LA CHRETIENTE - Olivier de Durat
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(Texte intégral préparé par l’auteur. Pour des raisons de manque de temps, l’exposé a été raccourci et les parties entre [] et en italique n’ont pas été prononcées le 8 décembre 2007 à Villepreux).
Amis pèlerins, l’exposé qui va vous être fait maintenant n’est pas celui d’un moine, ni d’un érudit et encore moins celui d’un philosophe. Non, ce sera l’exposé d’un simple pèlerin, qui n’a d’autre prétention que de remettre à Dieu son âme au terme de son chemin terrestre. Un pèlerin, un tiers entrepreneur, un tiers soldat, un tiers paysan et souvent pêcheur. Ce sera un exposé terre à terre en vue de mettre dans notre cité d’ici-bas une part de Ciel de plus en plus grande.
Ce pèlerin, un peu entrepreneur, un peu soldat, un peu paysan, et souvent pêcheur, se veut, malgré tout, sujet de Messire Christ-Roi. Il voit la nuit qui s’assombrit, et des feux de Chrétienté couver ici et là. Revigoré par cette première vision, il élève son regard et le fixe sur Marie : comme la pleine Lune, Elle brille dans la nuit et éclaire les ténèbres,. Cette Lune vierge et pure est annonciatrice du grand Astre qui éclaire tout, qui réchauffe tout et remet tout en place : Jésus, Christ-Roi.
Et notre pèlerin réjoui de sa découverte, de se dire : « Il me faut partir sur les routes annoncer le feu, la Lune et le Soleil. La Lune et le Soleil me le commandent et les feux me le rappellent. Il me faut partager avec mes frères de la terre, cette bonne nouvelle. Il me faut la clamer à ma famille et à mes voisins, jusqu’aux plus lointains. Il me faut, par Charité, clamer cette Foi et cette Espérance. »
Dom Gérard, notre cher Dom Gérard, à qui l’on doit tant, a donné le ton de cet après-midi :
« nous n’échapperons pas au châtiment … (il) est déjà commencé ». Le ton est grave ! Mais ni pessimiste ni catastrophiste, seulement grave. De cette gravité de l’homme sage et saint qui fait face aux évènements. Novembre 1947, novembre 2007, il y a des similitudes. « Mais la renaissance est concomitante. » nous dit-il aussitôt. Homme de Foi ; il n’a pas peur : Jésus dort mais Jésus attend de nous que nous ayons confiance en Lui, tout simplement.
Certes le châtiment est déjà commencé !
Le feu du Saint Esprit brillait dans les âmes médiévales, qui se reconnaissaient pécheresses et se corrigeaient sans cesse. Un feu de Charité brûlait alors dans la cité et enflammait le chrétien sans le consumer. Au contraire livré au Feu divin, les chrétiens se régénéraient, en vue de leur résurrection. Et la société ne s’en portait que mieux.
Depuis ce temps de Chrétienté, la Renaissance puis la révolution française et ses filles républiques, empires et monarchies constitutionnelles sont venues déverser les eaux saumâtres de la froide raison et du refus de servir Dieu : « Non serviam ! ». La tête du roi a roulé. Les biens de l’église ont été confisqués. Deux guerres mondiales nous ont saignés et d’autres encore plus récentes n’en finissent pas de se prolonger. Et pour finir cette cinquième république ne respecte plus les valeurs morales naturelles élémentaires : culture de mort, refus de la famille stable et naturelle, éducation nationale si mal nommée, que même son instruction est à réformer, et grande braderie de notre souveraineté.
[Un calvaire, un clocher sont comme des bornes géodésiques de la Chrétienté qui marque le terrain. Trois milles églises vont être détruites ? C’est un drame, pire une offense et un sacrilège : après le vol, la destruction du sacré et de notre mémoire.]
Devant tous ces malheurs, l’église de France reste quasiment muette. Les Français, désemparés, se prennent à croire au laïcisme. Ce dernier fait maintenant le lit de l’Islam, car le sacré est inscrit dans le coeur de l’homme. La flamme française, hier, visible du monde entier, ne cesse de diminuer et devient bien pâlotte.
[Seul reste confusément le souvenir d’une certaine grandeur de la France. On ne discerne plus les lumières destructrices de la Lumière salvatrice. L’esprit contemporain est perdu, sans repère ; il a même renoncé à son histoire.]
[Le dieu qui règne sur notre monde, c’est l’homme fait dieu et non Dieu fait homme.]
Malgré tout, par un privilège divin, Dieu préserve sa fille aînée devenue prodigue.
Oui, la renaissance est concomitante !
