VIENS… SUIS-MOI

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Le Christ continue de compter sur vous pour répondre à l’appel

Certains disent que la diminution du nombre des vocations sacerdotales est une chance pour l’Eglise. Les laïcs trouveraient ainsi l’occasion de s’investir plus à fond dans les paroisses pour tenir la place laissée vide par les prêtres. Quant à la vie religieuse, elle ne serait plus adaptée aux besoins actuels de l’Église : l’évangélisation demande des témoins au milieu du monde, alors pourquoi vivre au sein d’une communauté et s’astreindre au célibat ? On ne doit pas mettre la lumière sous le boisseau, alors pourquoi se cacher dans un cloître ? D’ailleurs nos contemporains n’auraient pas, à 20 ans, la maturité suffisante pour engager leur vie entière en entrant au séminaire ou au couvent !

Ces propos se heurtent de plein fouet à l’Evangile. Notre-Seigneur y a prononcé des paroles qui n’ont pas d’âge. Tout pèlerin de Chartres peut, en les relisant aujourd’hui sous l’élan de l’Esprit de Pentecôte, y découvrir un appel qui le concerne personnellement. « Lorsqu’il fit jour, il appela ses disciples et il en choisit douze qu’il nomma apôtres » (Luc 6, 13). « Allez, de toutes les nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matth 28,19-20). « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel, puis viens, suis-moi » (Matth. 19,21). « Tous ne comprennent pas ce langage, mais ceux-là seuls à qui c’est donné:.(…) Il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels en vue du Royaume des Cieux. Qui peut comprendre, qu’il comprenne » (Matth. 19,11-12).

Le Christ continue de compter sur vous pour répondre à l’appel. Son Église aussi. Celui qui en est le chef visible ici-bas ne cesse de le rappeler depuis le début de son pontificat. Ecoutez donc la voix de Sa Sainteté Jean Paul II faisant écho à l’Evangile : « Je m’adresse surtout à chacun de vous, jeunes et moins jeunes, qui vous trouvez au moment décisif de votre choix pour la vie. J’aimerais vous rencontrer chacun personnellement, vous appeler par votre nom, vous parler de cœur à cœur de choses extrêmement importantes, non seulement pour vous, individuellement, mais pour l’humanité entière.. J’aimerais vous poser une question, à chacun : Que vas-tu faire de ta vie ? Quels sont tes projets? As-tu songé parfois à donner totalement ton existence au Christ? Crois-tu qu’il puisse y avoir quelque chose de plus grand que de porter Jésus aux hommes et les hommes à Jésus? » (13 mai 1994). « Ces appels ne sont pas imposés comme un ordre soudain venu de loin. La voix du Seigneur c’est sa présence en vous par le baptême, c’est sa présence dans vos frères et dans toute la communauté ecclésiale. qui attend les prêtres et les religieux dont elle a besoin » (29 avril 1989).

L’Église a besoin de prêtres, elle a besoin de beaucoup de saints prêtres : « La vocation sacerdotale est essentiellement un appel à la sainteté (…) chacun doit être saint pour aider les autres à suivre leur vocation à la sainteté » (9 octobre 1984). « Vous évangéliserez, vous vous consacrerez à la catéchèse des enfants et des adultes ; vous serez toujours prêts à célébrer le sacrement de la réconciliation, vous visiterez les malades et aiderez les pauvres, étant tout à tous pour les gagner tous » (8 novembre 1982). « Le monde regarde le prêtre; parce qu’il regarde Jésus ! Personne ne peut voir le Christ, mais tous voient le prêtre et, à travers lui, ils veulent voir le Seigneur ! Qu’elle est immense la grandeur et la dignité du sacerdoce ! » (13 décembre 1987). « N’oubliez pas et ne négligez pas le sacrement de consécration qui distingue votre sacerdoce. Etre un de plus dans la profession, dans le style de vie, dans la manière de se vêtir, dans l’engagement politique, ne vous aiderait pas à réaliser pleinement votre mission, vous tromperiez vos fidèles qui veulent que vous soyez totalement prêtres » (8 novembre 1982), « Il y a deux ans que je suis Pape ; plus de vingt ans que je suis évêque, et cependant le plus important pour moi demeure toujours le fait d’être prêtre le fait de pouvoir célébrer chaque jour l’Eucharistie » (1er juin 1980).

L’Eglise a aussi besoin de religieux et de religieuses voués à l’apostolat, ainsi que de moines et de moniales qui, par leur vie, entièrement offerte, soient des signes de l’absolu de Dieu : « Une vocation religieuse est un don librement offert et librement accepté (.,.) Vous êtes appelés à faire cela dans la consécration religieuse par la profession des conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance » (13 septembre 1987). « Les conseils évangéliques, tels qu’ils ont toujours été compris dans l’Église, peuvent paraître aujourd’hui une folie pour beaucoup, incapables de comprendre la sagesse des choses de Dieu. C’est folie, en effet, mais une heureuse folie d’amour » (18 octobre 1991). « La vie contemplative, a occupé et continuera à occuper une place d’honneur dans l’Eglise » (1er novembre 1982) « Quitter le monde pour se consacrer, dans la solitude, à une prière plus profonde et constante, n’est qu’une manière particulière d’être apôtre » (13 septembre 1987). « La fécondité apostolique de votre vie contemplative procède de la grâce du Christ, qui assume et intègre votre oblation totale. Dans le Cloître. (..,) comme des sarments greffés sur le Christ, vous pouvez porter beaucoup de fruits à partir de l’admirable et mystérieuse réalité de la communion des saints » (1er novembre 1952).

