Si l’ambiance qui y règne est enthousiasmante, ce n’est pas la raison essentielle qui vous y attire, mais bien plutôt le désir d’accomplir un acte de religion, un acte par lequel on se met, pour un temps, au service exclusif de Dieu qui nous appelle à la conversion. « Venez à moi », nous dit-il.
Et nous répondons : « Me voici, Seigneur ! Je vous écoute. »
Le pèlerinage est une forme éminente de la prière et de la pénitence. Il s’agit de réussir cette démarche. Faisons-là à fond, ne la sabotons pas. Ne passons pas à côté de la grâce.
Il y a plusieurs conditions pour que le pèlerinage soit réussi.
Tout d’abord, il doit baigner dans la prière. C’est la méditation des mystères du Rosaire, ce sont les cantiques et bien sûr la Sainte Messe et le grand moment de l’action de grâces.
Ensuite, il doit déborder de joie. Une âme dans la joie est le plus beau reflet de l’âme de Notre Seigneur. Un pèlerinage doit être joyeux et tous doivent manifester une bonne humeur. N’oubliez pas qu’ « un saint triste est un triste saint » ! (Les scouts et les guides qui sont nombreux vous feront connaître l’article 8 de la Loi scoute en le vivant pleinement).
La joie n’exclut pas la pénitence. Sur la route de Chartres, on renonce à son confort. L’épreuve désirée, acceptée, recherchée, a un rôle purificateur. Sacrifice financier, sacrifice physique, sacrifice moral pour les nombreux petits sacrifices d’une vie en commun, tout cela peut nous aider à favoriser notre pèlerinage.
Celui-ci doit en outre être animé de charité pour ne former qu’un seul cœur où se manifeste la catholicité. Malgré les différences de nations, de classes, d’âge ou de tempérament, on se trouve réunis pour vivre quelque chose de grand : nous convertir, grandir en sainteté, prier pour le monde, pour l’Eglise, pour tous ceux qui nous sont chers, vivants et défunts. Si le pèlerinage doit jouer le rôle de « retraite », il ne doit nous retirer de notre vie ordinaire que pour nous y rejeter avec plus de force. Il n’est pas une évasion où l’on oublie ses soucis, mais une offrande de ses soucis qu’on remet à Dieu et une résolution énergique d’y faire face avec plus de courage. Le pèlerinage peut et doit être la source d’un vrai départ.
J’ai évoqué la conversion. Si vous venez sur la route de Chartres, c’est pour changer de vie. Revenir meilleur qu’avant en ayant pris la résolution de prendre tous les moyens pour devenir des saints. Il y a un passage obligé qui sans doute vous coûtera, mais ô combien réconfortant ! : c’est le sacrement de Pénitence qui vous permettra d’obtenir le pardon de vos péchés, opèrera en vous le changement dont vous serez étonnés vous-mêmes. C’est un second baptême où l’on reçoit une nouvelle naissance en Jésus-Christ. Mais c’est aussi le sacrement le plus pénible à pratiquer. Dire ses péchés au prêtre est difficile. Mais, comme le disait le Pape Jean Paul II : « Ils mentent ceux qui accusent l’Eglise de faire preuve d’une mentalité « répressive » lorsqu’elle invite à la pénitence. La confession sacramentelle ne constitue pas une répression, mais une libération ; elle n’entretient pas le sens de la faute, mais elle efface la faute, elle dissout le mal commis et elle donne la grâce du pardon ». Et Jean Paul II poursuit : « Tous ceux qui, parfois après de longues années et chargés de graves péchés, s’approchent du confessionnal trouvent en le quittant le soulagement désiré, ils retrouvent la joie et la sérénité de la conscience qu’on ne saurait trouver nulle part sinon dans la confession. Il n’est personne, en effet, sauf Dieu uniquement, qui puisse nous délivrer de notre péché ». (16 mars 1980)
Certains diront : « Il est inutile de me confesser, je retomberai toujours, et puis mes péchés sont trop grands. » Sans doute nos péchés sont graves et nombreux, mais la miséricorde divine est infinie. Nous retomberons, peut-être, si nous n’avons pas un vrai regret de nos fautes, si nous ne prenons pas les moyens pour ne plus retomber. Mais nous ne devons pas oublier que Dieu ne refuse jamais sa grâce à qui la demande avec humilité et confiance. « Ma grâce te suffit », disait le Christ à Saint Paul (II Cor. XII, 9)
Un jour, l’Apôtre Saint Pierre avait demandé à Jésus : « Seigneur, combien de fois devrai-je pardonner les offenses que me fera mon frère ? Irai-je jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répond : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix sept fois sept fois. » C’est-à-dire indéfiniment. La miséricorde de Dieu est inlassable. « C’est pourquoi, dit encore Jean Paul II dans son encyclique sur la miséricorde, l’Eglise annonce la conversion et y appelle. La conversion à Dieu consiste toujours dans la découverte de sa miséricorde, c’est-à-dire de cet amour patient et doux comme l’est Dieu Créateur et Père. »
Des prêtre marchent avec vous et sont à votre disposition. N’hésitez pas à leur demander de vous aider.
Et surtout, pour bien accomplir cette démarche, adressez-vous à Marie qui est le Refuge des pécheurs. A chaque fois que nous récitons le « Je vous salue Marie », nous disons : « Priez pour nous, pauvres pécheurs ». Notre Mère nous abandonnerait-elle parce que nous sommes pécheurs ? Bien au contraire, son amour pour nous la pousse à nous tendre une main secourable pour nous tirer du danger mortel. C’est le sens des paroles qu’elle adressait à S. Dominique : « Ignores-tu, mon fils, que j’aime les pécheurs, que j’en prends soin et que je suis la distributrice des miséricordes de Dieu ? Les merveilles que tu admires dans cette femme, j’ai voulu te les révéler pour que personne ne désespère de la miséricorde de Dieu. »
Et puis Notre Dame a été si étroitement liée à l’œuvre de la Rédemption qu ‘elle ne peut que désirer ce que son Fils Jésus a voulu et réalisé sur la croix, à savoir le salut du monde.
Prions donc Marie, notre Avocate, de tourner vers nous ses yeux pleins de miséricorde. Elle nous aime et ne nous abandonnera pas.
Amen.
|