LA DEFENSE DE LA VIE - Jean Marie Le Méné
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Merci chers amis de votre invitation, nous allons quitter les hauteurs auxquelles les précédents conférenciers nous ont conviés, mais peut-être pas complètement. Je vous invite à faire une sorte de vol parabolique très rapide parce que nous n’avons pas beaucoup de temps. Nous allons prendre un petit peu de hauteur et puis on va rester en apesanteur très peu de temps, on va redescendre sur terre. J’espère que dans ces quelques minutes d’apesanteur je vais pouvoir vous apporter quelques moments d’espérance, car c'est bien là l'essentiel de mon propos aujourd'hui. Je vous invite, aussi, à une petite recension parabolique.
Je voudrais commencer par une parabole. C’est une parabole qui n'est pas une parabole Évangile, vous allez le voir, mais j’ai l’habitude de commencer par cette histoire parce qu'elle permet de planter le décor et de comprendre beaucoup de choses. Je demande pardon à ceux qui l’ont déjà entendue mille fois parce que pense l’avoir racontée par loin de mille fois. . Il était une fois un roi qui souffrait d'une terrible maladie et les médecins décidèrent que pour le guérir, il faudrait lui faire une greffe à partir d'un autre être humain qui serait compatible. Alors le soldat envoyait ses soldats battre la campagne pour aller à la recherche de cet être humain susceptible de le guérir. Et les soldats, après bien des recherches, finirent par mettre la main sur un jeune garçon qui vivait à la campagne avec ses parents. Et après avoir donné de l'argent à ses parents, ils ramenèrent cet enfant à la cour du roi. Là, à la cour du roi, le juge décréta qu’il était permis de faire couler le sang d’un sujet innocent dès alors qu'il s'agissait de rendre la santé au roi. Et au moment où le bourreau s’apprêtait à exécuter la sentence capitale, le jeune garçon tourna son visage vers le ciel et se mit à rire. Stupéfait, le roi lui demanda quelle était la raison de son allégresse en ce moment si tragique. Et l'enfants répondit ceci : « le devoir des parents est de protéger leurs enfants, le devoir du juge est de rendre la justice et le devoir du roi est de défendre ses sujets. Mais moi, mes parents m’ont voué à la mort, le juge m’a condamné et le roi y trouve son intérêt. Je ne cherche plus de refuge qu’en Dieu. »
A ces paroles, le roi fut extrêmement ému. Il se mit à fondre en larmes et il s'écria : « ma mort est préférable au sang d’un innocent ». Et il embrassa l'enfant, le couvrit de grands biens et il lui rendit la liberté. Et l'histoire raconte que dans la même semaine, le roi retrouva la santé. Cette histoire n’est pas une parabole évangélique, vous l’auriez reconnue. De manière un peu provocatrice, c’est une histoire qui date quand même du XIIIe siècle et qui est d’un poète persan qui s’appelle Sahadi et qui a écrit cette histoire que l’on trouve encore dans les livres dans les bonnes librairies, sous le nom du « jardin des roses ». Et je trouve qu’il n’y a pas d’histoire qui plante mieux le décor du combat pour la vie que nous sommes appelés à mener. En effet tous les éléments de combat pour la vie sont réunis. On y trouve ce péché contre l'esprit qui consiste à vouloir se prendre pour Dieu, « heritis sicud Dei », vous serez comme des Dieux. Cette quête de la jeunesse éternelle, de la santé perpétuelle du bien-être continu, cette espèce de mythe séculaire, multiséculaire, de vouloir manger le Petit Poucet pour devenir aussi fort que lui, le fait de donner des cellules d'un être très jeune à une personne très vieille qui va retrouver une fontaine de jouvence par ce moyen, toute cette mythologie de l’ogre et du Petit Poucet, on la vit complètement aujourd'hui avec le débat, en particulier, sur l'utilisation de l'embryon à des fins de recherches, l’embryon étant censé, grâce à ses fameuses cellules souches, nous guérir de tout. On est exactement dans cette quête du roi qui veut récupérer les yeux d’un enfant très jeune pour se les greffer et ainsi retrouver lui aussi une jeunesse éternelle. On y trouve aussi un péché contre l'intelligence à travers cette thématique de la transgression. Il est permis de faire couler le sang d’un sujet innocent dès lors qu'il s'agit de rendre la santé au roi. C’est exactement le discours que l'on nous tient, lorsque l’on nous dit que la loi permet un certain nombre de transgressions et que par conséquent puisque c’est permis nous n’avons qu’à nous incliner et la conscience individuelle n’a plus qu'à s'effacer. Cette absence de distinction entre ce qui est légal et ce qui est moral, qui a été opportunément rappelé par un certain nombre d’évêques il y a 1 an en disant : « Attention, ce qui est légal n’est pas forcément moral, » cette éclipse de la raison est tout à fait actuelle aujourd'hui. Vous me direz : oui mais il n’y a plus de roi, alors cela ne se passe plus comme çà maintenant. Je regrette, vous avez en ce moment 60 millions de rois qui regardent leur télévision et qui seront capables d’exiger demain - après avoir ingéré les programmes indigestes du Téléthon - d’exiger demain qu’on leur donne l'embryon pour les guérir de tout. Cà, c’est encore pire que d’avoir un roi qui demande à bénéficier de la greffe d’un petit enfant. Car aujourd'hui l’opinion publique, elle est dans cette quête, dans cette exigence que la science se mette à disposition de l’opinion publique pour lui apporter satisfaction.