Notre pèlerin aussi a vu des feux de Chrétienté qui brûlent ici et là, partout en France ; la Chrétienté est toujours vivante. Certes, son souffle est court ! A l’évidence, ses membres sont gourds! Mais elle vit et sa renaissance reste possible.
Notre pèlerin, ancien scout, sait bien que le feu de la Chrétienté n’a pas à être allumé en France comme en d’autres pays : il est à raviver. Il brûle depuis longtemps mais menace de s’éteindre.
Un feu c’est d’abord la flamme qui monte douce et légère, éclaire au loin, et réchauffe auprès. Un feu, c’est aussi les braises, discrètes, gardiennes du feu et prémices de sa renaissance. Après la flamme, les braises sont les plus chaudes : Elles sont les saints d’hier et d’aujourd’hui. Henri Pourrat nous dit « La France aurait pu faire l’économie de beaucoup de généraux, de rois et de ministres, elle n’aurait jamais pu se passer de saints. ».
[Dans sa recherche du vrai, du beau, et du bien, notre pèlerin a vu ces braises dans la nuit : petits rougeoiements discrets mais visibles à celui qui cherche, frappe, et demande. Par un privilège divin et sans mérite humain, abandonnées au souffle de l’Esprit-Saint, elles rougeoient du feu de la Charité et communiquent l’amour de la Vérité. ]
Ces braises sont sacerdotales, religieuses ou laïcs, toutes de Chrétienté. Notre pèlerin ne les connaît pas toutes ; seul Dieu sait les dénombrer.
[A l’oreille de notre ami claquent les noms de Saint Pierre, Christ-Roi, Saint Vincent Ferrier, Sainte Croix, Mère de Dieu, ou encore Notre Dame de Chrétienté, Centre Charlier, AFS, Domus Christiani, RJC, Missio, Ichtus, Renaissance catholique, AGRIF, scoutisme et encore Présent, L’homme nouveau, La Nef, Monde et Vie, Radio courtoisie, mais aussi SOS Tout petit, Fondation Jérôme Lejeune, Laissez-les-vivre, Pontcallec, St Pie X, Saint Dominique, Sainte Geneviève et combien d’autres encore, noms d’oeuvres et de personnes, tous dévoués à la Chrétienté.]
Oui la Chrétienté vit encore en France ; elle a de la vigueur. Car toutes ces oeuvres et ces volontés sont bonnes et missionnaires. Elles refusent de devenir cendres et de laisser s’éteindre le feu de la Chrétienté.
Et quand bien même devenues cendres, elles resteraient témoins du feu passé et appellerait son retour ? Car les faits historiques ne s’effacent pas. Le baptême du roi Clovis à Reims par saint Remi, le bon saint Eloi, ministre surnaturellement efficace du bon roi Dagobert, le règne très chrétien du saint roi Louis, le sacre du roi Charles VII à Reims emmené par Sainte Jeanne d’Arc qui donne le royaume de France à Messire roi de la part de Messire Dieu, et plus près de nous la consécration de la France à Marie par le roi Louis XIII, pour ne citer qu’eux, sont inscrits à jamais dans notre histoire.
Dans notre héritage, des braises et des cendres rappellent que notre France est terre de Chrétienté et fille aînée de l’Eglise. Gardons la mémoire !
Et puis il y a surtout l’infinie miséricorde du Bon Dieu, et Marie, Reine de France, et tous nos saints qui intercèdent pour nous.
Oui, N’ayons pas peur ! Gardons l’Espérance !
[Soyons confiants malgré l’évidence du châtiment commencé. Une autre vieille devise de Chrétienté clamait : « Fiance en Dieu, fiance certaine ! ».] Notre pèlerin sait que Dieu aime les hommes de bonne volonté et il a vu des âmes de bonne volonté. La petite vertu Espérance éclaire la nuit de notre marcheur de Dieu.
[La nuit est sombre, les nuages s’amoncellent, l’orage gronde de plus en plus proche, de plus en plus fort, de plus en plus destructeur. Ses éclairs et ses coups de tonnerre s’appellent : avortement, euthanasie, manipulation génétique, recherche sur les embryons, liberté sexuelle, pornographie, homosexualité, divorce, pacs, planning familial, sectes, Islam,… ]
Pourtant Dom Gérard a vu clair dans la nuit : «la renaissance est concomitante. »
Comment a-t-il fait ? Parce que, comme disent les enfants, il y a encore des culottes de gendarmes dans le Ciel. Dans la nuit, notre pèlerin voit, aussi, de temps à autre des coins de Ciel où scintillent des étoiles. Sans éclairer, elles attirent le regard vers le haut et indiquent le cap à tenir. Images des saints, ces sentinelles témoignent de la Lumière, dans la communion des saints.
