FAMILLE ET MARIAGE : LOI NATURELLE ET SACREMENT (2)
Le thème du pèlerinage de la Pentecôte 1991 « Le Christ, notre liberté« , invitait à orienter les réflexions autour de Famille, Eglise domestique, et reprenant les termes de Jean-Paul II dans « Familiaris Consortio » nous développions les trois aspects de la mission de la famille, cellule d’Eglise : mission sacerdotale
prophétique et royale.
Le thème de la Pentecôte 1992 nous oriente vers la source de la famille : Le mariage. Ce thème, centré sur le décalogue, relève de la Loi naturelle, cette loi qui exprime le projet de Dieu sur l’homme et qui lui permet de discerner son véritable bien. « Dieu, en créant le monde, y inscrit les règles d’un fonctionnement harmonieux; en créant l’homme à Son image et à Sa ressemblance, il inscrit dans le coeur de celui-ci la loi de son propre développement et le rend capable de découvrir cette loi, plus ou moins clairement, par lui-même, par la lumière de sa raison » (3).
Saint Augustin n’a pas craint de dire que le Décalogue était le sommaire abrégé de la loi naturelle. Et en effet : « il n’y a rien dans la loi naturelle qui ne se ramène à l’un des dix Commandements du Décalogue« . Le Décalogue est à la loi naturelle ce que le petit catéchisme est à la foi chrétienne. Ceci dit, la confirmation de la loi naturelle par la Révélation ne se limite pas au Décalogue.
D’autres textes de l’Ecriture Sainte, de l’Evangile, apportent directement ou indirectement cette confirmation.
C’est à la lumière de ces textes (et notamment de la Genèse pour l’Ancien Testament) et de l’interprétation qu’en a donnée le Christ puis l’Eglise que nous exposerons l’enseignement que résument les 6e et 9e
Commandements.
L’expression « loi naturelle » souligne que les principes qui peuvent ainsi être découverts et reconnus par tous sont pour tous les hommes, tous les temps, tous les lieux, toutes les cultures, toutes les situations. Il est capital de souligner ce point aujourd’hui, dans un monde aux habitudes immorales; ces habitudes
sont en fait « inhumaines ».
La loi naturelle doit être distinguée des lois ecclésiastiques ou canoniques; elle doit également être distinguée des préceptes que le Christ a donnés au sujet des sacrements. Cependant, en ce qui concerne le mariage, il
s’agit d’un sacrement lié à une institution naturelle, liée à la nature de l’homme.
C’est une très grande différence avec tous les autres sacrements. Ainsi, étant conduits par le Décalogue à considérer le mariage dans le dessein du Créateur, nous devrons éclairer cette réflexion par la lumière de la Nouvelle Alliance (4).
DES L’ORIGINE. LE CREATEUR LES FIT HOMME ET FEMME
Saint Mathieu rapporte (19-3.12) que le Christ Lui-même a rappelé la place du mariage dans l’ordre naturel :
« Des Pharisiens s’approchèrent de lui et lui dirent, pour le mettre à l’épreuve : « Est-il permis de répudier sa femme pour n’importe quel motif? ». Il répondit : « N’avez-vous pas lu que le Créateur, dès l’origine, les fit homme et femme, et qu’il a dit : Ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair? Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien! ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer.
– Pourquoi donc, lui disent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner un acte de divorce, quand on répudie?
– C’est, leur dit-il, en raison de votre dureté de coeur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes; mais à l’origine il n’en était pas ainsi. Or je vous le dis : quiconque répudie sa femme – je ne parle pas de fornication – et en épouse une autre commet un adultère.
C’est donc « dès l’origine » qu’il faut aller chercher la réponse à la question des fins du mariage. C’est-à-dire la réponse à cette triple question : pourquoi s’engager dans le mariage, pourquoi Dieu a-t-il institué l’union indissoluble de l’homme et de la femme? A quelles fins pratiques l’Eglise accorde-t-elle la grâce sacramentelle du mariage? Et les réponses nous sont données à partir des deux récits de la Genèse : Gen. 1/26.28 : « Et Dieu créa l’homme à son image… Homme et femme il les créa. Et Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds et multipliez-vous« . Gen. 2/15-24 : « Et Dieu dit : il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je lui ferai une aide qui lui corresponde… Et Dieu bâtit en forme de femme la côte qu’il avait prise à l’homme. Et l’homme dit « celle-ci est l’os de mes os, chair de ma chair ». C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera
à sa femme et ils deviendront une seule chair« .
