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Le mot du président pour le pèlerinage 2006
Pentecôte 2006
Depuis bientôt 25 ans, qu’à la suite de Charles Péguy, nous pèlerinons chaque année, à la Pentecôte, sur la route de Chartres, nous n’avons de cesse de proclamer notre volonté de travailler à l’avènement du règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. Pour faire court, ce but ultime de notre engagement nous l’appelons « la chrétienté ».
« Aimer, c’est tout donner… »
« Famille, foyer de charité, berceau de chrétienté »
Si le but est clair, l’atteindre n’est pas facile. Il y a tant à faire !
Faut-il changer les institutions dont le Pape Pie XII disait que d’elles dépend le salut ou la perte des âmes ? S’efforcer de gouverner la cité dans un esprit de « charité politique » ? Gérer l’économie et réformer les relations sociales de façon à mieux correspondre aux principes de la doctrine sociale de l’Eglise ? Libérer l’école ? Défendre la famille … ? Tout cela est nécessaire. Mais par où commencer ?
Pour commencer, il faut nous convertir nous-mêmes, vouloir vivre de la vie même du Christ (rappelez-vous la remarquable homélie prononcée par le Cardinal Castrillon Hoyos à Chartres à la Pentecôte 2001). C’est la conditions même de notre efficacité : « sans moi vous ne pouvez rien faire » disait Jésus à ses disciples.
Se convertir, c’est l’objet de tout pèlerinage. Mais, pour un pèlerinage de chrétienté, il faut aller plus loin, il faut vouloir incarner son engagement dans la vie sociale. Et puisqu’il faut choisir un domaine privilégié par lequel commencer, n’est-il pas logique de tout reprendre à la base, et la cellule de base de la société c’est la famille. On l’affirme à l’envie ; il faut le vivre. La famille est au cœur de la civilisation ; elle en est le creuset. Pour nous elle est, et doit être, le berceau de la chrétienté.
Une famille, nous en avons tous une, imparfaite sans doute, insuffisante malheureusement peut-être ; mais nous sentons bien que c’est par elle que tout naturellement s’est opéré, ou aurait dû s’opérer, notre insertion dans la société, dans la vie de la cité comme dans la vie de l’Eglise. Parce que les parents sont naturellement responsables des enfants auxquels ils ont donné la vie, il leur revient d’assurer leur éducation et de leur procurer l’indispensable bagage spirituel et moral, intellectuel et professionnel qui leur permettra de conduire leur vie conformément à leur vocation
Ainsi donc, la famille est le creuset où se forge en premier une civilisation et un art de vivre. Pour nous, chrétiens, cette civilisation et cet art de vivre reposent sur l’Evangile : c’est la civilisation de l’amour, cet amour fraternel dont le Christ lui-même, nous a dit qu’il est la marque distinctive à laquelle on reconnaîtra ses disciples (Jean XIII, 35).
Nous vient alors à l’esprit, cette affirmation de Sainte Thérèse de Lisieux « aimer c’est tout donner…et se donner soi-même ».
« Aimer c’est tout donner… : pour nous chrétiens, cette affirmation n’a rien de surprenant. C’est l’essentiel du message évangélique. Le Christ l’a vécu, ô combien totalement, offrant sa vie sur une croix et son corps et son sang dans le sacrement de l’Eucharistie
« Aimer c’est tout donner… : les apôtres l’ont vécu, et les martyrs, et ces saints moines d’occident qui firent l’Europe chrétienne, et ces saints missionnaires évangélisateurs à travers le monde…, et tous ces prêtres, religieux et religieuses qui, aujourd’hui encore, sont totalement consacrés au service de Dieu et de leurs frères…Mais c’est aussi notre programme de vie, à nous laïcs à qui le Pape Jean-Paul II rappelait « qu’aujourd’hui il n’est permis à personne de rester à rien faire » ( il parlait de notre engagement de chrétien), tandis que son successeur, le Pape Benoît XVI, nous incite vivement à aller « travailler à la vigne du Seigneur ».
« Aimer c’est tout donner… : pour la plupart de nos contemporains, cette affirmation dépasse l’entendement. Comment, aimer ne serait-ce pas plutôt « s’approprier » ?
Et voilà que Sainte Thérèse insiste : « aimer c’est tout donner …et se donner soi-même ». Alors, là, c’est un comble ! donner de son superflu passe encore, mais « se donner soi-même », voilà une générosité qui n’a plus cours, à une époque où la publicité et les médias flattent notre ego et nous invitent plutôt à nous enrichir, à défendre nos acquis, à exercer nos droits ( plus que nos devoirs), à vivre et jouir sans contrainte… , bref, à « nous faire plaisir » !
Oui, il y a loin de l’amour-don de notre idéal chrétien , à l’amour-accaparement qui caractérise nos temps redevenus barbares.
Retrouver le vrai sens de l’amour, c’est la première tâche à laquelle s’atteler pour restaurer la civilisation chrétienne.
« Aimer c’est tout donner…et se donner soi-même » : cette vérité, il faut la méditer, il faut en témoigner. C’est ce que nous nous efforcerons de faire au cours de notre prochain pèlerinage de Pentecôte.
Essayons de vivre cet idéal en famille…, essayons de le vivre avec nos proches, faisons-le rayonner, afin que pendant ces trois jours de Pentecôte et au-delà, notre pèlerinage soit vraiment missionnaire.
Hubert de Gestas
Président