LE ROSAIRE L’Evangile « selon sainte Marie »

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Le Rosaire, tel un pèlerinage, est un itinéraire, un surnaturel cheminement… Commençant dans la blanche aurore de T Incarnation, il traverse les clartés de la divine enfance du seigneur Jésus ; puis il nous mène, de mystère en mystère, empruntant la voie royale de la Croix empourprée du sang Rédempteur, jusqu’à la « lumière de gloire », éternelle cathédrale du Ciel où le Christ et sa Mère nous précèdent.
Oui ! Il nous est doux, en même temps qu’utile et salutaire, de nous appliquer à toujours connaître et goûter ce don du Ciel qu’est le Très Saint Rosaire.
Le Rosaire, c’est le cheminement de l’âme priante dans l’ineffable Réalité – le « mystère »- de Jésus-Christ ; mais c’est encore -et davantage peut-être – la pénétration agissante autant que discrète de ce mystère dans l’âme qui s’y adonne.
Le retour régulier des vérités et des faits à contempler, l’aimante répétition du Pater, de l‘Ave Maria et du Gloria Patri, tout ce bel ensemble suscite dans l’âme la présence transformante du Verbe de Dieu, avec toute la richesse de Son mystère d’incarnation d’enseignement, de souffrance, de mort au péché et enfin de glorification.
La toute-sainte Mère de Dieu y est associée d’une manière unique et incomparable, Collaboratrice voulue de Dieu pour chacune de ces phases qui se succèdent et se compénètrent : « Une Foi entretenue (par le Rosaire), entre dans l’intimité de Marie, on le voit bien par la répétition des prières vocales et surtout par la contemplation intérieure des mystères. En effet, toutes les fois que nous récitons comme il faut notre chapelet, prosterné aux pieds de Marie, nous faisons revivre, en la rappelant, l’œuvre admirable de notre salut. Comme si les faits se passaient devant nos yeux, nous voyons se dérouler ces événements dont la suite
et le résultat ont fait à la fois, de Marie, la Mère de Dieu et notre Mère. La grandeur de cette double dignité et le fruit de double ministère apparaît sous une vive lumière à celui qui considère Marie s’unissant pieusement, dans les mystères aux joies, aux douleurs et aux gloires de Son Fils.
(Léon XIII, encyclique Adjutricem populi du 5 septembre 1895).
Les mystères joyeux, douloureux et glorieux, en vertu de leur enchaînement progressif -et si heureusement pédagogique- qui les éclaire les uns par les autres, nous offrent une présentation du contenu de la Foi logiquement ordonnée. Ainsi mettent-ils en évidence e: en valeur l’harmonie très convaincante des divers éléments qui composent notre doctrine catholique.
Le Rosaire est donc catéchèse ; mais il est surtout contemplation.
Il est, en quelque sorte, le regard même de l’Immaculée se prêtant à notre âme, afin de scruter l’inépuisable Réalité de Jésus-Christ, Dieu fait l’homme, l’unique sauveur.
Le Rosaire est sanctifiant, parce qu’ouvrant notre âme à l’action du Saint-Esprit, il la fait s’unir effectivement au Christ qui, avec Son Père, veut « faire en nous sa demeure ». Telle fut la merveille qu’accomplit, dans la personne de la Sainte Vierge, le premier Ave Maria, prononcé par l’archange Gabriel. Quoique selon un mode bien différent et toutes proportions gardées tel est en nous aussi le fruit surnaturel du Rosaire : Jésus venant pour y vivre sa relation filiale au Père, dans l’unité du Saint-Esprit.
« Quiconque a le goût de la prière peut…, par jeu naturel des facultés de l’esprit et des sentiments, passer de l’un à l’autre et n’a plus qu’à recueillir la rosée des grâces célestes que verse généreusement Marie ». (Léon XIII, ibidem).
Le Rosaire, c’est « la Bonne Nouvelle du Salut » -c’est-à-dire l’Evangile- accueillie, reçue, comprise, acceptée, vécue et intériorisée pour nous par la Vierge Immaculée, Reine des Apôtres et des Evangélistes.
C’est pourquoi, au cours des siècles, il s’est montré, dans I ‘apostolat et l’évangélisation des peuples (S. Dominique, S. Louis-Marie Grignon de Montfort, Bx Alain de la Roche…), dans la lutte contre les hérésies et la protection des royaumes chrétiens (lutte contre l’hérésie cathare, batailles de Lépante, de Vienne…), une arme pacifique et efficace, un instrument puissant.
Le Rosaire : ne pourrait-on dire de lui qu’il est, en quelque manière, l’Evangile « selon sainte Marie » ?

Père Wladimir-Marie de Saint-Jean
Institut de l’Opus Mariae

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