La nation, famille de familles (méditation 12)

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Chers pèlerins,

Selon les décrets insondables de sa Providence, Dieu a voulu que chacun de nous naisse d’une famille particulière et, ce faisant, il a permis que ce soit au sein d’une nation déterminée. « La famille est organiquement unie à la nation et la nation à la famille », Jean-Paul II, « Lettre aux familles », § 17, 2 février 1994. Ce lien est directement voulu par Dieu ; il appartient à la nature même de l’homme.

1. Famille et nation doivent nous aider à faire notre salut

Or, selon ce que nous enseigne l’Église, nous ne connaissons point d’autres volontés de la Providence que les dispositions par lesquelles Dieu nous « conduit avec sagesse et amour », jusqu’à notre « fin ultime », avec notre libre coopération (« Catéchisme de l’Église Catholique », § 321 & § 323). Ainsi, notre famille et notre patrie, parce qu’elles procèdent ensemble de la divine Providence, sont des moyens que Dieu a mis à notre disposition, pour nous aider dans la seule grande entreprise qui vaille : notre salut. Selon saint Paul, notre salut est la volonté expresse de Dieu et la plus manifeste : « Dieu, notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » (I Timothée, II 4).

Dans sa « Somme Théologique« , Saint Thomas rappelle que l’homme est redevable à ses parents et à sa patrie. Voici ce qu’il en dit : « L’homme est constitué débiteur, à des titres différents, vis-à-vis d’autres personnes, selon les différents degrés de perfection qu’elles possèdent et les bienfaits différents qu’il en a reçus. À ce double point de vue, Dieu occupe la toute première place, puisqu’Il est absolument parfait et qu’Il est par rapport à nous le premier principe d’être et de gouvernement. Mais ce titre convient aussi, secondairement, à nos parents et à notre patrie, desquels et dans laquelle nous avons reçu la vie et l’éducation. Et donc, après Dieu, l’homme est surtout redevable à ses parents et à sa patrie. En conséquence, de même qu’il appartient à la religion de rendre un culte à Dieu, de même, à un degré inférieur, il appartient à la piété de rendre un culte aux parents et à la patrie. D’ailleurs, le culte des parents s’étend à tous ceux du même sang, c’est-à-dire qui ont les mêmes parents ; le culte de la patrie s’entend des compatriotes et des alliés. C’est donc à ceux-là
que s’adresse principalement la piété
» (IIa IIae, quaestio 101, art. 14).
Puisque Dieu a voulu que la vie naturelle et la vie surnaturelle naissent et grandissent ordinairement dans la famille, la nation doit d’abord exister comme la protectrice des familles. C’est en ce sens que la nation est « une famille de familles ».

    2. En révolte contre Dieu, la nation, oppressive ou permissive, vise à détruire la famille

    La nation oppressive

    Si chaque homme est atteint par le péché originel, chaque société humaine ne manquera pas de l’être aussi, la nation comme toutes les autres. Il n’est pas sans exemple qu’une nation veuille s’affranchir de Dieu ou, pour mieux dire, veuille devenir soi-même un autre dieu. Les chefs qu’alors elle a choisis ou acceptés, niant l’idée de Dieu ou l’instrumentalisant, se prétendent comme le seul absolu raisonnable ; puisqu’ils sont censés avoir les clefs de l’avenir, ils peuvent souverainement décider ce qui est bien et ce qui est mal, en dehors de la loi naturelle.

    L’État qui s’est alors engagé dans la guerre infernale menée contre l’avènement du règne de Dieu, s’attaquera immanquablement à la famille, parce qu’elle est l’incontestable volonté de Dieu : « Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant ; et les enfants se dresseront contre les parents et les mettront à mort, et vous serez haïs de tous à cause de mon Nom » (Matthieu, X 21-22).

    La nation permissive

    Or, prenons bien garde : le diable peut diviser son royaume contre lui-même, puisque sa perte inéluctable est déjà consommée. Ainsi la nation permissive, bien qu’elle soit l’exact contraire de la nation oppressive, n’en poursuit pas moins le même but : la révolte contre Dieu qui a consacré la famille « comme voie première et ordinaire de sa rencontre avec l’humanité » (Benoît XVI, Angélus du 31 décembre 2006). Elle aussi, mieux encore que l’autre, s’ingénie à détruire la famille, réputant chaque coup qu’elle lui donne, comme une incontestable victoire de la liberté et des droits humains sur l’obscurantisme.
    C’est ce qu’observe le Pape Benoît XVI, quand il nous dit : « Nous devons constater, spécialement en Europe, que se répand une sécularisation qui porte à la marginalisation de Dieu dans la vie et à une croissante désagrégation de la famille. On absolutise une liberté sans engagement pour la vérité, et on entretient comme idéal le bien-être individuel à travers la consommation des biens matériels et des expériences éphémères, négligeant la qualité des relations avec les personnes et les valeurs humaines plus profondes ; on réduit l’amour à une émotion sentimentale et à une satisfaction de pulsions instinctives, sans s’engager à construire des liens durables d’appartenance réciproque et sans ouverture à la vie. Nous sommes appelés à contester une telle mentalité ».

      * * *

        Chers pèlerins,

        À bien considérer l’enchevêtrement d’ambitions, d’inconsciences et de malheurs que fut le dernier siècle, chacun peut comprendre qu’une nation qui ne se regarde plus comme une « famille de familles », est atteinte d’un mal inexorable qui, tôt ou tard, l’anéantira. C’est la raison pour laquelle, dans la dizaine de chapelet que nous allons réciter, nous implorerons Sainte Jeanne d’Arc, la Sainte de la patrie, d’aider la France à redevenir fidèle aux promesses de son baptême.

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