LA DEFENSE DE LA FAMILLE - M. et Mme Stéphane Boucher (Domus Christiani)
Pour écouter la conférence, cliquez sur le lecteur ci-dessous:Bonsoir à tous, il est très difficile de passer après un tel orateur, on va essayer de s’en tirer. Avant de plonger en eaux profondes sur les quelques aspects de la famille que nous souhaitons rappeler, tant aussi bien sur le plan naturel que de du point de vue de notre oeuvre Domus Christiani, je tenais à remercier, à me joindre à l’action de grâces qui été faite aujourd'hui pour remercier Notre Dame de Chrétienté pour toutes les vocations qu’elle a pu susciter, affermir, sur les routes de Chartres. On a beaucoup de témoignages dans nos groupes de foyers de personnes qui se sont connues sur ces routes de Chartres. Merci aussi pour les familles qui continuent à cheminer sur ces routes de Chartres à travers les chapitres familiaux ou la petite route ; on voit beaucoup plus de landeaux. Ca leur permet de se recentrer une fois par an avec le soutien de chefs de chapitres, de nombreux prêtres et de séminaristes. Merci à Notre Dame de chrétienté de réunir chaque année cette grande famille de la tradition dans un esprit d'amitié et de chrétienté. Merci enfin de nous donner l'occasion de nous donner la parole au titre de foyers responsables de Domus Christiani. Nous sommes particulièrement heureux de célébrer ce jubilé car Domus Christiani entretient des liens d'amitié très serrés avec Notre Dame de Chrétienté. Beaucoup de foyers sont également très actifs dans l'association, beaucoup de prêtres du pèlerinage assurent souvent une charge de prêtres conseillers auprès de groupes Domus.
Nous allons donc vous parler de la famille, sous le double aspect du droit naturel et de ce que nous vivons à Domus Christiani ; nous ferons ça à deux voix.
Plaçons-nous tout d'abord sur le le plan naturel : que nous apporte finalement la famille ? La famille d'abord s'adresse à tous les hommes. Au commencement, Dieu créa l'homme à son image. C’est à l’image de Dieu qu’il les créa. Il les créa homme et femme. La famille est fondée sur le mariage institué par Dieu dès l'origine, avant même l’institution du sacrement de mariage. C'est donc une institution de droit naturel qui s'adresse à l'humanité tout entière. Cette universalité de l'institution matrimoniale est ressentie dans toutes les civilisations mêmes les plus antiques ou les plus archaïques. C’est un fait, un fait historique incontestable.
Deuxièmement, la famille est un élément d'ordre et de paix sociale et Dieu sait si nous en avons besoin actuellement. C'est par elle que tout commence, c'est la communauté humaine de base, fondement de cette société. C'est par elle qu’est assurée à la fois la succession des générations, la transmission des traditions, l'éducation, l'exercice de l'autorité paternelle et intergénérationnelle, autant d'éléments qui contribuent à l'ordre familial. Et l'ordre familial à son tour contribue à la paix dans la société et à l'ordre dans la société, tout simplement en formant au sein des familles les personnalités, en cultivant les valeurs de gratuité et d’hospitalité. Nous voyons là bien ce que Jean-Paul II dans « familiaris consortio » appelle notre mission humanisante de la société, pour peu que le pouvoir politique nous laisse faire. Famille universelle, famille élément d'ordre et de paix sociale, famille sanctuaire de la vie, c'est en effet la famille qui développe le service de la vie. Depuis son origine jusqu'à son terme, c’est au sein des familles, sanctuaires de l'amour, que se donne la vie et non au bout d'une éprouvette. C’est au sein des familles que la vie trouve son terme, entourées des siens et de leur affection et non au bout d’une seringue. C’est au sein de la famille que naissent les citoyens et qu'ils apprennent les valeurs essentielles de l'amour et de la vie. C'est pourquoi c’est à la famille de défendre et de propager la culture de vie. En guise de transition vers mon propos sur la famille chrétienne, je vous cite ces paroles fortes de Benoît XVI qu’il a prononcées récemment lors d'un congrès ecclésial à Rome : « La famille est un bien nécessaire pour les peuples, un fondement indispensable pour la société, et un grand trésor pour les époux durant toute leur vie. Proclamer la vérité intégrale de la famille fondée sur le mariage comme église domestique et sanctuaire de la vie est une grande responsabilité pour tous. »
