphelin ou la personne âgée doivent être source d’autant d’émerveillement de la part de ceux qui les entourent. Saint Paul le disait ainsi : « la charité est la loi dans sa plénitude ».
  • morale naturelle et protection de la vie « tu ne tueras pas ».
    A la question du jeune homme riche sur la vie éternelle, Jésus répond : « si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Matthieu 19-16) et le premier d’entre eux qu’il cite est :« tu ne tueras pas » car la vie est un don de Dieu et lui seul en est le maître. Il en résulte le caractère inviolable de la vie que chacun doit s’employer à promouvoir et à défendre. Dans son encyclique Evangelium Vitae, Jean-Paul II illustre par l’épisode de Caïn et Abel la responsabilité de chacun vis-à-vis de la vie de son frère : « le Seigneur dit à Caïn : « où est ton frère Abel ? » Il répondit: « je ne sais pas, suis-je le gardien de mon frère ? » ». Ainsi face à l’individualisme qui caractérise nos sociétés, l’Église oppose le sens du service de l’autre et face à la perte des responsabilités l’Église redonne à l’homme le sens de la grandeur de ses actes. Elle nous invite à surmonter la logique du mal qui est en nous, par le secours de la grâce. Enfin, proclamer la vie,
    c’est proclamer Jésus, « Verbe de vie ».

    Afin de défendre la vie et de la promouvoir, le rôle de la famille est essentiel.



LA FAMILLE, «SANCTUAIRE DE LA V I E ».

En tant que cellule de base de la société, la famille est un élément fondamental de la «culture de vie».

  • foyer d’amour
    L’amour conjugal scellé par le sacrement de mariage est aussi une émanation de l’amour divin. Le sacrement de mariage, qui fortifie les époux, les marques de l’esprit du Christ. De même que Jésus a aimé l’Église et s’est livré pour elle, de même, les époux doivent se donner l’un à l’autre. Le trésor de l’amour conjugal doit être préservé et entretenu par une fidélité absolue, un esprit de chasteté et de sacrifice sans réserve. Comment ne pas citer pour l’illustrer la célèbre citation de sainte Thérèse de Lisieux : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même ». Pour les époux, l’amour conjugal doit être un moyen de sanctification mutuel et de perfection personnelle. Malheureusement, on oublie trop souvent d’évoquer nos saints mariés : saint Louis, le général de Sonis ou encore M. et Mme Martin, les parents de sainte Thérèse. Après la fidélité, la fécondité est certainement le second pilier du mariage. Paul VI, dans Gaudium et Spes, l’explique de la sorte : « Les enfants sont le don le plus excellent du mariage et ils contribuent grandement au bien des parents eux-mêmes. » Ils en sont le couronnement. Plus loin, Paul VI continue : « Dans leur manière d’agir, que les époux sachent bien qu’ils ne peuvent pas se conduire à leur guise, mais qu’ils ont l’obligation de toujours suivre leur conscience, une conscience qui doit se conformer à la loi divine ; et qu’ils demeurent dociles au magistère de l’Eglise, interprète autorisé de cette loi à la lumière de l’Évangile. Cette loi divine manifeste la pleine signification de l’amour conjugal, elle le protège et le conduit à son achèvement vraiment humain. »
  • la famille attaquée.
    Lieu d’accueil de la vie, de sa conception jusqu’à son extinction, la famille se voit largement affaiblie par le biais de lois iniques (loi sur l’avortement, l’euthanasie, l’embryon…), et ses valeurs de fidélité ou de chasteté aussi. Face à toutes ces attaques, l’Église apporte des
    réponses sans faille. Elle n’ignore pas les difficultés rencontrées par les époux dans leur intimité conjugale lorsqu’il leur est matériellement impossible d’élever d’autres enfants. Condamnant le recours aux formes malhonnêtes de contraception (pilule, préservatif, stérilisation…), elle encourage le recours à la régulation naturelle des naissances. De plus, au nom du statut de l’embryon, qui doit être considérer comme un être humain, elle ne peut tolérer toutes les manipulations génétiques dont les conséquences, avouées ou non, sont immorales du point de vue naturel. Par rapport à l’avortement, le pape Jean-Paul II déclare que «l’avortement direct, c’est-à-dire voulu comme fin ou comme moyen, constitue toujours un désordre moral grave en tant que meurtre délibéré d’un être humain innocent. Cette doctrine est fondée sur la loi naturelle et sur la Parole écrite de Dieu. » (Evangelium vitae, 62). L’euthanasie est caractérisée de la même façon, définie comme «une action ou une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer toute douleur» (E.V 65). Tous ces crimes portent atteinte à la morale naturelle la plus simple, par un renversement des valeurs : l’homme, tel Prométhée, se prend pour Dieu et en arrive à asservir d’autres hommes, à les affaiblir, à les tuer. Dans un tel contexte, la famille doit transmettre le sens chrétien de la souffrance et de la mort.
  • le rôle éducateur de la famille.
    Les parents chrétiens, par leur vie, sont en mesure de donner à leurs enfants les grands principes de la morale naturelle chrétienne. Ainsi, concernant la souffrance, elle est en effet un mal en elle-même, une épreuve, elle peut toujours être transformée en source de bien. Les plus grandes souffrances sont aussi les plus grands bonheurs car occasions de fusion intime avec le sacrifice du Christ sur la croix: «je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son corps qui est l’Eglise » dit l’Apôtre (Col 1,24). Quant à la mort, le chrétien doit la considérer comme un passage vers la vie éternelle, il vit dans cette espérance de la résurrection de la chair et dans la certitude du salut.
    Accepter la souffrance ou la mort, c’est encore une fois se laisser guider, en toute humilité par la main miséricordieuse de Dieu.