Note :
– Il nous semble, d’une part, que les textes proposés sur la route de Chartres doivent conduire à la réflexion ou la méditation et non à la discussion.
– D’autre part, le chefs de chapitre ne sont pas des directeurs de conscience sur des sujets qui deviennent vite très personnels et très difficiles. C’est le rôle des prêtres.
Dans cet esprit, il est prudent et commode de s’en tenir à des textes fondamentaux et
incontestables. L’exposé présenté ici repose uniquement sur des textes pontificaux qu’il est très
facile de se procurer. Tous ceux qui sont antérieurs à 1956 sont cités ici avec un numéro de
référence qui renvoie au recueil des enseignements pontificaux sur les mariages, présentés par les
moines de Solesmes (Desclée et Cie – 1956).
Ces deux textes contiennent les fondements du mariage que confirmeront les 6e et 9e Commandements. Eclairés par l’enseignement de l’Eglise, nous pouvons dégager ces fondements :
D’une part, les deux récits introduisent la notion d’unité (un seul homme et une seule femme) et l’indissolubilité du
mariage.
D’autre part, ils présentent chacun une fin essentielle du mariage : la procréation et le soutien mutuel des époux. Ces fins devront ensuite être placées l’une par rapport à l’autre, il y a une hiérarchie des fins.
Enfin, dans la ligne de cette réflexion, l’Eglise a été conduite à rappeler avec insistance l’existence du lien indissoluble entre les deux significations de l’acte conjugal : union et procréation (5).
Dans la conclusion, nous soulignerons comment tous ces éléments de la loi, repris dans leur exigence primitive, sont renouvelés dans un amour nouveau dans la Nouvelle Alliance. Elle leur donne une nouvelle dimension prolongeant comme à l’infini l’amour humain. Le mariage devient le symbole réel de l’Alliance du Christ et de l’Eglise. « Ce mystère est grand« , dit saint Paul (Eph. 5). Ce mystère c’est celui de l’Union du Christ et de l’Eglise, mais ici c’est surtout celui du prolongement de cette union dans le coeur de l’homme et de la femme.
1 – Unité – Indissolubilité
Le mariage n’a pas été institué par les hommes mais par Dieu, auteur et restaurateur de la nature. C’est Dieu qui « dès l’origine » lui donne des lois; « elles ne sauraient dépendre en rien des volontés humaines ni d’aucune
convention venant des époux eux-mêmes » (6). L’homme est libre de choisir ou non la société conjugale, il n’est pas maître d’en modifier les règles spécifiques.
C’est en partant de cette « origine » du mariage que Léon XIII dans « Arcanum divinae sapientiae« (7) dégage les deux qualités premières, les deux propriétés du mariage : l’unité et la perpétuité :
« Nous rappelons ce qui est connu de tous, et ce qui ne saurait être révoqué en doute : le sixième jour de la création, Dieu ayant formé l’homme du limon de la terre, et ayant soufflé sur sa face le souffle de vie, voulut lui donner une compagne, qu’il tira merveilleusement du flanc de l’homme lui-même, pendant qu’il dormait En cela, Dieu voulut, providentiellement, que ce couple d’époux fût le principe naturel de tous les hommes et la souche d’où le genre humain devait sortir, et, par une série non interrompue de générations, se conserver dans tous les temps. Et, afin que cette union de l’homme et de la femme fût mieux en harmonie avec les desseins très sages de Dieu, elle reçut et, à partir de ce jour, porta au front, comme une empreinte et comme un sceau, deux qualités principales, nobles entre toutes, savoir l’unité et la perpétuité. «
Et le premier père du genre humain a affirmé, sous l’inspiration du Saint Esprit cette perpétuité et indissolubilité du lien matrimonial lorsqu’il a dit : « C’est l’os de mes os« . Ainsi, est-il clair que « le mariage, même dans l’état de nature, et donc bien avant son élévation.
