St François d’Assise eut un jour une révélation lui montrant comment il devait faire pour trouver la voie de la sainteté ; c’est Thomas de Celano, son disciple et premier biographe, qui raconte : « Il vit dans une extase une grande échelle qui allait au Ciel, en haut de laquelle était la Sainte Vierge, par qui il lui fut montré qu’il fallait monter pour arriver au Ciel. »
On peut sans doute devenir saint sans être funambule, mais on ne peut y arriver, c’est certain, sans l’aide de la Très Sainte Vierge.
Depuis sa participation étroite aux souffrances de Jésus pendant son agonie et sa mort sur la croix, il lui a été donné d’être « la puissante avocate et médiatrice du monde entier. » Dieu lui-même a disposé que le soin des âmes – c’est à dire la distribution des grâces – était le rôle de Marie. St Bernard affirme : « Aucune grâce ne vient du Ciel sur la terre sans être passée par les mains de Marie. »
Elle est l’intermédiaire indispensable, et, malgré son effacement et son humilité sur la terre, les tout premiers chrétiens l’avaient très bien compris, qui lui portaient déjà une grande vénération. En France, au XVIe siècle, le culte marial est devenu l’antidote du protestantisme, apportant la douce et tendre compagnie et aide de la Médiatrice là où le libre examen protestant ne laisse que la dure et amère solitude de l’homme face à Dieu.
Nous avons une Mère dans le Ciel, et, en plus, elle est Reine ; alors, si quelquefois nous nous demandons, comme St Maximilien Kolbe, « comment faire pour devenir saint puisque je suis faible ? » pensons à la Mère si puissante que Dieu nous a donnée pour nous guider vers le Ciel !
Il se trouve que notre Mère du Ciel, comme son Fils, a un amour de prédilection pour les plus petits. Elle aime, vraiment, notre faiblesse. N’est-ce pas la caractéristique du petit enfant, perdu quand il est tout seul ?
Nous consacrer à Marie, c’est accepter notre faiblesse et vouloir vivre de cette dépendance. Nous abandonner entre les mains de notre Mère, comme fait un petit enfant sans se poser de questions, c’est l’attitude d’âme que la Sainte Vierge aime, et elle prend un soin tout particulier des âmes qui s’abandonnent à Elle et lui sont consacrées. Voici la promesse qu’elle fit un jour à sainte Elisabeth de Hongrie mais qui est aussi pour nous : « Si tu veux être mon élève, moi je serai ta maîtresse, si tu veux être ma servante, moi je serai ta Dame. Si tu veux être ma fille, moi je veux être ta Mère ; et quand tu seras bien instruite et obéissante comme une bonne élève, une servante fidèle et une fille dévouée, je te remettrai entre les mains de mon Fils. » Peut-il y avoir une meilleure assurance de notre salut ?
Cette voie de sainteté est un moyen tout puissant et assuré et, en même temps, « une petite voie douce simple et rapide. » Elle ne requiert que cette disposition permanente d’abandon à la volonté de Dieu entre les mains de la Sainte Vierge. La consécration à la Sainte Vierge est un don total et définitif, qui crée un lien profond, intime entre la Sainte Vierge et notre âme et nous met sous sa dépendance (qui est aussi sa protection !)
Nous abandonner à Elle, c’est lui donner la possibilité d’agir en nous, d’avoir « les coudées franches » pour nous entraîner à accomplir ce qui fera de nous des saints, dociles instruments entre les mains de notre Mère qui veut pour nous ce qu’il y a de meilleur.
Pour cela, il faut de notre part cet acte de volonté qui se donne avec ferveur à son service, mais en même temps qui s’abandonne à Elle avec confiance, comme sainte Thérèse de l’Enfant Jésus le jour de sa première communion :
« Je mis tout mon cœur à lui parler, à me consacrer à Elle, comme une enfant qui se jette entre les bras de sa mère, et à lui demander de veiller sur moi. »
Cet acte de confiance signifie que nous sommes sûrs que cette consécration nous conduit, on pourrait presque dire « à notre insu », vers la sainteté ; car même si nous n’y pensons pas à tout moment, la Sainte Vierge, Elle, y pense, et dirige chacune de nos actions, dispose les circonstances, répare les chutes, etc. En toutes choses, nous pouvons agir avec cette certitude magnifique qu’Elle est, toujours, à nos côtés, prête à nous soutenir et aider avec les moyens considérables qui sont les siens, prête aussi à nous envelopper aussitôt dans son manteau quand nous croyons, pour telle ou telle raison, que rien ne va plus.
En nous consacrant à Elle, nous acquérons le réflexe de nous tourner toujours vers Elle : lui offrir ce que nous pensons être nos bonnes actions, implorer sa protection dans les difficultés et les chutes, accepter d’un cœur confiant tout ce qui nous arrive en pensant qu’elle veille à tout, nous réjouir avec Elle, imiter ses vertus.
Qu’étaient ses vertus les plus visibles sur la terre ? Dans les Évangiles, elle ne parle presque pas ; mais elle est activement présente aux moments décisifs du salut ; souvent, on la voit prier, accomplir son travail en silence, « gardant toutes ces choses dans son cœur » ; elle vit intensément de l’amour de Dieu, humble, ardente et joyeuse, et elle porte aussi les peines et soucis des autres, elle « demeure en Dieu » par le recueillement et l’esprit de prière, la fidélité.
Quand quelqu’un se consacre à la Sainte Vierge, celle-ci :
« se donne aussi tout entière et d’une manière ineffable à celui qui lui donne tout. Elle le fait s’engloutir dans l’abîme de ses grâces, elle l’orne de ses mérites, elle l’appuie de sa puissance, elle l’éclaire de sa lumière, elle l’embrase de son amour, elle lui communique ses vertus : son humilité, sa foi, sa pureté…»
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort
La consécration à la Sainte Vierge n’est pas seulement l’engagement solennel d’un jour ; c’est aussi une affaire de bonne volonté sans cesse renouvelée : et pour que cela nous devienne vraiment une disposition habituelle, le meilleur moyen est bien sûr de renouveler souvent et de tout cœur notre prière de consécration. La Sainte Vierge n’oublie jamais ; mais nous ? En renouvelant notre consécration, nous retrouvons nos forces ; notre fidélité entraîne notre docilité et c’est cela qui est le plus important : nous abandonner entre les mains de notre Mère, cela peut être quelquefois renoncer à notre volonté propre qui n’est qu’humaine pour nous laisser entraîner par notre Mère vers ce qui est surnaturel mais que nous n’avions pas d’emblée reconnu comme tel. La Sainte Vierge peut ainsi nous entraîner sur des chemins escarpés et qui pourraient nous terroriser si nous étions seuls : mais ne vaut-il pas mieux marcher vers les cimes en sa compagnie que d’être tout seuls dans les mornes chemins de la plaine ?
A La Salette, Elle disait :
« Que votre zèle vous rende comme des affamés pour la gloire et l’honneur de Jésus-Christ ? Combattez, enfants de lumière ! … »
Dans cette lumière, Elle est toujours à nos côtés, et tout particulièrement si nous lui sommes consacrés