Le pèlerinage, cette antique dévotion à laquelle Notre-Seigneur Lui-même participait, particulièrement à la fin de son ministère public lors de sa monté à Jérusalem pour la fête de la Pâque juive, nous permet de quitter les habitudes ordinaires de notre vie quotidienne pour rejoindre un lieu saint par la prière et la pénitence. Grâce au pèlerinage, Notre-Seigneur nous dévoile la nature extraordinaire de notre vie ordinaire, parce que, en effet, Il est toujours avec nous, parce qu’Il demeure en nous par l’effusion de l’Esprit-Saint dans nos cœurs, à partir de Son glorieux Cœur transpercé. Par la prière et la pénitence, quintessence du pèlerinage, nous recevons la grâce de connaître plus profondément et d’embrasser plus entièrement la Foi, notre vie dans le Christ, et de faire réparation pour ce qui a été contraire à cette vertu en nos vies personnelles et dans le monde.
La grâce de rencontrer Notre-Seigneur au cours du pèlerinage est, en même temps celle de rencontrer nos frères et sœurs en Lui, dans Son Corps Mystique, l’Église. Lors d’un pèlerinage, nous devenons plus profondément conscients de notre communion fraternelle dans le Seigneur. Nous offrons notre prière et notre pénitence pour notre prochain qui marche à notre côté, pour ceux qui nous ont confié des intentions et pour le salut du monde.
En faisant le pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté pendant cette année du centenaire des apparitions de Notre-Dame à Fatima au Portugal, nous entendons, d’une façon particulière, l’appel de son Cœur Immaculé. Elle nous y accompagne, plaçant nos propres cœurs près du sien, pour nous permettre de les placer totalement, unis avec son Cœur Immaculé, dans le glorieux Cœur transpercé de Jésus, son Fils Divin. Comme elle l’a fait avec les sommeliers en détresse des noces de Cana, la Vierge Marie nous mène au Christ, nous qui subissons tant de tentations et privations dans le monde, par ce conseil maternel : « faites tout ce qu’il vous dit ».
À Fatima, la Mère de Dieu, donnée à chacun de nous comme notre Mère par son divin Fils au moment de sa mort sur la Croix, nous avertit aussi bien des punitions physiques associées à la désobéissance de l’homme envers Dieu, que des punitions spirituelles infiniment plus horribles, la mort éternelle en fin de compte, qui est le résultat du péché grave. Par ses petits messagers, les saints bergers Francisco et Jacinta Marto et la Servante de Dieu Lucia dos Santos, la Sainte Vierge nous enseigne encore une fois que seule la Foi qui place, par la médiation de son Cœur Immaculé, l’homme dans la relation d’unité de cœur avec le Sacré-Cœur de Jésus, peut sauver l’homme des punitions que la rébellion contre Dieu apporte nécessairement tant aux pécheurs, à l’ensemble de la société et qu’à l’Eglise.
La Mère de la Grâce Divine nous presse et nous assiste par ses prières, nous garantissant du triomphe de la Foi, de celui de son Cœur Immaculé, qui mettra fin aux temps d’apostasie et aux grands défauts des pasteurs de l’Eglise. En ces temps troublés pour le monde et pour l’Eglise, prions particulièrement, par l’intercession de Notre Dame de Fatima, pour une nouvelle évangélisation dans l’Eglise et dans le monde, pour que les vérités de la Foi puissent s’étendre jusqu’aux confins de la terre et dans les profondeurs de chaque cœur humain.
Prions fidèlement le saint rosaire pour la restauration dans la société et dans l’Eglise de l’ordre juste en accord avec la Loi Divine. Imitons nos frères et sœurs dans la Foi qui, en 1571, avant la menace d’une invasion islamique de l’Europe, ont prié le saint rosaire, sur les conseils du saint pape Pie V. Par l’intercession de la Sainte Vierge Marie, le 7 octobre de cette même année, Dieu accorda à la Chrétienté la miraculeuse victoire de la bataille de Lépante. A partir de cet événement, l’Eglise commença à célébrer fidèlement le jour du 7 octobre comme fête de Notre-Dame des Victoires, devenant plus tard la solennité de Notre-Dame du Saint Rosaire. A nous aussi, par l’intercession de Notre Dame de Fatima, Notre Dame du Rosaire, Dieu accordera la victoire sur Satan, « meurtrier depuis le commencement », « menteur et père du mensonge » et sur ses cohortes qui veulent détruire l’Eglise et toute l’humanité.
Aujourd’hui nous continuons notre méditation sur le grand mystère de la Pentecôte, profond mystère de l’effusion du don septuple de l’Esprit-Saint dans nos cœurs à partir du glorieux Cœur transpercé de Jésus, pour le salut de nos âmes et la conversion du monde. C’est ce grand mystère que l’Eglise honore par la célébration solennelle de l’Octave de Pentecôte. La Pentecôte est au centre de la Foi : mystère de l’amour incommensurable et incessant de Dieu pour nous, qui, en envoyant son Fils Unique dans le monde pour souffrir, mourir, ressusciter et monter à sa droite, Lui permet de partager avec nous pour toujours la Vie Divine, la vie de l’Esprit-Saint, dans l’Eglise. Ce mystère célébré avec une beauté incomparable dans la Liturgie Sacrée et, particulièrement dans ce lieu saint – cette magnifique cathédrale – qui, dans chacun de ses détails, manifeste l’histoire de l’Amour Divin dans sa richesse infinie.