à la dignité de sacrement proprement dit, a été institué par Dieu, qu’il implique un lien perpétuel et indissoluble qu’aucune loi civile ne peut plus rompre (8).
L’Eglise elle-même ne peut dissoudre le mariage qu’elle n’a pas déclaré invalide. Que cette unité, cette perpétuité ou indissolubilité soient inscrites dans la nature, on peut en quelque sorte le constater dans le fait que le Créateur a voulu que ce soit dans le même acte, le don du corps, que se trouvent l’expression de l’amour mutuel de l’un pour l’autre et la possibilité d’être source de vie. Tout amour d’amitié réclame la fidélité, mais ici cette fidélité en s’inscrivant par le don du corps au plus profond de la sensibilité ne peut être
brisée (9).
Que cette perpétuité ou indissolubilité soient voulues par la nature, Pie XII le rappelait à de jeunes époux (10) :
« Ce sont les aspirations de la nature que la grâce réalise, en lui donnant la force d’être ce dont le meilleur de son esprit comme de son coeur lui inspire le désir. Interrogez votre cœur, chers époux…. l’affection conjugale a ses aubes et ses aurores; il faut qu’elle ne connaisse ni déclin ni automne… Vous conférez par là à votre amour nuptial, sans vous en rendre compte, par une jalousie sacrée allions-nous dire, cette marque que l’apôtre Paul assignait à la charité en un hymne de louanges : Caritas nunquam excidit; la charité ne passe jamais » (l-Cor. 13-8)…. L’indissolubilité est donc l’assouvissement d’une aspiration du cœur pur et intègre… Mais c’est encore pour une autre raison que ‘la nature réclame l’indissolubilité du mariage, c’est qu’elle en a besoin pour protéger la dignité de la personne humaine… La dignité personnelle du mari et de la femme, mais surtout de la femme, n’a pas de plus solide rempart que l’indissolubilité du mariage… Otez cette conscience, cette volonté bien arrêtée (de mutuelle fidélité) la vie conjugale courra le danger de glisser dans le fange d’appétits égoïstes qui ne cherchent rien d’autre que leurs propres satisfactions et ne se soucient ni de la dignité ni de l’honneur du conjoint‘.
Il faudrait ici développer les conséquences du divorce sur les enfants : « la rupture du lien conjugal devient une cruauté à leur égard… que de blessures dans l’âme de millions d’enfants et souvent quelles pertes et lamentables ruines » (Pie XII). Il faudrait aussi souligner le trouble et le désordre que le divorce et l’adultère
introduisent dans la société. Indivisible unité, Communion indissoluble, ce sont les titres que Jean-Paul II utilise dans son exhortation « Familiaris Consortio » (11) pour présenter le dessein de Dieu sur le mariage et la famille.
« En créant l’humanité de l’homme et de la femme à son image, Dieu inscrit en elle la vocation et donc la capacité et la responsabilité correspondante à l’amour et à la communion. L’amour est donc la
vocation fondamentale et innée de tout être humain…Le lieu unique qui rend possible cette donation selon toute sa vérité est le mariage.
L’institution du mariage n’est pas une ingérence indue de la société ou de l’autorité, ni l’imposition extrinsèque d’une forme : elle est une exigence intérieure du pacte d’amour conjugal qui s’affirme publiquement comme unique et exclusif pour que soit vécue ainsi la pleine fidélité au dessein du Créateur. Cette fidélité, loin d’amoindrir la liberté de la personne la met à l’abri de tout subjectivisme et de tout relativisme et la fait participer à la Sagesse créatrice » (12).
« La communion conjugale se caractérise non seulement par son unité, mais encore par son indissolubilité : « Cette union intime, don réciproque de deux personnes, non moins que le bien des enfants, exigent l’entière fidélité des époux et requièrent leur indissoluble unité ».