[Mieux encore, dans la nuit profonde, notre chercheur de Dieu est entouré d’une lumière douce qui déjà perce les ténèbres, transperce les nuages. Mieux que le scintillement des étoiles, cette lumière éclaire et sa route, et son coeur. ]
Alors il s’arrête pour l’oraison et s’offre au souffle de l’esprit saint, comme faisait Marie, jeune fille, lorsque l’archange Gabriel vint pour l’annonciation. « Et sa Mère conservait toutes ces choses dans son coeur » nous dit S. Luc (S.Luc 2, 51). Et Jésus de dire de sa Mère : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent » (S.Luc 11, 28). Recueilli, donnant du temps à Dieu, notre ami voit les nuages s’écarter et la nuit s’illuminer. Elle est là, resplendissante, lumineuse, pure, pleine, c’est Notre Dame ! Mère de Dieu et Notre Mère. [Dieu a béni la Très Sainte Vierge Marie entre toutes les femmes et l’a remplie de grâce] : « Puis il parut dans le ciel un grand signe : une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête… » Un ravissement envahit notre ami ; il est comme le ravi de la crèche.
Avec Elle, il voit, il comprend, il sait sa route : « Faites tout ce qu’Il vous dira ». Miroir de Dieu, Elle est totalement soumise : « Je suis la Servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon sa Sainte Volonté. » Elle renvoie la lumière divine, comme adoucie et supportable à la vue terrestre.
Tel un petit enfant, notre pèlerin a saisi la main de la grande et belle Dame. Elle y a glissé un chapelet pour qu’il le dise chaque jour, pour le salut des âmes et la paix dans le monde. A Lourdes, Elle appelle à la prière et à la pénitence. A Fatima, Elle précise : pour la prière, un chapelet chaque jour, et pour la pénitence, son devoir d’état fait avec amour. Elle demande peu mais de le faire avec humilité. L’humilité est mère de toutes les vertus. Saint Benoit nous dit dans sa règle que « le premier degré (de l’humilité) est l’obéissance sans délai ». De fait, Elle recommande d’abord et par-dessus tout, l’intimité avec Dieu, conformément au premier commandement « Tu adoreras un seul Dieu et tu l’aimeras plus que tout. ». Vient ensuite l’exercice de la charité fraternelle, conformément au second commandement que Jésus nous livre dans son évangile en le disant semblable au premier « aimes ton prochain comme toi-même ».
Sur la croix, Jésus nous confie à Elle: « Voici votre fils », parce que quand nous disons Marie, Elle répond Jésus. Quel honneur ! Et quel bonheur ! Nous voilà, par Elle, fils de Dieu, [fils du Père, fils de la Mère de Dieu et de son époux, l’Esprit Saint et frère de Jésus.] Nous voilà désormais sous sa maternelle protection. Quelle douce attention que celle de Notre Seigneur Jésus Christ.
Jésus nous a gagné le Salut ; Marie nous le facilite. Voici la volonté de Dieu : notre salut passe par Marie, [Mère de Dieu et Notre Dame des sept douleurs]. A nous Français, Elle est venue le dire souvent : Lourdes, La Salette, La rue du Bac, Pontmain, l’Ile Bouchard. A Fatima, ses paroles sont claires et simples, assorties, de promesses sans commune mesure avec ses demandes. Prions pour que les demandes faites par la Vierge, soient accomplies. Commençons par consacrer nos personnes, nos familles, et nos biens comme Elle nous y a invités. Alors « le Portugal gardera la Foi », et la France, et le concert des nations. Et notre pèlerin de comprendre que la Très Sainte Trinité veut de tout temps que son règne arrive par celui de Marie, Vierge et Mère de Dieu : [seule la lune préside au jour au coté du soleil.] Et notre pèlerin de s’agenouiller sans délai et de faire allégeance à la Mère de Dieu pour mieux faire allégeance au Père des Cieux.
Le règne de Marie ne saurait être autrement que le règne de son Fils, Roi des rois. Non pas Roi de ce monde, mais Roi sur ce monde.
Jésus dit aussi à Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde… »
Jésus règne sur ce monde, tout simplement parce que c’est son oeuvre, construite selon son ordre et maintenue selon son plan.
La théorie de l’évolution ou autres élucubrations pseudo-scientifiques ne résistent pas aux études sérieuses conduites avec une humilité louable, à la lueur de la révélation divine contenue dans la sainte Bible. Car la science et la Foi ne peuvent pas s’opposer. Le Bon Dieu ne saurait être incohérent avec Lui-même. Il faut appliquer, ici aussi, une juste subordination entre la raison scientifique et la confiance dans la révélation du Dieu créateur et tout puissant. Dans l’acte de Foi, n’affirmons-nous pas que Dieu ne peut ni se tromper, ni nous tromper.