Puis vous avez ce troisième péché contre la charité qui est l'argent. L’argent qui permet tout, qui permet de tout acheter, qui, vous le voyez dans l'histoire du roi, permet d'acheter un enfant pour le guérir et qui aujourd'hui permet d'acheter des embryons et permet de s'affranchir naturellement du respect d'une norme morale quelle qu’elle soit. Nous vivons exactement ceci aujourd'hui et je voudrai dans les quelques minutes qui me restent vous montrer quelles sont les quelques lueurs d’espérance à travers des exemples extrêmement concrets et actuels. Vous savez que les choses bougent beaucoup en ce moment si vous avez regardé un petit peu la presse sur ces questions de bioéthique. Il est question de thérapie cellulaire, les choses évoluent énormément et je pense que le combat des chrétiens, des catholiques, celui de l’Eglise, n'y est pas totalement pour rien. Dans le domaine de la thérapie cellulaire, c'est-à-dire de l’utilisation de l’embryon à des fins de recherche, (pour être clair, pour être simple et pour aller directement au but parce qu’en vingt minutes, on n’a pas le temps d’aborder toutes les questions), c'est la thématique, c’est la requête d’un certain nombre de techno-scientifiques qui veulent récupérer l'embryon pour faire des recherches et nous guérir de tout et puis créer des embryons à cette fin par le moyen du clonage. Aujourd'hui, il y a une actualité qui est en train de remettre en cause cette requête depuis des années, de vouloir utiliser des embryons à des fins de recherche. Quelles sont les données du problème? On a découvert depuis assez peu de temps, quelques dizaines d'années, on a compris que les premières cellules de l'embryon qui forment l’embryon sont des cellules totipotentes. On le sait parce qu'elles peuvent tout faire. Au début, elles sont encore indifférenciées. Elles ont toute la mémoire possible pour construire l’être humain en développement. Et puis petit à petit, elles vont abandonner cette mémoire et se spécialiser pour finir par faire, de la peau, du muscle, ou de la muqueuse, ou que saisje encore. Mais au début, elles savent tout faire. Et c’est vrai que l'intuition géniale consiste à dire mais si on prend ces cellules et que l’on arrive à les mettre en culture, orienter leur différenciation dans un sens ou dans un autre pour faire de la peau ou pour faire du muscle ou pour faire de la muqueuse, c’est formidable. On va pouvoir régénérer des organismes malades et nous guérir. L’intuition est formidable et elle est juste. Le malheur c’est qu’on a dit : il y a des embryons qui sont congelés grâce à la procréation médicalement assistée dont les parents ne veulent plus qui sont condamnés à brève échéance ; par conséquent donnezles nous s’ils ne sont pas utilisés ou moins utilisables, donnez-les nous à la recherche et à la science et on va vous guérir de tout. C’est évidemment un mensonge car si ces cellules peuvent faire des quantités de choses, elles sont programmées pour développer un être humain et la grosse difficulté que nous voyons aujourd'hui, qui est réelle, qui est écrite, qui est maintenant dans la littérature ou dans la presse, c’est que ces cellules souches embryonnaires, dont certaines ont été réinjectées dans des organismes animaux, font du cancer parce que leur développement n'est pas contrôlable.