C’est un devoir fondamental pour l’Eglise d’affirmer encore et avec force la doctrine de l’indissolubilité du mariage : à ceux qui, de nos jours, pensent qu’il est difficile, voire impossible, de se lier à quelqu’un pour la vie, à ceux encore qui sont entraînés par une culture qui refuse l’indissolubilité du mariage et qui méprise même ouvertement l’engagement des époux à la fidélité, il faut redire l’annonce joyeuse du
caractère définitif de cet amour conjugal« (13).
L’indissolubilité du mariage a donc un fondement naturel. Nous l’avons vu comme « historiquement », en évoquant le paradis terrestre, première image du paradis familial, selon l’expression de Pie XII (14). Nous avons noté également que cette indissolubilité était exigée par la disposition de la nature liant amour et
fécondité et qu’elle répondait à une aspiration de l’homme au point que l’on puisse, avec saint Augustin, en parler comme d’un bien du mariage.
Cet enseignement a été « confirmé dans l’Evangile par la divine autorité de Jésus-Christ, affirmant aux Juifs et aux Apôtres que le mariage, d’après son institution même, ne doit avoir lieu qu’entre deux personnes, un seul homme et une seule femme; que des deux il doit se faire comme une seule chair; et que le lien nuptial, de par la volonté de Dieu, est si intimement et si fortement noué, qu’il n’est au pouvoir d’aucun homme de le délier ou de le rompre. « L’homme s’attachera à son épouse, et ils seront deux en une seule chair. C’est pourquoi ils ne sont déjà plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc point ce que Dieu a uni » (15).
Enfin, au-delà de la nature, mais s’imprimant dans la nature, il y a la grâce liée au sacrement. Sur ce plan, l’indissolubilité est explicite, elle se fonde sur la parole de saint Paul dans l’épître aux Ephésiens : « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise » (Eph. 5- 25-33). Jean-Paul II en fait un commentaire dans « Familiaris Consortio » (n°13) :
« La communion entre Dieu et les hommes trouve son accomplissement définitif en Jésus-Christ, l’époux qui aime et qui se donne comme Sauveur de l’humanité en se l’unissant comme son corps. Il révèle la vérité originelle du mariage, la vérité du commencement. Cette révélation parvient à la
plénitude définitive dans le don d’amour que le Verbe de Dieu fait à l’humanité en assumant la nature humaine et dans le sacrifice que Jésus-Christ fait de lui-même sur la croix pour son Epouse, l’Eglise. Dans ce sacrifice se manifeste entièrement le dessein que Dieu a imprimé dans l’humanité de l’homme et de la femme depuis leur création; le mariage des baptisés devient ainsi le symbole réel de l’alliance nouvelle et éternelle, scellée dans le sang du Christ. L’Esprit, que répand le Seigneur, leur donne un cœur nouveau et rend
l’homme et la femme capables de s’aimer, comme le Christ nous a aimés. L’amour conjugal atteint cette plénitude à laquelle il est intérieurement ordonné, la charité conjugale : celle-ci est la façon propre et spécifique dont les époux participent à la charité du Christ se donnant lui-même sur la croix, et sont appelés à la vivre.
En vertu de la sacramentalité de leur mariage, les époux sont liés l’un à l’autre de la façon la plus indissoluble. S’appartenant l’un à l’autre, ils représentent réellement, par le signe sacramentel, le rapport du Christ à son Eglise. Les époux sont donc pour l’Eglise le rappel permanent de ce qui est advenu sur la croix. Ils sont l’un pour l’autre et pour leurs enfants des témoins du salut dont le sacrement les rend participants« .
2 – Soyez féconds et multipliez-vous
« Parmi les biens du mariage, les enfants tiennent donc la première place. Sans aucun doute, le Créateur même du genre humain, qui, dans sa bonté, a voulu se servir du ministère des hommes pour la propagation de la vie, nous a donné cet enseignement lorsque, en instituant le mariage dans le paradis terrestre, il a dit à nos premiers parents et, en même temps, à tous les époux à venir : « Croissez et multipliez-vous et remplissez
la terre« …
C’est ce que saint Augustin a très bien fait ressortir des paroles de l’apôtre saint Paul à Timothée (16), en disant lui-même : « Que la procréation des enfants soit la raison du mariage, l’Apôtre en témoigne en ces termes : « Je veux », déclare-t-ll, que les jeunes filles se marient Et comme pour répondre à cette question : Mais pourquoi? il poursuit aussitôt : qu’elles procréent des enfants, qu’elles soient mères de famille » (17).
Ajoutons que si Dieu a voulu les générations des hommes ce n’est pas seulement pour qu’ils existent et pour qu’ils remplissent la terre, mais bien plus pour qu’ils l’honorent, Lui, pour qu’ils le connaissent qu’ils l’aiment et qu’ils jouissent de lui éternellement dans les cieux… «
« Les parents chrétiens doivent comprendre qu’ils ne sont pas seulement appelés à propager et à conserver le genre humain sur la terre… mais à donner des fils à l’Eglise, à procréer des concitoyens des saints et des familiers de Dieu18, afin que le peuple attaché au culte de Dieu et de notre Sauveur grandisse de jour en jour » (19).
Jean-Paul II utilise, dans « Familiaris Consortio », le même schéma que Pie XI :
« En créant l’homme et la femme à son Image et ressemblance, Dieu couronne et porte à sa perfection l’oeuvre de ses mains. Il les appelle à participer spécialement à son amour et aussi à son pouvoir de Créateur et de Père… II les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la ». C’est ainsi que le but fondamental de la famille est le service de la vie, la réalisation tout au long de l’histoire
de la bénédiction de Dieu à l’origine, en transmettant l’image divine d’homme à homme dans l’acte de la génération. La fécondité est le fruit et le signe de l’amour conjugal, le témoignage vivant de la pleine donation réciproque des époux… La fécondité de l’amour conjugal ne se réduit pas à la seule procréation des enfants… elle s’élargit et s’enrichit de tous les fruits de vie morale, spirituelle et surnaturelle que le père et la mère sont appelés à donner à leurs enfants et à travers eux à l’Eglise et au monde » (20).
Dieu nous a associés à la création, dans son exercice le plus éminent, celui de donner la vie à des personnes, « admirable collaboration des parents, de la nature et de Dieu qui aboutit à donner le jour à un nouvel être humain fait à l’image et à la ressemblance du Créateur » (21). Tout, l’instinct, l’organisme, la beauté, le charme,
la liberté et la grâce ont été ordonnés par Dieu à ce ministère parental. Ainsi, le mariage qui assume, unifie et sanctifie cet ensemble convergent n’a pas seulement pour fonction de procréer mais de procréer pour Dieu, pour c’est-à-dire à la fois à la place de… en vue de…(22). Dans cette perspective, procréation et éducation sont Inséparables, et même « l’oeuvre de l’éducation dépasse, par sa portée et ses conséquences celle de la génération« , dit encore Pie XII (23).
IL N’EST PAS BON QUE L’HOMME SOIT SEUL
Si l’on ne considérait la société que comme une masse d’individus fermés sur eux-mêmes, l’homme et la femme seraient égaux. Or, leur vocation n’est pas d’être égaux mais complémentaires et l’on peut dire qu’ensemble ils servent un tout qui est leur mariage. Au prix peut être de renoncements individuels, l’homme et la femme trouvent dans le bien du mariage une voie vers la perfection pour laquelle ils sont faits. Ils y trouvent leur bien. Ce tout qu’est le mariage requiert l’harmonie des parents et de cette harmonie naît un bien plus grand pour chacun d’eux. Ce bien est le leur, mais il est le leur en tant qu’époux. Le mariage est leur bien; il est leur bien commun, qui est plus grand et plus prioritaire que le bien que chacun pourrait rechercher isolément Le service de ce bien commun du mariage exige que l’homme et la femme soient unis par un amour particulier, un saint et pur amour.