Jésus est venu proclamer la Vérité et nous inviter à Le suivre.
En effet devant Pilate, Jésus continue : « Tu l’as dit, Je suis Roi. Je suis né et je suis venu dans ce monde pour rendre témoignage à la Vérité : quiconque est de la Vérité, écoute ma voix. »
La Vérité que Jésus proclame c’est tout simplement les évangiles : sa loi d’amour, de justice et de miséricorde. Son code civil est simple : il tient en un livre. Nul n’est censé ignorer sa Loi ? Elle est accessible à tous : dix commandements qui se résument en deux : aimer Dieu par-dessus tout et aimer son prochain comme soi-même. [Sa jurisprudence est explicitée dans les huit béatitudes. Les Vérités à croire sont inscrites dans le Credo. Il nous enseigne même à converser avec son Père dans le Pater Noster, où Il nous apprend à demander et nous prépare à recevoir. L’Ave maria est de construction similaire. Voilà la connaissance élémentaire que demande Notre Seigneur Jésus au commun des mortels pour venir auprès Lui.]
Et par-dessus tout, il y a son infinie miséricorde, toute faite de Charité. Il y a la petite vertu Espérance que le Bon Dieu nous a donnée ;[ il y a cette place auprès du Père que Jésus est parti préparer à chacun de nous. Il y a Marie-Madeleine et le Bon Larron : message on ne peut plus clair, de sa miséricorde infinie et de sa toute puissance.]
Et Jésus de conclure avec Pilate : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur Moi s’il ne t’avait pas été donné d’en haut. ».
Car tout Lui obéit, toute grâce vient de Lui. Jésus, témoin de la vérité, Vérité fait homme, affirme que c’est de Lui que Pilate reçoit son pouvoir de Le condamner. Tout pouvoir vient donc de Dieu ; Jésus le proclame. Dieu confie le pouvoir aux hommes, à des hommes. [Mais Jésus nous apprend à demander à Notre Père « …que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel… ». Il s’agit d’une demande, mais aussi d’un appel pour que nous agissions en sorte que cela se fasse, sans délai.]
Par la voix de son Eglise et de son vicaire le pape Pie XI qui a promulgué l’encyclique « Quas Primas », Dieu nous a enseigné la doctrine du Christ-Roi. [Christ-Roi dont le règne doit s’établir, sans attendre, tant sur l’Eglise que sur les individus, les familles et les nations. Car « le premier degré (de l’humilité) est l’obéissance sans délai » nous répète Saint Benoit.] Alors quelle Chrétienté ?
Revenons à notre ami pèlerin et à son point de vue terre à terre de paysan-soldatentrepreneur. Notre ami, qui se tient auprès de la Madone, interroge sa Mère des yeux : que doit-on faire ? Comment faire régner le Christ-Roi ? Sous quelle forme ?
Et la Bonne Mère de Lui répondre par l’un de ses doux regards qui parle au plus profond de l’âme, éclaire les intelligences et encourage les bonnes volontés.
Elle lui dit : « Crois-tu, mon fils, qu’à Nazareth, quand l’ange Gabriel est venu me visiter, Je savais ce qui allait se passer ? Crois-tu que J’avais décidé ce que serait ma vie et que Je commandais aux évènements ? Loin de moi cette prétention. »
[En effet qui peut dire voilà ce que sera ma vie ! Personne ! Nul créature ne connaît ni ne maîtrise l’avenir : seul Dieu connaît son plan. Il appartient à chacun d’aller de l’avant, de construire et d’obéir. ]
« Pour ma part, continue la Très Sainte Vierge, Je me suis assurée que l’ange était bien envoyé de Dieu, puis Je me suis volontiers soumise à la volonté de Mon Seigneur, ou abandonnée plutôt. »
Marie nous enseigne que ce qui compte c’est l’esprit et la communion : avoir un esprit de sainteté et être en communion avec Dieu et son plan sur la création.
Pour la Chrétienté, il en est de même. Une Chrétienté naissante ou renaissante, ne sait ce qu’elle sera ou deviendra. Mais elle va son chemin et se construit. Bien malin, celui qui saurait décrire aujourd’hui, ce qu’elle sera demain.
[Semblable par bien des aspects et d’un point de vue technique, à celle d’aujourd’hui, elle se différenciera par l’usage qui sera fait des biens terrestres et du temps qui passe. Quelle est la différence entre un médicament et un poison ? La « dose » répondait Mgr Rifan.]