On ne peut pas contrôler leur développement. Ces cellules n’ont pas une vocation à la réparation. Elles ont une vocation au développement de l’embryon et donc quand elles sont parachutées dans un organisme inconnu pour elles, eh bien elle ne savent plus, elle ne connaissent plus leur feuille de route et elles se développent de façon anarchique. Elles font des tumeurs, elles font des cancers. Il est hors de question évidemment de les transférer dans un organisme humain, vivant, c'est impossible, si bien qu'aujourd'hui, ce que l’on nous a vendu au moment de la loi de bioéthique 2004 pour une nécessité absolue, incontournable, sans laquelle la médecine allait mourir, les patients aussi. L’utilisation de l’embryon à des fins de recherche qui a été acceptée dans la loi de 2004, on nous l'a imposée sous un pavillon de complaisance qui était la perspective thérapeutique en nous disant : il y a derrière cela des perspectives thérapeutiques qui vous permettront de guérir de tout. Ce pavillon de complaisance est tombé ces jours-ci. Les scientifiques sont obligés de le reconnaître. Ce pavillon est un pavillon de complaisance, il n'y a pas de perspectives thérapeutiques.
Pour l’utilisation de l’embryon à des fins de recherche, il y a peut-être des perspectives spéculatives pour essayer de comprendre le développement mais on ne détruit pas des embryons humains pour essayer de comprendre comment fonctionne le développement embryonnaire. On peut parfaitement faire ça chez l'animal ; chez les mammifères, c’est la même chose. Donc le pavillon de complaisance est tombé et la preuve scientifique qu’il y a d’autres moyens d’y arriver a été rapportée au cours des 15 derniers jours. Il y a en effet un savant japonais qui s’appelle Yamanaka qui a découvert, publié il y a 10 jours dans une revue scientifique extrêmement sérieuse, la découverte qui a été confirmée par un américain deux jours plus tard qui s’appelle James Thompson, qu’il était possible de prendre une cellule humaine, tout simplement, une cellule de peau, et grâce à l'injection de quatre gènes de développement lui faire retrouver son stade d’origine, son stade encore indifférencié, autrement dit lui faire retrouver toute sa mémoire et la faire retourner à son stade d’origine d’indifférenciation qui permettra ensuite d’en faire une sorte de cellule souche capable elle-même d’être réorientée dans un sens ou dans un autre. Cette découverte a été saluée comme étant une découverte majeure, comme la plus grande découverte depuis le clonage, depuis 1997 de la brebis Dolly. A telle enseigne que le professeur Ian Wilmut, qui avait procédé au clonage de la brebis Dolly en 1997 en Angleterre, a reconnu lui-même que dorénavant il n’était plus nécessaire d’avoir recours au clonage ni à l’utilisation de l'embryon pour obtenir des cellules souches et que cette découverte de Yamanaka était extrêmement prometteuse puisqu’on arriverait avec des cellules prélevées chez nous, notre peau, sans aucun dommage particulier, de la faire revenir à son stade d’origine, refaire une cellule souche capable après çà d’avoir une fonction réparatrice. Je rappelle que ce professeur Yamanaka a été invité il y a un an en 2006, en septembre 2006, à un congrès sur les cellules souches adultes organisé à Rome par l’académie pontificale pour la vie, par la fondation Jérôme Lejeune et par l'association internationale des médecins catholiques. Il y a un an, on ne parlait pas de Yamanaka et il y a un an, nous savions que Yamanaka était quelqu'un qui était en train de faire des recherches importantes. Nous avons, aussi à Rome, et j’étais invité aussi, invité des journalistes français du Monde, du Figaro, de Libération, de La Croix, qui ont découvert qu'il existait des perspectives thérapeutiques avec les cellules souches adultes alors qu'ils ne le savaient pas.
