(Monologue de l’Ange du désert)
Je viens chanter, de la sainte Famille,
L’éclat divin qui m’attire en ces lieux ;
Dans le désert, cette étoile qui brille
Me charme plus que la gloire des cieux.
Ah ! qui pourra comprendre ce mystère :
Parmi les siens, Jésus est rejeté !
Il est errant, voyageur sur la terre,
Et nul ne sait découvrir sa beauté.
Mais, si les grands redoutent votre empire,
O Roi du ciel, Astre mystérieux !
Depuis longtemps plus d’un cœur vous désire,
C’est vous l’espoir de tous les malheureux.
Verbe éternel, ô Sagesse profonde !
Vous répandez vos ineffables dons
Sur les petits, les faibles de ce monde ;
Et dans le ciel vous écrivez leurs noms.
Si vous donnez la sagesse en partage
A l’ignorant, s’il est humble de cœur,
C’est que toute âme est faite à votre image.
Vous appelez, vous sauvez le pécheur !
Un jour viendra qu’en la même prairie,
L’agneau paîtra doucement près du lion;
Et le désert, votre unique patrie,
Plus d’une fois entendra votre Nom. (…)
O monde ingrat, déjà ton règne expire ;
Ne vois-tu pas que ce petit Enfant
Cueille joyeux la palme du martyre,
La rose d’or, le lis éblouissant ?
Ne vois-tu pas que ses vierges fidèles
Tiennent en main la lampe de l’amour ?
Ne vois-tu pas les portes éternelles,
Qui, pour les saints, doivent s’ouvrir un jour ?
Heureux instants, ô bonheur sans mélange,
Quand les élus, paraissant glorieux,
De leur amour recevront en échange
L’éternité pour aimer dans les cieux !
Après l’exil, plus jamais de souffrance,
Mais le repos du céleste séjour ;
Après l’exil, plus de foi, d’espérance,
Rien que la paix, l’extase de l’amour !
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus