Bien chers amis, souventes fois (depuis hier ?) vous avez dû entendre que éducation vient du latin educare, élever. C’est en effet l’art de cultiver, d’exercer, de développer, de fortifier, de polir toutes les facultés physiques, intellectuelles, morales et religieuses qui constituent dans l’enfant la nature et la dignité humaines. Le grand siècle parlera de nourriture : « Nourriture passe nature« , pour dire qu’une bonne éducation corrige les défauts d’un mauvais naturel.
Ainsi, une des finalités du mariage, fondement d’une chrétienne famille, est la génération et l’éducation des enfants : former l’homme qui est en puissance, afin qu’il puisse un jour remplir pleinement sur terre la vocation à laquelle Dieu l’appelle pour préparer sa Vie éternelle.
Rien de moins !
La grandeur de l’éducation chrétienne, c’est de le savoir, et de le mettre en pratique. Le Pape Pie XI enseignait : « La fin propre et immédiate de l’éducation chrétienne est de concourir à l’action de la grâce divine dans la formation du véritable et parfait chrétien, c’est-à-dire à la formation du Christ lui-même dans les hommes régénérés par le baptême, suivant l’expression
saisissante de l’Apôtre : Mes petits enfants pour qui j’éprouve de nouveau les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous (Gal. IV, 19). […] Il s’ensuit que l’éducation chrétienne embrasse la vie humaine sous toutes ses formes : sensible et spirituelle, intellectuelle et morale, individuelle, domestique et sociale, non certes pour la diminuer en quoi
que ce soit, mais pour l’élever, la régler, la perfectionner, d’après les exemples et la doctrine du Christ. Le vrai chrétien, fruit de l’éducation chrétienne, est donc l’homme surnaturel qui pense, juge, agit, avec constance et avec esprit de suite, suivant la droite raison éclairée par la lumière surnaturelle des exemples et de la doctrine du Christ : en d’autres termes, c’est un homme de caractère » (4)
.
Arrêtons-nous un instant. Remarquons bien que l’éducation commence par le concours à l’action de la grâce divine ! En toutes choses, l’action divine est nécessaire, mais surtout première ! L’éducation ne peut et ne doit pas être un ensemble de mondanité plus ou moins avouée, même si saint François de Sales signalait que la politesse reste « la fine fleur de la Charité ». De là, l’impérieuse nécessité du Baptême quam primum (5) . De là, la bonne habitude d’amener l’enfant à la Messe, fut-il encore non sevré, de le porter à la table de Communion pour recevoir la bénédiction particulière du prêtre… Autant de pieux usages antiques pleins de sagesse…
N’oublions pas, non plus, le bon usage du Sacrement de Pénitence pour les parents ! Lors de la préparation au mariage, le prêtre enseigne que le beau Sacrement qu’est le mariage ne pourra « agir » que si les époux vivent premièrement des Sacrements, notamment ceux de la Pénitence et de l’Eucharistie ; que la prière particulière, en couple et en famille est des plus
recommandées et recommandables…
L’enfant grandissant, il est bon qu’il sache toute la valeur de la Foi vécue et des Sacrements… Il n’a jamais été nuisible de bien connaître son catéchisme et de le « mettre en pratique », et à tout âge ! Il s’agit de cultiver : l’art de faire grandir, d’émonder, d’extirper le mauvais, de donner ce qui est nécessaire à la croissance.