« Le Christ a enveloppé l’Eglise d’une immense charité, non pas pour son avantage personnel mais en se proposant uniquement l’utilité de son épouse« . C’est cette même règle qui s’applique à l’amour conjugal. « La charité réside dans les sentiments intimes du coeur, elle est aussi – car l’amour se prouve par les oeuvres – manifestée par l’action extérieure (24).
Cette action, dans la société domestique, ne comprend pas seulement l’appui mutuel : elle doit viser plus haut, – et ceci doit même être son objectif principal – elle doit viser à ce que les époux s’aident réciproquement à former et à perfectionner chaque Jour davantage en eux l’homme intérieur : leurs rapports quotidiens les aideront ainsi à progresser jour après jour dans la pratique des vertus, à grandir surtout dans la vraie charité envers Dieu et envers le prochain, cette charité où se résume en définitive « toute la Loi et les Prophètes« .
Dans cette mutuelle formation intérieure des époux, et dans cette application assidue à travailler à leur perfection réciproque, on peut voir aussi, en toute vérité, comme l’enseigne le Catéchisme romain, la cause et la raison première du mariage, si l’on ne considère pas strictement dans le mariage l’institution destinée à la procréation et à l’éducation des enfants, mais, dans un sens plus large, une mise en commun de toute
la vie, une intimité habituelle, une société » (25).
4 – Le Mariage et l’amour conjugal sont d’eux-mêmes ordonnés à la procréation et à l’éducation (26)
Il ne faut pas interpréter ce dernier alinéa de « Casti Connubii » comme attribuant une double fin au mariage : l’amour conjugal (qui comporte la mutuelle formation Intérieure des époux) et la procréation des enfants, l’une et l’autre étant sur la même ligne de primauté.
Pie XI établit une nette distinction entre le mariage au sens strict, Institution naturelle dont les enfants sont la fin première (27) et le mariage au sens large qui, comme toute communauté, tout état de vie, doit mener ceux qui en relèvent à la sainteté et repose sur l’amour. Pour Pie XI, l’amour conjugal ne rentre pas dans l’ordre des fins du mariage; Il les transcende (28) . D’où l’expression de « cause première« .
Avec une grande précision, Pie XII traitera des fins primaire et secondaire du mariage comme institution de la nature et rappellera dans ce cadre la dépendance de l’aide mutuelle en vue du perfectionnement personnel des époux (fin secondaire) à l’égard de la procréation et de l’éducation des enfants (fin primaire). Toutes deux sont essentielles, l’expression de secondaire signifiant qu’elles ne sont pas indépendantes mais subordonnées (29) :
« La vérité est que le mariage, comme Institution de la nature, en vertu de la volonté du Créateur, a, pour fin première et intime, non pas le perfectionnement personnel des époux, mais la procréation et l’éducation de la nouvelle vie. Les autres fins, elles aussi voulues sans aucun doute par la nature, ne sont pas au même rang que la première, et moins encore à un rang supérieur, puisqu’elles lui sont essentiellement subordonnées. Cela vaut pour tout mariage, même s’il est infécond; comme de tout oeil on peut dire qu’il est destiné et formé pour voir, même si, dans des cas anormaux par suite de conditions spéciales, internes ou extérieures, il ne sera jamais en mesure de rendra possible la perception visuelle » (30).
Ce qui permet au pape de conclure en disant aux Sages femmes auxquelles il s’adressait :
« Dites donc à la fiancée ou à la jeune épouse qui viendraient vous parler des valeurs de la vie conjugale, que ces valeurs personnelles, en ce qui concerne le corps et les sens comme en ce qui concerne l’esprit, sont tout à fait authentiques, mais que le Créateur les a mises non pas au premier, mais au second rang dans l’échelle des valeurs » (31). « Une comparaison avec le double commandement de la charité aidera à mieux comprendre la distinction et la hiérarchie des fins du mariage.
Questionné sur le plus grand commandement de la loi, le Christ répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit, c’est là le premier et le plus grand commandement; voici le second qui lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même« .