    La morale n’en demeure pas au niveau des principes. Elle régit les actions elles-mêmes.



PROCLAMER L’ÉVANGILE DE LA VIE.

La morale est active. Pour le chrétien, il s’agit d’annoncer la bonne nouvelle face à la « cultore de mort».

  • convertir les esprits.
    Alors que partout triomphent un individualisme forcené, un hédonisme dépravant et un libéralisme asservissant, le chrétien doit témoigner, annoncer le Dieu vivant, ce Dieu d’amour mort sur la croix pour le salut du monde. Auprès de celui qui doute, qui erre, qui pèche, chacun doit être une lumière, une espérance, et doit faire siennes ces paroles de mère Thérésa : » La vie est une chance, saisis-la ; la vie est beauté, admire-la ; la vie est béatitude, savoure-la ; la vie est un rêve, fais-en une réalité ; la vie est un défi, fais-lui face ; la vie est un devoir, accomplis-le ; la vie est un jeu, joue-le ; la vie est précieuse, prends-en soin… ».
    Rétablir la loi naturelle et respecter la morale naturelle devient impératif pour l’homme car seules ces lois lui permettent d’atteindre la Vérité. En particulier, réaffirmer la dignité de la personne humaine (et faire du corps un « ostensoir du cœur»), le caractère inviolable de la Vie, la beauté du mariage et de la famille (éduquer à une procréation responsable, à une sexualité vraie), la richesse de la vieillesse (permettant de recréer le lien entre les générations, d’aller à la découverte de ces rocs de sagesse, de ces puits de sciences que sont les aînés).
  • tous sont concernés.
    Que ce soient les parents, les éducateurs, les enseignants, les théologiens ou les hommes politiques, tous à leur échelle ont une influence prépondérante dans la formation des consciences morales. Une grande stratégie doit être engagée au service de la Vie, sous diverses formes. Le pape Jean-Paul II, dans son homélie pour la béatification d’Isidore Bajanka, en 1994, félicitait l’héroïsme des mères de famille, de « toutes les mères courageuses qui se consacrent sans réserve à leur famille, qui souffrent en donnant la vie à leurs enfants, et sont ensuite prêtes à supporter toutes les fatigues, à affronter tous les sacrifices pour leur transmettre ce qu’elles possèdent de meilleur en elles ». Cette stratégie s’adresse à tous, elle doit être dirigée non seulement vers les communautés chrétiennes mais aussi vers les non-croyants et soutenue par un grand élan commun de prières.
  • Préférer la loi divine à la loi civile.
    Ce travail de formation des consciences est rendu plus difficile dans une société qui promulgue des lois en contradiction avec la loi naturelle et divine. Car dans une société chrétienne, les lois civiles doivent être le relais de la loi divine, et dans une société qui ne l’est pas, les lois civiles doivent au moins être en adéquation avec la loi naturelle. Pour respecter l’ordre naturel le plus élémentaire, il appartient aux gouvernants de protéger l’être humain (qu’il soit petit ou grand, handicapé ou non, jeune ou vieux…), de créer des conditions économiques et politiques favorables à la famille. Quand ce n’est pas le cas, il incombe au chrétien le devoir de résister, et dans l’exemple de la protection de la vie, le personnel de santé a le devoir d’objection de conscience.
    La doctrine de l’Église relative à la morale naturelle apporte des réponses précises quant à la protection de la vie et à l’épanouissement de la famille. Elle fait du droit à la vie « le droit sur lequel se fondent tous les autres droits inaliénables de l’être humain ». Elle replace la morale dans le cadre de la loi divine, et le mystère de la vie de l’homme dans celui de la vie de Dieu. Par son action rédemptrice, Dieu a redonné à l’homme toute sa grandeur et toute la beauté de sa vocation.
    Enfin, l’Église invite tous les hommes de bonne volonté à proclamer la culture de Vie avec courage.


    CENTRE DE FORMATION à L’ACTION CIVIQUE ET CULTURELLE
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