Aujourd’hui, lundi dans l’Octave de Pentecôte, notre sainte mère l’Eglise nous invite à réfléchir sur le don de la Foi, comme vertu théologale, infusée par Dieu dans nos âmes. L’épître, tirée des Actes des Apôtres, rappelle la rencontre de saint Pierre avec plusieurs Gentils dans la maison de Cornelius. Saint Pierre, annonçant la vérité de la Foi, la vérité de la Passion, Mort, Résurrection et Ascension de Notre-Seigneur Jésus Christ, leur déclare : « Et (le Seigneur) nous a commandé de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui que Dieu a établi juge des vivants et des morts. Tous les prophètes rendent de Lui ce témoignage, que tout homme qui croit en Lui reçoit par son nom la rémission de ses péchés ».
A la prédication de saint Pierre, Dieu répandit sur « tous ceux qui écoutaient la parole » la grâce de la Foi, la grâce du Saint-Esprit, afin qu’ils commencent à louer Dieu pour le mystère de son Amour. Immédiatement, le chef des apôtres commande « de les baptiser au nom du Seigneur Jésus-Christ ». Méditant sur ce point, nous sommes guidés, comme Dom Prosper Guéranger nous y invite dans son commentaire sur la fête d’aujourd’hui, à remercier Dieu pour la grâce de la Foi infusée dans nos cœurs et à Le louer.
Dans l’Evangile, Notre-Seigneur instruit Nicodème sur la Foi comme le seul chemin menant à la vie éternelle. La Foi, en effet, est le fondement irremplaçable de communion avec le Père dans le Fils par l’Esprit-Saint. Ainsi Jésus enseigne à Nicodème : « En effet, Dieu a tellement aimé le monde, qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui ».
Dans sa réflexion sur cet Evangile, Dom Guéranger écrit : « Cependant la foi est le premier lien avec Dieu ; c’est par la foi, nous dit l’Apôtre, que l’on approche de Dieu, et qu’on lui demeure attaché. Telle est l’importance de la foi, que le Seigneur vient de nous dire que celui qui croit n’est pas jugé. En effet, celui qui croit dans le sens de notre Evangile, n’adhère pas seulement à une doctrine ; il croit, parce qu’il se soumet de cœur et d’esprit, parce qu’il veut aimer ce qu’il croit. La foi opère par la charité qui la complète, mais elle est un avant-goût de la charité ; et c’est pour cela que le Seigneur promet déjà le salut à celui qui croit ».
Notre vie dans le Christ trouve vraiment ses racines dans la vérité de la Foi qui s’exprime nécessairement dans la charité.
Notre-Seigneur continue son enseignement en expliquant que le rejet de la Foi ne signifie rien d’autre que la préférence de l’obscurité du mal à la lumière du bien, c’est-à-dire le rejet de la source même de toute la bonté : Dieu qui a pris notre nature humaine pour nous libérer de la noirceur du péché et de la mort éternelle. Il dit à Nicodème : « Or, voici quel est le jugement : c’est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait le mal, hait la lumière, de peur que ses œuvres ne soient blâmées. Mais celui qui accomplit la vérité, vient à la lumière, de sorte que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu ».
Puisse notre pèlerinage et, plus particulièrement, notre participation au sacrifice eucharistique, nous purifier aujourd’hui de tout attachement à ce qui est contraire à la Foi et nous mener toujours plus sûrement et fermement sur le chemin du Christ qui Seul est notre Lumière.
La sainte Liturgie, notre adoration de Dieu « en esprit et en vérité, » est la plus riche et la plus parfaite rencontre avec Jésus-Christ qui est notre Lumière. C’est l’expression la plus excellente de notre vie en Lui par la présence de l’Esprit-Saint ; une vie qui nous conduit plus que jamais dans la Lumière, dans ce qui est vrai, bon et beau. Nous préparant à célébrer, le 7 juillet prochain, le dixième anniversaire de la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum, remercions Dieu pour la discipline liturgique qu’il a établie, permettant à l’Eglise entière de toujours apprécier le précieux don de la sacrée Liturgie comme elle nous a été transmise de manière intacte par la Tradition, par les Apôtres et leurs successeurs. Au terme du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté, je vous invite à participer au prochain pèlerinage Summorum Pontificum du 14 au 16 septembre 2017 à Rome comme une suite de ces jours saints, approfondissant votre connaissance et votre amour du Sauveur, venant à sa rencontre dans la sainte Liturgie et par-dessus tout, dans le saint sacrifice de la Messe.
Unis au Cœur Immaculé de Marie, élevons maintenant nos cœurs vers le glorieux Cœur transpercé de Jésus, ouvert pour les recevoir par le sacrifice eucharistique. Puisse notre pèlerinage être source de grâces pour notre pèlerinage quotidien vers notre véritable et pérenne maison qui est le Ciel. Puissent la prière et le sacrifice qui ont rendu profitable notre pèlerinage, porter des fruits chaque jour de nos vies, pour que soit clair pour tous que « nos actions sont faites en Dieu ».