Le commandement qui nous ordonne d’aimer le prochain est donc « semblable » au commandement qui nous ordonne d’aimer Dieu, mais il n’est pas le premier, il est le second. Et de même qu’il n’est pas possible d’observer le premier commandement si l’on refuse d’observer le second – « Celui qui prétend aimer Dieu et qui n’aime pas son frère est un menteur« , nous dit saint Jean – il n’est pas possible d’observer le second commandement si on exclut positivement le premier (ce serait une forme d’idolâtrie)… Les deux commandements doivent aller de pair, ils sont semblables, mais le premier, le plus grand, celui qui légitime et rend méritoire l’autre, c’est l’amour de Dieu.
De la même manière, la procréation et l’éducation des enfants constituent la fin primaire du mariage. C’est la plus belle, la plus noble, la première des fins, celle qui légitime et rend méritoires les autres.
Le perfectionnement des époux devient la fin secondaire. Elle est semblable à la fin primaire, puisque, comme elle, elle est vraie fin, but. Elle est hautement désirable aussi bien pour les individus que pour la société; mais subordonnée à la fin primaire, toute orientée vers elle, elle reçoit d’elle sa légitimité et sa dignité. Elle est secondaire, fin tout aussi essentielle au mariage que la fin primaire. Mais qui recherchée en excluant positivement cette fin primaire s’avère un désordre qui est de soi un péché grave » (32).
S’il est Important de rappeler cette distinction entre fin essentielle et fin primaire ou secondaire, c’est qu’en la négligeant on laisse penser qu’en cas de difficulté, le choix peut se faire, au nom d’une recherche immédiate d’un « meilleur bien », soit du bien personnel des époux, soit du bien de la procréation, ce qui est une première faute. Mais ce n’est en général qu’une étape, qui permet, sans que cela soit dit, d’inverser en fait la hiérarchie que n’a cessé de rappeler l’Eglise.
Retenons pour conclusion cet autre passage de Pie XII aux Sages-femmes : « Non seulement l’oeuvre commune de la vie extérieure, mais encore tout l’enrichissement personnel, même l’enrichissement intellectuel et spirituel Jusqu’à tout ce qu’il y a de plus spirituel et profond dans l’amour conjugal comme tel a été mis par la volonté de la nature et du Créateur au service de la descendance. Par sa nature, la vie conjugale parfaite signifie aussi le don total des parents au profit des enfants, et l’amour conjugal, dans sa force et dans sa tendresse est lui-même un postulat de la plus sincère sollicitude à l’égard des enfants et la garante de sa réalisation » (33).
5 – Le lien Indissoluble entre les deux significations de l’acte conjugal : Union et procréation
« Par le mariage et la famille, Dieu dans sa sagesse a uni deux des plus grandes réalités humaines : la mission de transmettre la vie et l’amour mutuel et légitime de l’homme et de la femme, par lequel ces derniers sont appelés à se compléter mutuellement dans une donation réciproque, non seulement physique mais surtout
spirituelle« . Et plus loin dans ce même discours Paul VI disait encore : « (La vertu de chasteté conjugale) n’est pas une loi nouvelle ou inhumaine, c’est la doctrine de l’honnêteté et de la sagesse, que l’Eglise, illuminée par Dieu, a toujours enseignée et qui unit d’un lien indissoluble les légitimes expressions d’amour conjugal avec le service de Dieu dans la mission qui vient de Lui de transmettre la vie » (34).
Sur ces points, cette allocution de 1966 annonçait l’enseignement fondamental de l’encyclique « Humanae vitae » du 25 juillet 1968 et que Jean-Paul II reprend dans « Familiaris Consortio ».
Etant ici encore dans le domaine de l’ordre naturel, il est bon de discerner ce que tout homme doit pouvoir lire dans son coeur, sous l’éclairage d’une droite raison. Il lui apparaît que la réalisation de la capacité procréatrice doit être proportionnée à la dignité de la personne qui peut être conçue. Or, cette exigence est respectée seulement si cette capacité procréatrice est réalisée par un acte d’amour. Seul, l’amour place aussi bien celui qui procrée que celui qui peut être procréé sur un plan de parfaite réciprocité et égalité. L’acte
procréateur doit être en même temps un acte d’amour. On ne fabrique pas un enfant (faire un enfant est une expression détestable) car ce que l’on fabrique on le possède, on ne possède pas une personne. Il apparaît aussi à toute droite raison que l’acte créateur de Dieu est essentiellement un acte d’amour et qu’une
participation personnelle à cet acte exige que l’acte procréateur devienne en soi un acte d’amour (35).