Permettez-moi d’insister, en cette année de la Foi, n’oubliez pas de retrouver, de dépoussiérer et de relire vos vieux catéchismes d’antan… Vous savez, la Grâce, la prière, les Sacrements, les Vertus (théologales, cardinales, morales), les Commandements de Dieu et de l’Église, les péchés et les vices capitaux, les œuvres de Miséricorde, etc. Ce n’était pas pour vous remplir la tête, c’est important, grave, capital ! Il est vrai qu’il ne s’agit que du Salut de nos âmes…
Un danger cependant… Un bébé restera toujours un bébé, un enfant restera toujours un enfant, un ado restera toujours un adolescent, un adulte restera toujours un adulte, un vieillard restera toujours un vieillard… À chaque âge, selon le temps qui nous accordé par Dieu pour nous sanctifier, correspond un degré de conscience et de possibilité d’action : l’éducation n’est pas
tout donner en bloc. Dans cultiver, il y a la notion d’évolution, l’art de polir, l’éducation doit adoucir, orner, embellir la nature, polir le caractère, les mœurs, même la vertu : « nourriture passe nature ».
Selon la grande ordonnance de la Providence divine, notre divin Maître nous rappelle que sa vie sur terre n’a été qu’un acte d’obéissance au Père éternel (6)… Après son Ascension, le Saint-Esprit est descendu sur les Apôtres pour fonder la Sainte Église qui a reçu la mission de continuer à travailler à la sanctification des « hommes de bonne volonté ».
L’éducation, comme le signalait le Pape Pie XI, a pour mission de former la droite raison, éclairée par la lumière surnaturelle, d’après les exemples et la doctrine du Christ. Tel est, chrétien, la belle fonction de la famille : sanctifier tous et chacun de ses membres !
Accomplissant au mieux son rôle au sein du foyer, chacun sera sanctifié selon la correspondance à la Grâce…
L’Apôtre des nations parlera des courses du stade… « Ceux qui courent dans le stade courent tous » (7). Il est nécessaire que tous les chrétiens, chacun d’entre nous, soient des athlètes. Rien ne sert, dès mardi, d’user vos miroirs magiques pour leur demander si votre carrure est convenable, ou s’il est nécessaire de pratiquer quelques exercices physiques. Le grand Apôtre nous donne ce modèle pour nous exhorter à devenir des athlètes, certes, mais des athlètes de la vie spirituelle. Voici la grande réalité, au terme de notre formation nous devrons être endurants, persévérants pour être, demain, couronnés de la victoire. Nous devons être ces sportifs endurants de la vie spirituelle qui cherchent à remporter la victoire, non sur leurs concurrents mais contre celui qui voudrait qu’ils ne courent pas, contre celui qui ne préférerait pas même les voir trottiner dans la bonne direction. Lors de notre Baptême, les cloches de l’église ont retenti pour annoncer qu’un nouveau chrétien était né : le départ de la course était donné.
L’éducation religieuse, jointe à notre formation intellectuelle et humaine, doit nous en apprendre les principes, les règles à respecter durant cette course pour vivre droitement, et il nous faut maintenant courir dans le stade où Dieu nous a placés. « La vie présente est courte, nous dit saint Jean Chrysostome, et si nous ne profitons pas du moment que nous sommes encore dans
le stade, pour entreprendre les travaux de la vertu, pour fuir les filets de la malignité, c’est en vain, plus tard, que nous prétendrons nous corriger, quand le repentir ne servira de rien ».
Le Sauveur nous a couronnés dès le départ de la course « pour intimider nos adversaires et relever nos pensées, enseignait Saint Jean Chrysostome, pour qu’au souvenir de l’honneur dont Il nous a favorisés, nous évitions, en paroles ou en actions, ce qui serait indigne de Dieu ». Soyons dignes de la couronne qui nous a été un jour solennellement imposée.
Chers amis, prenons conscience de l’enjeu de la course, rachetons le temps tel Saint Paul dans son zèle enflammé pour l’amour de Jésus-Christ. Rachetons le temps, ainsi pourrons-nous peut-être l’utiliser toujours plus saintement et courir dévotement vers la porte étroite qui nous a été préparée de toute éternité.
Parents, jeunes, enfants, obéissons au Père de toute éternité, et Il nous unira à la victoire de Son Fils Unique, Notre Seigneur Jésus-Christ… qui est le modèle parfait à imiter !
Demandons à Notre Dame et à Saint Joseph de nous y aider !
Ainsi soit-il.