La vocation, c’est essentiellement « L’APPEL » que Dieu prend l’initiative d’adresser à chaque baptisé : « Viens et suis-moi….Soyez parfaits comme votre Père du ciel est parfait ! »
Pour chacun d’entre nous, frères pèlerins, la réponse personnelle que nous adressons à cet appel constitue NOTRE vocation.
Mais est-il certain que Dieu appelle ainsi TOUS les hommes ? Oui, puisqu’il est notre Créateur et que Sa Bonté infinie désire faire partager une éternité de bonheur à ceux qu’il a créés « à son image et à sa ressemblance »…
D’où la parfaite définition de St Ignace quant à notre destinée. « L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu Notre Seigneur et par ce moyen sauver son âme. » (Exercices Spirituels N°23).
Cela signifie à l’évidence que notre destinée éternelle sera d’autant mieux assurée et réussie que nous aurons commencé, dès ici-bas, à rechercher et réaliser dans notre devoir d’état la louange, l’honneur et le service de Dieu.
Nous savons d’expérience, frères pèlerins, que cette vocation n’est pas accessible à nos seules forces humaines : il nous faut le secours de la grâce divine qui ne s’obtient que par la PRIERE. Vous comprenez alors pourquoi la réflexion sur notre vocation – à l’orée de cette 2ème étape du pèlerinage, « jour du Seigneur » de surcroît… »s’élabore au cœur-même d’une longue méditation sur la nécessité de la prière. A la définition Ignatienne citée ci-dessus, il convient donc d’unir la vigoureuse affirmation de St Alphonse de Ligori : « Celui qui ne prie pas se damne, celui qui prie se sauve ! »
Mais réfléchissons plus loin que nos personnes et nous découvrirons alors que c’est au carrefour de la prière que doivent se rejoindre notre vocation personnelle et la vocation de nos nations. « Chrétienté, Vocation de la France » ? Oui, certes, mais plus encore : « Chrétienté, Vocation des Nations »!
Qu’est-ce, en effet, qu’une « chrétienté » ? C’est une société dont tous les membres, irrigués et fécondés par la grâce de leur baptême, essayent ensemble de construire afin de faire progresser le REGNE SOCIAL de NOTRE SEIGNEUR JESUS CHRIST : « Tout instaurer – sur le Christ », selon la belle devise de St Pie X.
Un chrétien – un « christien » -, c’est un pauvre être humain (parce que pécheur,..) qui, se laissant envahir par la grâce divine, essaye chaque jour davantage d’imiter Jésus dans ses pensées, ses paroles et ses actes.
Comment voulez-vous que cette disposition, cette attitude, n’en vienne peu à peu à « rayonner » sur la communauté des personnes au milieu desquelles vit ce chrétien ? C’est une vérité historique merveilleusement illustrée par la vie de tous les Saints de nos patries terrestres. Tous, sans exception, ont puisé au cœur d’une prière constante les grâces nécessaires à l’accomplissement de leur tâche terrestre dans le temps et les circonstances où Dieu les avait placés. Tous, grâce à la prière, pouvaient reprendre à leur compte l’audacieuse affirmation de St Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ! »
Peut-être est-ce dans la Sainteté « au féminin » qu’apparaît le mieux l’action divine au cœur de la fragilité humaine : Geneviève, Jeanne d’Arc, Marguerite-Marie. Bernadette, Thérèse, et tant d’autres, ont passé beaucoup plus de temps à prier qu’à agir dans la cité, et c’est en raison même de cette priorité, voire même de cette exclusivité de la prière que leur vie a connu cette fécondité étonnante dont le sillage lumineux nous ensemence encore…
C’est toute l’histoire de la sainteté qui INCARNE en de multiples exemples le PRIMAT de la PRIERE au cœur de l’agir chrétien…
Cette réussite de la vocation des Saints doit être aussi la nôtre, frères pèlerins, au même prix ! Et la vocation de nos patries n’aura de réalité et de fécondité que dans la mesure ou chaque baptisé saura « ANIMER » de la prière toutes les responsabilités des créneaux de nos cités terrestres.
II y aura 60 ans cette année, frères pèlerins, que le 13 Juillet 1937 à Notre-Dame de Paris, le Cardinal PACELLI (futur Pie XII) adressait aux catholiques français cet avertissement solennel « Soyez fidèles à votre traditionnelle vocation… (le Pape vient d’évoquer les Saints de France…) Jamais heure n’a été plus grave pour vous en imposer le devoir, jamais heure plus belle pour y répondre… Ne laissez pas s’étioler les dons que Dieu a adaptés à la mission qu’il vous confie….Mais pour cela, PRIEZ…. Sinon vous ne feriez qu’œuvre humaine….vouée à la stérilité en face des forces adverses… »
Qu’avons-nous fait de cet avertissement ? Et nous osons encore nous étonner d’une décadence qui n’a fait que s’accentuer…! Il est temps de nous réveiller, frères pèlerins et de répondre par la conversion et l’élan missionnaire de chacun à l’appel pressant que nous a réitéré plusieurs fois – comme en écho de Pie XII – notre Pape Jean-Paul II : « France, fille année de l’Eglise, qu’as-tu fait des promesses de ton Baptême ? »
La mission, la « vocation » de la France – les Souverains Pontifes l’ont souvent rappelé- c’est d’aider et soutenir l’Eglise dans sa mission rédemptrice : n’est-ce pas spécifiquement le rôle d’une « fille aînée » dans une famille que d’aider sa Mère ?
C’est aussi la mission que nous avons tous, chacun à notre place dans notre devoir d’état quotidien. Comment voulez-vous que cette mission se réalise sans être imprégné de prière.
Alors, frères Pèlerins, galvanisons nos énergies aux sources de la grâce et au souffle de l’Esprit Saint dans une prière continuelle : « Il faut prier sans cesse sans jamais vous lasser » nous rappelle Jésus !
Pour que demain « France et Chrétienté » renaissent, pour que nos patries et nos personnes répondent à leur VOCATION, faisons NOTRE – en l’adaptant à notre propos…- l’interpellation hardie qui achève le baptême des promotions de St Cyriens…
Oui, écoutons tous nos Saints protecteurs groupés autour de Notre-Dame nous clamer avec véhémence :
« A GENOUX LES HOMMES ! DEBOUT LA FRANCE ! »
Frère MARTIN prêtre pèlerin