I. UN PERE SPIRITUEL POUR NOUS AIDER A GOUVERNER NOTRE VIE
Gouverner sa vie n’est pas chose aisée et les réponses aux questions que celle-ci nous pose, ne nous paraissent pas toujours évidentes. Au-delà même du discernement entre le Bien et le Mal, il s’agit parfois de choisir le meilleur bien, dans les circonstances de la vie conjugale, familiale, professionnelle, sociale, le meilleur chemin pour progresser dans l’amour de Dieu et du prochain. L’histoire des saints, dûment reconnus comme tels par l’Église, montre qu’ils ont
bénéficié des services d’un père spirituel.
II. LE CHOIX DU PERE SPIRITUEL EST DELICAT
Dans certains cas, c’est le Ciel, lui-même, qui a fait savoir à tel ou telle qu’Il lui ferait rencontrer en temps utile le guide adéquat. Le terme adéquat a son importance, car chaque âme est unique, comme chaque père spirituel l’est également, ce qui explique la nécessité d’une compréhension humaine mutuelle des deux sujets. L’expérience montre, en tout cas, que beaucoup ressentent un bienfait spirituel d’un tel accompagnement.
III. DIVERS TYPES D’ACCOMPAGNEMENT
L’accompagnement spirituel peut prendre des formes diverses, certains ressentent le besoin d’être dirigés, d’autres d’être guidés, d’autres d’être conseillés. Toutefois il y a des caractéristiques communes à ceux qui ont le charisme de l’accompagnement en question, et la plus importante est une saine humilité, car le père spirituel n’est qu’un médiateur et c’est le Saint-Esprit qui opère. L’esprit de service et une vie de prière fervente lui sont donc indispensables pour faire du bien à ceux qui se confient à lui. Quant aux qualités humaines nécessaires, on peut citer : une bienveillance sans faiblesse, une rigueur intellectuelle sans rigidité, une fermeté sans dureté, une douceur sans complaisance. Tel prêtre, qui est un « lion » en chaire, peut se montrer sous un jour très différent dans cette mission.
IV. DISTINGUER EXERCICE DE L’AUTORITE ET DIRECTION SPIRITUELLE
Dans tous les cas, il faut que s’instaure un climat de confiance réciproque, car celui qui est guidé livre au guide les éléments clés de sa vie intérieure, son for interne selon la formule consacrée ; mais le guide n’a pas à vérifier si le « guidé » est, dans sa vie, en cohérence au for externe avec ce qu’il dit de lui. La confidentialité absolue est évidemment requise, ce qui est une règle familière aux prêtres, habitués à garder le secret de la confession. On peut également penser qu’une religieuse cloîtrée, à condition d’avoir été formée à ce rôle et d’en avoir le charisme, peut légitimement accompagner avec fruit des fidèles. Même avis pour des moines, qui ont souvent joué ce rôle dans l’histoire de l’Église. Pour ma part, je suis beaucoup plus réservé sur le fait que cette mission puisse être remplie en dehors de ces cas. Je pense que beaucoup de difficultés, survenues dans les communautés nouvelles, nées depuis une quarantaine d’années, ont été dues au « mélange » for interne-for externe et à la confusion entre l’exercice de l’autorité et la direction spirituelle.
V. DISTINGUER DOMAINE PSYCHOLOGIQUE ET DOMAINE SPIRITUEL
Il existe en outre un autre danger, à l’intérieur même de l’accompagnement spirituel, c’est la confusion entre le domaine psychologique et le domaine spirituel. Une bonne distinction :
Dans la demande faite aux accompagnateurs potentiels intervient souvent en fait un besoin d’aide lié à psychisme perturbé par les évènements de la vie de la personne. Remettre de l’ordre à ce niveau peut être un préalable indispensable à un accompagnement spirituel fructueux, mais ce n’est pas de la compétence d’un guide spirituel.
En revanche, sa formation doit lui permettre de déceler les difficultés psychologiques
pour éclairer le fidèle et lui conseiller de rencontrer, dans un autre cadre, une personne compétente et …chrétienne.
De fait, l’être humain est complexe, son psychisme est à l’interface de ce qui vient « d’en haut », l’esprit fait à l’image de Dieu, et de ce qui vient « d’en bas», les émotions et pulsions sans oublier l’imaginaire, domaine où l’esprit du mal est dans son élément pour semer le trouble. L’écheveau n’est pas toujours facile à démêler et, sans la grâce de Dieu et le merveilleux don de conseil, c’est même mission impossible.
Extrait d’un article paru dans « L’Homme nouveau », n°1508, du 31 décembre 2011, du Père Yannik Bonnet.
(Avec l’autorisation de l’auteur et du journal « l’Homme Nouveau ». Les sous-titres sont de NotreDame de Chrétienté)
Polytechnicien, ancien chef d’entreprise, père de famille nombreuse, Yannik Bonnet, veuf depuis 1995 a été ordonné prêtre en 1999. Spécialiste reconnu dans les questions d’éducation, conférencier très apprécié et auteur de livres à succès, le Père Bonnet après avoir été recteur du Sanctuaire Saint Joseph d’Espaly (banlieue du Puy en Velay), consacre aujourd’hui l’essentiel de son temps à la formation des cadres et des familles.
Vous pouvez consulter sa chronique dans « l’Homme Nouveau », ainsi que son blog.