Et Dieu sait qu’ils sont tout de même des experts et tout de même censés être bien informés. Vous voyez que je combats cette vigilance et qu’elle est capable de porter ses fruits. D’autres preuves encore à ce même congrès sur les cellules souches adultes encore à Rome, il y avait deux médecins, le professeur Colin McGuckin et docteur Nico Forraz qui étaient parmi les pionniers, les meilleurs experts aujourd'hui de la thérapie cellulaire et des cellules souches issues de sang du cordon ombilical. Et nous sommes en train, et c’est un peu une première que je vous livre, nous sommes en train de développer avec eux un consortium de recherche internationale finançant les recherches sur les cellules souches issues du sang du cordon ombilical. C’est une perspective thérapeutique qui est déjà utilisée aujourd'hui, ce n’est pas demain que nous allons utiliser du sang de cordon, c’est déjà aujourd'hui qu’on les utilise. Il y a aujourd’hui 85 pathologies qui sont traitables par les cellules souches de sang de cordon. Et nous allons, aujourd'hui, avancer dans cette direction en partenariat avec l’équipe de New Castle et l’équipe du professeur Colin McGuckin et la fondation Jérôme Lejeune, une dizaine de laboratoires en Europe, également un aux ÉtatsUnis et un en Corée, pour faire avancer cette recherche et montrer que c'est la vérité qui va faire de l’ombre à l’erreur. Et que la meilleure manière de faire tomber l’erreur, c’est de promouvoir la vérité et de faire la lumière sur la vérité. C’est la vérité scientifique qui va faire de l’ombre à l’erreur. Et toutes ces recherches qui sont un dévoiement de la recherche, et qui conduisent à utiliser, à réifier, à chosifier, à matérialiser, à quantifier, à marchander l’être humain dans sa phase la plus jeune, ces recherches vont apparaître comme étant inutiles et déjà on sent aujourd’hui les premiers frémissements d’un changement de comportement à cette attitude. Donc, je vous demande d’être très attentifs à ceci, on en parlera dans les mois qui viennent, vous verrez, vous lirez cela. Sachez que ce consortium s’appelle « Novus Sanguis », sang neuf, sang nouveau et qu'il est porteur incontestablement de promesses qui sont déjà tenues et qui doivent encore être prolongées. Voilà une perspective qui est porteuse, qui est pleine d'espoir et qui montre que le progrès n’est pas synonyme de transgression. On nous a bassiné avec cette équation qui est peut-être amusante à développer sur le plan médiatique mais qui n’est absolument pas démontrée. Le progrès, progresser, avancer, trouver, découvrir ne signifient pas qu'il faut transgresser pour cela. Or c'est la chanson que l’on nous a chantée sur tous les tons et que l’on nous chante encore. Or elle est fausse. On peut parfaitement en respectant la dignité de la personne de sa conception à sa mort naturelle, on peut faire des progrès extraordinaires sans avoir besoin de transgresser. Je termine dans les quelques minutes qui me restent, car je dois respecter le délai qui m’est imparti pour vous répondre aussi.
Vous pouvez nous aider, il faut nous aider pour cela. Les chrétiens le peuvent, le doivent et d’ailleurs ils le font déjà. Il faut continuer à le faire car nous commençons à représenter avec ce type d’initiative, une force qui n’est pas négligeable et qui est déjà considérée dans les milieux scientifiques qui comptent. Et vous pouvez aussi nous aider d’autres manières, individuellement, personnellement. Vous pouvez aussi travailler dans ce sens, de la culture de vie. Je cite rapidement deux pistes :
- la première c’est d’avoir la charité du mot juste. C’est une charité, la charité du mot juste, c'est-à-dire d’être précis parce que vous comprenez, parce que vous avez cherché à comprendre, que vous êtes formés et que vous êtes capables d’en rendre compte de cette vérité. Ce n'est pas compliqué, et donc il faut savoir parler avec les mots justes. Je ne sais plus qui disait…- Je crois que c’est Camus qui disait - : « un mot impropre ajoute au malheur du monde ». L’utilisation d’un mot impropre ajoute au malheur du monde. Mais c’est vrai çà. Pensez, depuis 30 ans, on nous parle d'interruption volontaire de grossesse, on le sait çà. Dieu sait que cela a ajouté au malheur du monde. Parler de l’avortement , c’est beaucoup plus vrai sur la réalité de l’acte, sur la connotation morale de l’acte et sur la possibilité de la personne qui malheureusement y a eu recours, et de revenir en deçà de la ligne jaune qu’elle a transgressée. Quand on lui dit IVG, elle ne sait pas et on a maquillé la vérité et on n’a pas eu la charité du mot juste et on a ajouté au malheur du monde. Donc formez-vous. Et il y a pour çà, je suis désolé, mais je vends ma boutique, je suis un peu là aussi pour ça un site qui s’appelle genethique.org qui est un site d’informations qui est quotidien, qui est gratuit, (cela fait presque 10 ans que l’on fait une revue de presse tous les jours sur ces questions là), qui est diffusé à des dizaines de milliers d’exemplaires, qui fonctionne très bien, sur lesquelles vous pouvez vous former. C’est gratuit, à peu de frais mais il est nécessaire. Les chrétiens ont une exigence de se former sur ces questions là pour être capables justement d’avoir la charité du mot juste.