Venons-en maintenant à la famille chrétienne. En effet, à nous qui sommes engagés dans la voie du mariage chrétien, pour nous aider à être ce que nous sommes et à remplir nos devoirs, Notre Seigneur donne la grâce le jour de notre mariage, mais il nous la redonne également si nous lui demandons chaque jour. Connaissons-nous vraiment la puissance de cette grâce qui nous unit ? car ce sacrement constitue la source principale à laquelle nous devons puiser pour notre sanctification. Et donc la famille fondée sur ce sacrement est chose sacrée; comme disait Pie XII : « elle est chose sacrée, c’est une église domestique au service de l'édification du royaume de la chrétienté. »
Sur la route de Chartres, tournés vers Notre-Dame, nous prions, nous remercions, nous offrons nos sacrifices, tout cela finalement pour la sanctification de nos familles. Et puis de retour chez nous, nous poursuivons ce pèlerinage avec la lutte quotidienne entre notre idéal chrétien d’un côté et notre faiblesse de l'autre. Domus Christiani se focalise sur la sanctification de la famille, sur tout ce qui peut aider les foyers chrétiens, leur famille, à progresser vers la sainteté. Et c'est bien à cela que nous sommes tous appelés depuis notre baptême. Vous connaissez peut-être cette citation de Jean-Paul II, le chemin qu'il a prononcé lors de la béatification des époux Quattrocchi en octobre 2001 : « le chemin de sainteté accompli ensemble comme couple est possible, beau, extraordinairement fécond. Il est fondamental pour le bien de la famille, de l'Eglise et de la société. » Rentrons un peu plus dans le concret et pour cela je passe la parole à mon épouse. La nécessité d'une règle : pour nous foyers chrétiens, familles chrétiennes, il n'est pas question de marcher sans boussole. Il nous faut un tuteur, il nous faut une règle de vie. Il nous faut une règle de vie qui nous rappelle les exigences de la vie chrétienne. En effet, l’expérience historique a montré que quand des hommes voulaient bien se soumettre à une règle de vie inspirée de l’évangile, ils devenaient meilleurs. Ils pouvaient même devenir des communautés épanouissantes. Alors le principal moyen que Domus Christiani propose aux foyers c’est de progresser grâce à une règle de vie. En effet, sur le plan naturel, nous avons tous une règle de vie même sans nous en rendre compte. Ne serait-ce que des horaires, qui n’a pas de réveil matin ? Sur le plan spirituel, cela nous est beaucoup plus difficile. Nous avons du mal à nous fixer des objectifs et à les tenir. La règle de vie n’est pas une contrainte. C’est un appui. C’est un tuteur sur lequel nous pouvons nous appuyer. Nous appuyer pour progresser. Elle nous aide à réserver chaque jour, chaque semaine, chaque mois, le minimum de temps qui est nécessaire pour l'essentiel. Alors en quoi consiste t-elle cette fameuse règle de vie Domus ? Les conseillers spirituels qui ont aidé au démarrage de cette oeuvre, donc il y a près de 30 ans, ont simplement listé les pratiques qui sont recommandées par la sainte Eglise. Tout est proposé, rien n’est imposé. Chacun va progresser à son rythme. J’y reviendrai un peu plus tard.
Domus Christiani fonctionne avec 3 piliers :
- le premier : l'approfondissement, la vie intérieure
- le deuxième : l’entraide entre familles
- le troisième : l'apostolat et le rayonnement.
Tout cela au sein d'un groupe, les groupes sont constitués de 7 à 9 foyers. Ce qui nous réunit, c'est le désir de progresser, le désir de prendre des résolutions concrètes, d’essayer de s’y tenir et se stimuler les uns les autres, c’est plus facile. Pour bien comprendre, on pourrait prendre l’exemple de foyers qui partiraient en course en montagne, certains prendront tel itinéraire, certains prendront telles provisions pour la route, et puis chacun marche de son côté. Il y a des rendez-vous fixes. On fait le point, on échange sur le chemin parcouru, et quand il y a un passage difficile, tout le monde s’encorde. On passe ensemble, alors tout le monde se serre les coudes,et nous avons bien besoin des conseils des uns, des provisions des autres, du sens de l’orientation du troisième. Cette petite image c’était pour mieux vous présenter l'esprit qui anime les groupes, c’est le désir de progresser ensemble. Revenons à nos piliers. Le premier, c’est l’approfondissement de la vie intérieure. Domus s’adresse aux foyers qui ont le désir de progresser dans leur vie chrétienne au sein d’un groupe. L’important est de comprendre que cela ne s’adresse pas à des corps d’élite qui planent déjà dans des sphères de sainteté inabordables. Tout ce qu’il faut, c’est d’avoir le désir de progresser, le désir de se rapprocher de la sainteté. On part d’un principe très simple : celui qui n’avance pas recule ! Progresser dans la vie intérieure, c’est progresser dans la prière. La vie intérieure, c’est principalement la prière.
Saint Chrysostome nous dit : « L'homme qui prie tient le gouvernail du monde.»