[Par exemple, le Bon Dieu, dans sa sagesse, a associé aux fonctions vitales de l’homme, le plaisir, qui est donc une bonne chose. Mais éloigné de Dieu, l’homme a inversé les valeurs et bien souvent a fait du plaisir l’objet premier de la fonction vitale. C’est ainsi qu’il pêche de plus en plus par manque de tempérance et par luxure. Ce faisant il s’enfonce dans l’égoïsme, qui est le déni de la Charité.]
La Cité catholique instaure les conditions de la sainteté, les conditions du salut. Elle coopère à l’oeuvre de l’Eglise. Le prêtre et le laïc marchent de concert, vers un seul et même but, dans une juste subordination de l’un envers l’autre : à l’Eglise et au prêtre, les âmes, et à la chrétienté et au laïc, le domaine temporel. La Chrétienté met en place les institutions nécessaires au bien commun et à l’exercice de la justice et de l’équité mais qui facilitent aussi l’action de l’Eglise sur les âmes, jusqu’à rendre un culte public au Bon Dieu.
Car la grande affaire de notre vie, de la vie de tout homme : c’est le salut, son salut. Rien ne compte davantage et tout doit y concourir. « Mon Dieu, que vont devenir les pécheurs ! » se lamentait Saint Dominique.
La Chrétienté ne se décrète pas, elle se fait !
Mais la Chrétienté c’est bien plus encore : société propice à l’éclosion de saints, elle est faite par des saints, qui sont tous de Chrétienté.
« Fais ce que dois », dit une vieille devise de Chrétienté, mais mieux encore « Aimes ce que dois ! » Dom Gérard de rajouter : « Le grand art de détruire le mal, c’est de faire le bien ». Nous Chrétiens, ne perdons jamais de vue que nous agissons pour faire le bien. [Etre contre ce qui est contre un bien, c’est être pour ce bien : comme être contre l’avortement, c’est être de fait pour la vie. Sachons remettre les choses droites.]
Or donc, pour faire la Chrétienté, il faut l’éclosion de saints, qui fassent le bien, qui fassent comme Jésus. Des saints de tous les jours, de tous horizons, de tous talents, de tous métiers, de toutes classes sociales. Un saint Pape et de saints évêques, en premier lieu ! Des saints prêtres, beaucoup ! Des saints politiques, humbles, prudents et soucieux du seul bien commun, on en manque ! De saints éducateurs, de saints médecins, de saints parents, de saints enfants, tous respectueux de l’ordre divin !
La sainteté est notre vocation à tous. Répondons oui, sans délai !
[Pour nous pèlerins, pense notre marcheur de Dieu, il s’agit de prendre notre place de chrétien dans la cité, là où le Bon Dieu nous a placés. Car c’est clair, le Bon Dieu sait ce qui est bon pour notre voisin ; nous sommes bien d’accord avec Lui. Mais voilà le Bon Dieu sait aussi et tout aussi bien, ce qui est bon pour nous-mêmes. Alors, une seule pensée vient à notre bipède : servir sans délai !]
Préférer l’intimité de Dieu à la promiscuité, la prière aux attraits de la terre, la fidélité à la facilité, être belle que désirable, la chasteté à la fausse liberté, l’engagement à l’amusement, la persévérance à l’errance, l’honnêteté au succès, le rire à la rigolade…sont choses simples mais de Chrétienté, mais pas toujours préférées. Et toujours, toujours préférer la douceur et l’humilité à la rudesse et l’orgueil. « Je suis doux et humble de coeur. » .. « Heureux les coeurs doux car ils possèderont la terre. »
C’est ainsi que la Chrétienté se diffusent : des hommes et des femmes se sanctifient. Par leurs bonnes oeuvres et leur exemple de vie, la Foi se communique, influence les moeurs, les us et coutumes du plus grand nombre. Ensuite vient le temps où celles-ci deviennent lois et normes. Bientôt l’état lui-même reconnaît le règne du Christ-Roi. Une nouvelle chrétienté vient de naître sous une forme particulière mais avec le même esprit, celui du Christ.
« Faites tout ce qu’Il vous dira ! »
Et Notre douce Mère du Ciel de conclure : « Mon fils ! N’aie pas peur ! Fais tout ce qu’Il te dira ! Seules la Foi et les oeuvres sauvent. »
Et notre pèlerin-paysan de cultiver, et celui soldat de défendre et celui entrepreneur de construire. Et tous de recourir au pèlerin-prêtre pour la vie de leur âme.
Et ainsi tous ensembles font que France, que Chrétienté continuent aujourd’hui.
Olivier de Durat, Président
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