- Deuxième piste , c’est d’être aussi dans votre comportement, votre attitude quotidienne aussi, des témoins, des messagers de cette vérité. Nous avons dans nos vies d’hommes et de femmes laïcs, mariés ou appelés à donner la vie, une responsabilité à cet égard, à travers nos actes. Je sais que nous essayons de le faire, nous avons aussi des occasions d’en témoigner et de le dire. L’institut Jérôme jeune qui fournit une aide médicale et scientifique pour les familles qui donnent naissance à des enfants qui sont touchées par le handicap peut également être là pour vous aider, vous savez qu’il est là pour çà. Nous recevons beaucoup de patients en consultation et nous essayons d’aider en montrant que c’est une réalité qu’il faut être prêt à vivre mais qui n’est pas une réalité qui est insurmontable et qui peut- être vécue dans la joie et le bonheur familial. Sachez que le témoignage que vous rendez, c’est celui qui portera le plus de fruits . Vous savez, quelquefois j’entends des gens qui me disent : le jour enfin où on arrivera à prouver l’humanité de l’embryon on aura une formule et puis tous les autres seront collés au plafond et ne pourront rien dire. On sait que l’embryon est un membre de l’espèce humaine, on le sait depuis des milliers d’années. La preuve ne rajoute rien dans ce domaine là, la preuve tue même la foi. Ce n’est pas parce que l’on aura prouvé que l’embryon est un membre à part entière de l’espèce humaine que les choses vont changer. Lorsque les nazis ont tué les juifs, ils savaient que les juifs étaient des être humains. Je n’ai pas besoin d’apporter la preuve. La preuve n’apporte rien dans ce domaine là et on n’a pas à prouver ce qui est du domaine de l'observation. C’est une manoeuvre de rustres de nous obliger, nous, à prouver que l’embryon est un membre de l’espèce humaine. Il faut aller bien au-delà. On ne prouve pas la succession des saisons.
On la constate et ce n’est pas le pape non plus qui nous impose de croire en l'embryon. Attention les chrétiens, ne nous trompons pas. L’Eglise a la charité de nous rappeler à l’usage de la raison. Elle est la seule à le faire maintenant. Dans le pays des lumières, c’est quand même un peu formidable. Mais c’est l’embryon qui s’impose au pape, aux évêques, aux chercheurs, à nous, parce que le pape, la poussée d’Archimède s’impose à lui, la succession des saisons, s’impose à lui; et l’embryon, membre de l’espèce humaine, s’impose à lui, il n’y peut rien. Il dit simplement : « ouvrez vos yeux, regardez, respectez ». Il ne nous promet pas l’enfer, il nous dit : « vous aurez l’enfer dès ici-bas si déjà vous faites abstraction de votre propre raison et si vous considérez que l’embryon n’est rien. » N’oubliez pas de vous situer sur le bon terrain.
A quelques semaines de Noël, je ne peux pas oublier évidemment de vous dire à quel point pour les chrétiens, c’est important de considérer que nous sommes dans une démarche ou une action de respect de la vie, c’est Noël que nous célébrons. Nous avons en quelque sorte les clés de l’incarnation tous les jours, nous avons à faire en sorte que cette incarnation soit possible. Nous sommes un peu comme l’aubergiste qui, avec ses clés, a refusé l'entrée la Sainte Famille pour l’accouchement de la Sainte Vierge. Nous pouvons tous les jours grâce à nous, oui, au quotidien, rendre l'incarnation possible. Je suis toujours étonné de l’absence de rapprochement que l’on fait ; on ne fait pas ce rapprochement entre le combat pour la vie et le mystère de l’Incarnation. Nous sommes au coeur du mystère de l’Incarnation ; refuser la vie c’est d’abord et aussi refuser le mystère de l’Incarnation. Les fidèles que nous sommes ne peuvent être que concernés par cette question là évidemment à la veille de Noël. Donc la morale de l'histoire, c’est la morale de l’histoire contée par mon iranien : embrasser l’enfant et le couvrir de grands biens, lui rendre la liberté, ce que Jésus avait dit dans une autre formule que reprenait toujours Jérôme Lejeune à la fin de ses conférences : « ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Je vous remercie.
Jean-Marie Le Méné
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