Cela nous donne tout un programme sur la vie intérieure. Les groupes étudient, mois après mois, toutes les pratiques de la vie chrétienne, celles qui sont énoncées dans la fameuse règle de vie dont on a parlé. Cela va de l’oraison à l’angélus, en passant par la retraite annuelle, etc… Nous les étudions un par un chaque mois pour mieux les connaître, pour mieux les apprivoiser, cela pour mieux les appliquer. La seule obligation, c’est toujours la même, c’est de vouloir progresser. Pour être encore plus concret, quand on prend comme point d’effort par exemple la récitation de l’Angelus, quand on sait que le mois qui vient, tous les foyers du groupe vont prendre la même application, porteront le même effort, développeront la même énergie à apprivoiser cet Angelus, à l’enseigner à leurs enfants, à le pratiquer avec le réel souci de sanctifier sa journée, alors oui, on se sent en union de prières. Et là, très humblement et à notre mesure, on peut renforcer le tissu de la chrétienté. L’entraide entre les familles, c’est à cette recherche de la charité que tous les foyers Domus sont attachés. Dans un groupe ils ne se sont pas choisis, le groupe de foyers Domus n’est pas un club fermé. Ce n’est pas une association sympa, ce n’est pas un club de cuisine, et c’est en cela que cela constitue un cadre idéal pour exercer la charité amicale! C’est un cadre où nous pouvons découvrir les besoins des uns et des autres, proposer nos services. Au-delà de l’union de prière, il y a donc cette véritable entraide fraternelle. Quelques exemples : aider au déménagement d’une famille, garder les enfants pour permettre à un foyer de faire une retraite avec Monsieur l’Abbé Pozetto ou décharger une maman fatiguée, prêter une voiture, etc… Et tout cela ne peut être vécu chrétiennement sans une réelle vie spirituelle, sans une réelle vie de prière. C’est cette entraide de famille à famille, quand elle est vécue dans un véritable esprit apostolique, qui constitue un des moyens les plus simples, les plus efficaces, à la portée de tout le monde pour diffuser de proches en proches les valeurs chrétiennes dans la société.
Troisième pilier et dernier pilier : L’apostolat et le rayonnement. A Domus, nous parlons de l’apostolat des familles par des familles. Et c’est encore de la vie intérieure et de sa progression que va découler le rayonnement. Les foyers qui trouvent en Domus une aide efficace et qui voient d’année en année une progression spirituelle vont souhaiter tout naturellement en parler autour d’eux. Et c’est cela l’apostolat des familles par des familles. Au sein d’une famille, l'apostolat commencera par son conjoint. Avons-nous le souci du perfectionnement de son conjoint, le perfectionnement mutuel des époux chrétiens, l’un par l’autre ? Puis par cercles concentriques cet apostolat descend sur les enfants pour les mener vers les vrais biens, vers les biens éternels, puis à notre proche famille, puis enfin au milieu professionnel, au voisinage etc… La liste est très très longue. Il s’agit d’aider les familles à agir avec leurs moyens, avec leurs compétences propres. Les domaines ne manquent pas : le caritatif, culturel, politique, social, etc…Progressivement, on verra certains foyers se former et une fois bien formés prendre des responsabilités par exemple dans le domaine de la politique familiale. Ce sont aussi autant d’occasions pour faire connaître autour de nous la liturgie traditionnelle à laquelle nous sommes particulièrement attachés à Domus Christiani, parce qu’elle nourrit admirablement notre foi. Dans le même esprit, nous avons organisé des rassemblements familiaux au Puy en Velay. Certains en ont entendu parler, j’en suis sûre, en 2003 et en 2005. Ce sont des journées d’amitié et de formation avec un programme harmonieux qui permet à toute la famille de se ressourcer. D’ailleurs, à ce sujet, cette fois-ci nous vous invitons à Lourdes à la Toussaint 2008, cela sera l’occasion pour nous de fêter les 30 ans de l’oeuvre Domus Christiani au pied de Notre Dame de Lourdes qui fêtera elle ses 150 ans. Et voilà, je rends mon micro à mon mari.
En conclusion, toutes nos familles sont appelées à la sainteté. Cet appel est actuel. Ce n'est pas pour demain ou après-demain ; Dieu nous veut saints aujourd'hui. Dans un monde qui ne veut plus aucun repère, la famille est la première attaquée en tant que gardienne de la vie, en tant que première communauté naturelle de notre société, en tant que première école des vertus sociales. Alors, il s'agit de se réveiller, de ne pas avoir peur, nous n'avons plus le choix, il faut nous battre pour la famille. Sans ce combat, sans cette lutte, c'est l’esprit de facilité qui l’emportera. Nous savons très bien que nous serons emportés par les courants ambiants si nous ne résistons pas activement. Il n'y aura pas de résistance, il n’y aura pas de chrétienté, pardon, sans de vraies familles chrétiennes, sans la résistance des familles chrétiennes. Et pour ça, la chrétienté a besoin de foyers solides, de foyers formés, bien formés, des foyers formés pour pouvoir éduquer. C’est donc à nous familles de nous mettre au service de la famille, mobilisons-nous pour la promotion de la famille. Et je voulais finir par ces paroles fortes du Saint-Père : « Aimer la famille signifie savoir en estimer les valeurs et les possibilités, en cherchant toujours à les promouvoir. Aimer la famille signifie reconnaître les dangers et les maux qui la menacent afin de pouvoir les surmonter. Oui, il faut que les familles d'aujourd'hui se ressaisissent, il faut qu'elles suivent le Christ. »
M. et Mme Stéphane Boucher
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