Si la voix du Christ et de l’Eglise continuent d’appeler la jeunesse, pourquoi le nombre des vocations diminue-t-il ? Le Pape nous suggère la réponse: « Peut-être le Christ vous demande-t-il davantage d’amour, davantage de générosité, davantage de sacrifice ? Oui l’amour du Christ exige générosité et sacrifice » (22 novembre 1986). Il ne viendrait d’ailleurs à l’esprit de personne que la vocation puisse prendre la forme d’une sentence impérative tombée du ciel.

« Tu seras religieux ! ». Elle est plutôt l’aboutissement d’un itinéraire que le Pape décrit en trois étapes :

  • 1 – Une découverte : « une vocation dans l’Eglise, d’un point de vue humain, commence par une découverte : celle d’une perle de grande valeur. Vous découvrez Jésus, sa personne, son message son appel. »
  • 2 – Un dialogue : « Après la première découverte, suit dans la prière un dialogue, entre Jésus et l’appelé; un dialogue qui va au-delà des mots et s’exprime dans l’amour » (13 septembre 1987).
  • 3.- Une décision : Ce dialogue pousse à « une décision ferme de conversion, en avançant avec générosité dans la foi, l’espérance et l’amour » (18 mars 1989).

Face aux difficultés de cette nécessaire conversion du cœur la tentation est de s’effrayer et de se décourager : En suis-je capable ? se dit-on. « Ce n’est pas facile! Parfois on a besoin de beaucoup de courage pour aller à contre-courant de la mode ou de la mentalité de ce monde (…) Si malgré votre effort pour suivre le Christ, vous êtes faible et n’accomplissez pas les commandements : ne vous découragez pas ! Le Christ vous attend ! Lui, Jésus, est le bon Pasteur qui prend sur lui la brebis perdue et s’occupe d’elle avec affection pour qu’elle guérisse. Le. Christ est l’ami qui ne déçoit jamais » (18 mai 1989). « Ne pas avoir peur : voilà l’élément constitutif de la vocation. L’homme a peur. Cette peur révèle un sens de responsabilité, mais non pas une responsabilité mûrie. Il faut vaincre la peur pour parvenir à une responsabilité mûre » (25 mars 1982), « Si quelqu’un parmi vous ressent cet appel à suivre Jésus de plus près … qu’il soit généreux, qu’il n’ait pas peur, car il n’y a rien à craindre lorsque la récompense qu’on attend c’est Dieu lui-même » (18 mai 1989). Apprenez-nous à nous dépenser sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que nous faisons votre sainte volonté, dit la prière scoute.

Mais enfin, même avec la meilleure générosité du monde, vous pouvez avoir du mal à voir où le Seigneur veut vous mener. Vous ressentez un appel à le suivre, mais où et comment ? Pour y voir clair le Pape vous donne trois conseils :

  • 1 – Les Sacrements : « Vivez pleinement l’Eucharistie; soyez des personnes pour qui la Sainte Messe, la communion, l’adoration sont le centre et le sommet de la vie » (8 novembre 1982). « Ayez régulièrement recours au sacrement de la réconciliation, qui est une source inépuisable de conversion et de renouveau » (15 octobre 1991). « Le sacrement de pénitence est un moyen d’une efficacité singulière pour la croissance spirituelle » (11 avril 1984).
  • 2 –La prière « Méditez dans le recueillement et dans la prière le choix que vous allez faire. Si la voix du Seigneur retentit au plus intime de votre cœur, écoutez-le » (26 avril 1981). « Vivez pleinement les pratiques de la méditation, de la lecture spirituelle, de l’examen de conscience et des dévotions recommandées par l’Eglise, et particulièrement l’amour filial envers la Très Sainte Vierge Marie » (15 octobre 1991).
  • 3.-La direction spirituelle : « Parmi les prêtres qui jouissent de l’approbation de leur évêque, cherchez un directeur spirituel qui vous assiste dans cet apprentissage, Entretenez-vous régulièrement avec lui » (15 octobre, 1991). « La direction spirituelle (…) aide à surmonter le danger de l’arbitraire au moment de connaître et de décider de sa propre vocation à la lumière de Dieu » (il avril 1987).

Pèlerins, si Dieu vous a mis aujourd’hui sur la route de Chartres, c’est peut-être pour vous donner l’occasion de rencontrer un prêtre qui vous éclairera sur votre vocation. Ayez le courage d’en parler avec lui. Demain il sera peut-être trop tard : « Je n’ai jamais douté que la période la plus importante et la plus propice pour écouter, discerner et suivre la voie du Seigneur est la jeunesse, un âge où l’être humain s’ouvre avec une plus grande générosité à la possibilité d’un don total » (23 mai 1994).

Un moine
Abbaye Notre-Dame de Triors

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