Il est bien évident que chacun a sa méthode, souvent éprouvée. Il s’agit ici, simplement, de rappeler quelques principes directeurs, et de suggérer quelques pistes pédagogiques.
- Aspect spirituel :
Principe : c’est Dieu qu’on doit donner aux pèlerins, non pas nous-mêmes. Donc, laisser Dieu lui-même parler et agir avant, pendant, après, en récitant intérieurement une courte prière, par exemple :
Avant : « Esprit-Saint, vous connaissez d’avance ceux qui vont m’entendre, quels sont leurs besoins, leurs blessures, ce que vous voulez leur donner par mes pauvres propos -quel honneur ! – Alors, guidez mes lectures, ma réflexion et le choix de mes mots, afin que tout cela profite à ces âmes…. Et à vous ! Peu importe ma gloire ou ma honte… ».
Avant : « Esprit-Saint, vous connaissez d’avance ceux qui vont m’entendre, quels sont leurs besoins, leurs blessures, ce que vous voulez leur donner par mes pauvres propos -quel honneur ! – Alors, guidez mes lectures, ma réflexion et le choix de mes mots, afin que tout cela profite à ces âmes…. Et à vous ! Peu importe ma gloire ou ma honte… ».
Pendant (juste avant de prendre le micro prendre son temps pour poser un regard sur chaque pèlerin) : « Jésus, donnez-moi votre Sacré-Cœur pour les aimer. Et moi, je vous donne mes lèvres pour leur parler. »
Après : « Merci Seigneur, pour cet honneur d’avoir été appelé à parler en votre Nom. Maintenant, c’est à Vous de jouer ! ‘Vous pouvez laisser votre serviteur aller en paix’. Et faites que je vive ce que j’ai prêché ! »
- Aspect doctrinal :
Principe : Chaque dizaine a deux dimensions : le mystère, et son fruit. Ne pas oublier non plus cette recommandation du Bienheureux Jean-Paul II : « le centre de l’Ave Maria est le nom de Jésus ». Il faut donc mettre en valeur le nom de « Jésus », en marquant une légère pause.
Le ‘mystique’ aura tendance à se perdre en contemplation, certes belle, mais en oubliant de rejoindre le pèlerin, et de lui proposer une conclusion pratique. C’est dommage, car un pèlerinage de Chrétienté entend incarner le spirituel dans le concret de la vie.
À l’inverse, le diplomate ne cherchera qu’à amadouer son auditoire, quitte à édulcorer l’exigence de l’Évangile.
Quant au moraliste, il se contentera de développer le fruit (par exemple en faisant un véritable sermon sur l’humilité).
Tout cela est regrettable, car on perd de vue l’essentiel : Dieu et le Ciel !
En pratique donc, pour introduire une dizaine de chapelets, prenons le pèlerin par une petite accroche là où il en est, et, ce qui est essentiel, introduisons-le en plein mystère, où il sera illuminé, réchauffé et fortifié. Et fort de tout cela, il pourra recevoir en conclusion, une brève exhortation pratique, et une intention concrète de prière.
Exemple pour le 1er mystère Joyeux : l’Annonciation
Présentation du mystère : « Qu’il est grand ce Dieu, de s’abaisser devant Marie ! Qu’il est noble, l’archange fait humble messager ! Qu’elle est belle, la Mère de Dieu se proclamant ‘servante du Seigneur’ ! Qu’il est adorable celui qui gît tout petit dans son sein !… »
Exhortation pratique : « Alors, mes amis, n’ayons pas peur de nous faire petit quand c’est pour la gloire de Dieu ; et si tout à l’heure au bivouac nous rendons un service, cherchons à le cacher aux yeux des hommes pour que notre action soit grande devant Dieu et ses anges ! »
Intention de prière : « Nous prierons plus particulièrement dans cette dizaine, pour nos frères et sœurs chrétiens persécutés dans le monde, ces tout petits aux yeux de leurs bourreaux, ces géants aux yeux de Dieu. »
- Aspect prudentiel :
Principe : la prudence est l’art d’adapter l’idéal aux circonstances, le nécessaire au possible, en fonction :
Des personnes : on ne parle pas de la même manière à des étudiants qu’à des adolescents ou qu’à des enfants, à des tradis de souche qu’à un chapitre composé de nouveaux pèlerins peu ou pas pratiquant
Du temps : en général, 2mn ou 3mn de méditation suffisent pour jeter un rayon de lumière et mettre le feu. Marie fait le reste. Dépasser cette durée, c’est souvent s’écouter soi-même et lasser les autres. Par ailleurs, le samedi ou le dimanche matin, on peut être doctrinal ou mystique. Mais, le dimanche après-midi, soyons hyper simple et concret voire… comique ! Alors, le lundi, nous pourrons être enflammés !!
Des lieux : pas de grand discours quand la colonne s’étire (côtes) ou s’étale (sous-bois). Mais une belle histoire peut à l’inverse rassembler le troupeau… À l’arrivée (pause ou bivouac), plutôt chanter sa dizaine de chapelet que le dire (pour la fierté) ! Et comme Jésus, se servir des merveilleux paysages traversés pour illustrer le propos.
Du thème : les mêmes mystères reviennent chaque année, au risque de lasser. Essayer donc de les contempler en lien avec le thème ou le saint du jour. Thème et mystère s’éclaireront ainsi mutuellement et les méditations ainsi seront variées.
À titre d’exemple, reprenons le 1er mystère joyeux, en fonction du thème et du moment où se récite le chapelet : nous sommes le samedi matin, un peu avant d’arriver au Parc Henri Sellier, le thème du jour a été annoncé et la méditation sur Saint Thomas vient d’être faite.
Présentation du mystère : « : « Qu’il est grand ce Dieu, de s’abaisser devant Marie, Lui le créateur, le Dieu Tout Puissant qui a fait le ciel et la terre.. »
Exhortation pratique : « les méditations qui vont suivre nous feront découvrir l’insondable mystère de Dieu Un et Trine. Nous nous efforcerons de comprendre ce que Dieu attend de nous, pour qu’à notre tour nous sachions comme Marie dire un ‘Fiat’ à sa Volonté. »
Intention de prière : nous prierons particulièrement pour les pèlerins qui ont le plus de difficultés à entrer humblement dans la compréhension des mystères divins. Demandons à Saint Thomas d’Aquin, de nous aider à mieux comprendre l’enseignement que l’Église nous donne sur ces mystères.
Bonnes méditations !
Un converti du pèlerinage de Chartres.