A l’occasion de la canonisation de St Charles de Foucauld, Notre-Dame de Chrétienté est heureuse de pouvoir placer l’ouverture et la fermeture de son pèlerinage sous la protection de ce « nouveau » saint que compte l’Eglise catholique.
Nous devons cette chance et cet honneur à une famille de pèlerins investie depuis toujours pour le pèlerinage de Chartres, notamment depuis quelques années au sein des chapitres Famille. Merci à Geoffroy et Graciane de nous livrer l’histoire de cette relique :
Nous sommes en 1902. Le Capitaine de Susbielle vient d’être nommé chef du poste de Taghit (entre Colomb-Bechar et Beni-Abbès, en Afrique du Nord). Il effectue de nombreuses tournées de reconnaissance de son secteur et rencontre à cette occasion le père Charles de Foucauld dans son ermitage de Beni–Abbès. Voici le récit exact de cette fameuse rencontre.
À mi-chemin environ entre Aïn-Sefra d’où était parti Charles de Foucauld et Beni-Abbès, se trouvent l’oasis de Taghit et la redoute (infrastructure militaire), qui commande une région dangereuse, fréquemment parcourue par des partisans en maraude. Alors que le Père de Foucauld et une petite escorte approchaient de Taghit, ils virent accourir une troupe de cavaliers. C’était le Capitaine Roger de Susbielle, commandant du poste, à la tête de son maghzen (mot qui désigne dans le langage courant et familier au Maroc, à la fois le pouvoir marocain et par extension l’administration). Prévenu de la prochaine arrivée de l’ancien lieutenant de chasseurs d’Afrique, il venait à la rencontre de celui qui se dévouait à jamais aux pauvres du désert.
En chemin, le Capitaine de Susbielle avait dit à ses hommes : « Vous allez voir un marabout français; il vient par amitié pour vous : recevez-le avec honneur. »Foucauld, reconnaissant la France, se porte vers elle, au galop, sa robe blanche flottant au vent. Il arrête son cheval à trois pas de l’officier, et répond au salut du Capitaine de Susbielle. En même temps les 15 cavaliers, fidèles à la politesse indigène, mettent pied à terre, enveloppent le marabout « qui vient par amitié pour eux » et plusieurs, ensemble, inclinés, baisent le bas de sa « gandourah » (longue tunique sans manche de toile légère portée en Afrique du Nord). Ce fut leur première rencontre.
Les liens qui unissent les deux hommes vont aller en se renforçant avec le temps. Leurs vies vont être étroitement liées compte tenu du contexte de guerre de la région. L’année suivante, en 1903, un combat oppose les Berabers (pillards nomades marocains) à un détachement de la Légion Étrangère qui se solde côté français par 36 morts et 49 blessés. Douze hommes ont pu être sauvés par le Capitaine de Susbielle qui mit en déroute les assaillants.
Charles de Foucauld, prévenu et souhaitant porter assistance aux blessés, fut escorté par les hommes du Capitaine jusqu’au lieu du drame. Il resta jour et nuit au chevet des blessés. Il se rendra également avec lui sur les lieux de l’embuscade pour bénir la tombe commune des victimes.
Devant le cœur apostolique du Père de Foucauld, le Capitaine de Susbielle dira de lui : « Il ne lui fallut pas longtemps pour les conquérir tous, par sa douceur, son dévouement de tous les instants, son aménité. ».
En signe de cette profonde amitié, Charles de Foucauld lui fit cadeau de son évangile, de son scapulaire portant le Sacré-Cœur de Jésus et de cette jolie croix qu’il avait taillée de ses mains dans un morceau de bois.