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SAMEDI 3 JUIN 2006

SERMON DE
MONSIEUR L’ABBE NICOLAS BROUWET,
curé de Sèvres
(Hauts-de-Seine, diocèse de Nanterre)







Pour écouter l'homélie, cliquez sur le lecteur ci-dessous:


      durée: 9mn


Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen.

Notre vie est une marche ; vous le savez, notre vie est un pèlerinage.
Nous sommes des pèlerins, nous sommes des voyageurs. C'est notre condition.
Parce que notre vraie demeure est dans les cieux. Nous sommes citoyens du ciel par le baptême. Et tout homme est appelé à le devenir.
Tout homme est appelé à prendre le Christ pour chemin et à connaître le Père.
Tout homme est appelé à faire sa demeure en Dieu et à laisser Dieu demeurer en lui.
Cela ne nous désengage pas vis-à-vis du monde. Au contraire.
La mission de l'Eglise est de montrer au monde le chemin qui mène au Père. Elle est de montrer la route ; elle est de dire au monde qui nous entoure que l'homme n'est pas fait uniquement pour travailler la terre mais qu'il est fait d'abord pour lever les yeux vers le ciel et trouver son bonheur dans la louange de Dieu.
Notre vie est une marche. Notre vie est un pèlerinage.
Et cela nous fait réfléchir : un pèlerinage n'est pas n'importe quelle marche.
Parce qu'une marche peut devenir une errance. Une vie sans but, sans repère, sans boussole, sans appui, sans cap. Une vie vécue au gré des évènements, ballottée par les circonstances, prisonniers de ses émotions, attirés par les modes qui changent et les derniers slogans.
On marche, oui, mais on tourne en rond ; au mieux à la recherche d'un idéal, d'un sens à donner à sa vie, d'un projet qui tienne ; au pire à la recherche d'une idéologie, d'un gourou ou d'un combat à mener, n'importe lequel, juste pour tenir debout.
Nous savons que beaucoup de nos contemporains ont un coeur qui cherche ; et combien il est urgent qu'ils trouvent sur leur route des témoins qui leur indiquent le chemin. Mais nous savons aussi combien nous-mêmes pouvons nous laisser tenter par l'errance, c'est à dire par l'indécision, par la tiédeur, par les compromissions, par les demi-vérités et les faux-semblant, si nous n'avons pas mis résolument nos pas dans ceux du Christ.
Notre marche n'est pas n'importe quelle marche. Parce qu'elle peut prendre la forme d'une fuite
Fuite du silence et de l'intériorité, fuite des questions importantes, fuite de notre passé, fuite de la réalité, fuite des engagements pris, en particulier dans la vie conjugale et familiale, fuite dans la fête et les divertissements, fuite dans les voyages et les déplacements, fuite dans la télévision et le téléphone, fuite dans les dépenses et les crédits, fuite dans l'alcool et dans les drogues, fuite dans le travail et les occupations.
Ces fuites, ces tentatives de fuite, sont de pauvres moyens d'éviter de nous remettre face au Christ qui fait la vérité sur notre vie et nous apprend à l'affronter.
Notre vie est une marche mais pas n'importe quelle marche. Parce qu'elle peut devenir une course

Course à la réussite, course aux honneurs du monde, course au pouvoir, course à l'accumulation des biens, course à la toute-puissance sous toutes ses formes, course à une augmentation, course à un poste de direction, course au changement à tout prix.
Course pour être admiré, célébré, glorifié. Course qui nous épuise parce qu'elle tente de calmer un ego qui n'est jamais satisfait ; course qui nous épuise parce que le cœur de l'homme n'est pas fait pour cela. II est fait pour se décentrer de lui-même, accueillir Dieu au centre et donner à sa vie le sens d'un amour qui a tout donné, qui a tout offert et qui n'a rien retenu pour lui-même. C'est précisément le thème de notre pèlerinage.

Notre vie est une marche mais pas n'importe quelle marche.
Parce que sans la lumière de l'Esprit Saint, elle peut finir en impasse. Lorsque nous ne savons plus prendre conseil, lorsque nous ne savons plus nous appuyer sur l'enseignement et la sagesse de l'Eglise, lorsque nous ne savons plus prendre le temps de la prière et du ressourcement, lorsque nous ne savons plus vivre au long des jours sous la motion de l'Esprit Saint, lorsque nous finissons par être notre propre maître et notre propre dieu.
Vous savez que c'est précisément ce qui arrive au fils prodigue de la parabole
II a voulu cesser d'être fils en quittant la maison de son père et en dilapidant l'héritage.
II a voulu vivre pour lui-même dans l'indépendance, ne voulant compter que sur ses propres ressources, ne voulant être redevable à personne.
Mais ce qu'il a compris, dans son échec, c'est que pour vivre il faut accepter de recevoir la vie, il faut accepter d'être dépendant, il faut accepter d'aller boire à la source, il faut accepter d'être fils. C'est ainsi qu'il s'est remis en route vers la maison de son père.
Notre vie est une marche mais pas n'importe quelle marche. Elle est un retour à la maison du Père.
Le pèlerinage qu'est notre vie est un long retour vers Dieu ; où nous apprenons à être fils et filles bien-aimés du Père,
où nous apprenons à vivre en mendiants de l'Esprit Saint, le Père des pauvres, où nous apprenons à nous laisser conduire par l'Esprit de lumière et de vérité.
II y a des moments d'errance ; il y a des tentatives de fuite. II y a des temps de courses effrénées vers les mirages du monde. II y a aussi des impasses.
Mais il y a surtout les bras ouverts du Père, rendus visibles à nos yeux par les bras ouverts du Christ en croix.
II y a la miséricorde du Père qui nous sort de nos errances, de nos impasses, miséricorde qui ouvre nos yeux sur nos illusions et nos pauvres calculs, miséricorde manifestée dans le sacrement de la confession qui nous est offert tout particulièrement pendant ces trois jours de marche et plus précisément aujourd'hui grâce à tous les prêtres présents au pèlerinage.
II y a l'amour de Dieu totalement livré à l'homme dans le mystère de la croix, amour qui nous relève, amour qui nous fait vivre debout, amour qui nous remet en marche, amour qui nous fait aller de l'avant, amour qui est lumière pour éclairer nos pas, amour jailli du cœur transpercé du Seigneur amour mis en nos cœurs par l'Esprit Saint dès cette vie, amour démesuré du Père qui nous attend au terme de la route.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen.
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