L’acte conjugal a donc deux significations : union et procréation et la connexion entre ces deux significations est indissoluble. L’union participe au souci de perfectionnement mutuel puisque le don réciproque qu’elle exprime36 est un don total où spirituel et charnel ne peuvent être dissociés et que « la grandeur de cet acte consiste précisément à dépasser le moment où il se pose pour engager toute l’orientation d’une vie, pour prendre position vis-à-vis de l’absolu » (37). L’acte conjugal n’est pas purement biologique, « dans sa structure naturelle, il est une action personnelle, une coopération simultanée et immédiate des époux, laquelle, du fait même de la nature des agents et du caractère de leur acte est l’expression du don réciproque qui réalise
l’Union en une seule chair » (38).
Et ces deux aspects, union et procréation, sont indissociables. Le paragraphe 12 de Humanae vitae résume tout ce que nous venons de dire : il rappelle que « la doctrine de l’Eglise, plusieurs fois exposée par le Magistère est fondée sur le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l’homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l’acte conjugal : union et procréation. (…). C’est en sauvegardant ces deux aspects essentiels, union et procréation, que l’acte conjugal conserve intégralement le sens de mutuel et véritable amour et son ordination à la très haute vocation de l’homme à la paternité. Nous pensons que les hommes de notre temps sont particulièrement en mesure de comprendre le caractère profondément raisonnable et humain de ce principe fondamental« .
On peut rompre cette connexion de deux manières, en séparant l’union de la procréation par la contraception (et la stérilisation) ou en séparant la procréation de l’union par toutes les formes de procréation artificielles
(Fécondation extracorporelle et insémination). Les ravages de la contraception et de la mentalité contraceptive sont tels qu’il faut y insister (39) : « Qui réfléchit bien devra reconnaître qu’un acte d’amour mutuel qui porterait atteinte à la disponibilité à transmettre la vie que le Créateur a attachée à cet acte selon des lois particulières est en contradiction avec le dessein constitutif du mariage et avec la volonté de l’Auteur de la vie. User de ce don divin, en détruisant, fut-ce partiellement, sa signification et sa finalité, c’est contredire à la nature de l’homme comme à celle de la femme et de leur rapport le plus intime, c’est donc contredire aussi au plan de Dieu et à sa volonté » (40).
Paul VI exclut notamment que l’on puisse invoquer le principe du moindre mal ou le prétexte d’une vie conjugale par ailleurs féconde pour justifier des actes rendus intentionnellement inféconds et qui, ainsi, sont intrinsèquement mauvais quelle que soit l’intention des acteurs. « Nous devons encore une fois déclarer qu’est absolument à exclure comme moyen licite de régulation des naissances l’interruption directe du processus de génération déjà engagé et surtout l’avortement directement voulu et procuré même pour des raisons thérapeutiques. Est pareillement à exclure la stérilisation directe qu’elle soit perpétuelle ou temporaire tant chez l’homme que chez la femme: Est exclue également toute action qui soit en prévision de l’acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation« (41).
Cette question de la contraception est aujourd’hui capitale. Le cardinal Ratzinger l’a rappelé à Laxenburg près de Vienne en Autriche (4), en analysant les principaux obstacles d’aujourd’hui à la foi : « Demandons-nous où gisent aujourd’hui les difficultés essentielles des hommes par rapport à cette foi… Nous n’avons pas besoin de nous mettre longuement en recherche. Il existe comme un canon de l’opposition envers la pratique et l’enseignement de l’Eglise. Comme éléments principaux de ce canon dont la répétition régulière est devenue pour les catholiques progressistes un exercice obligé, le « non » à l’enseignement de l’Eglise sur la contraception… » (42).
Il appartient aux familles d’être le relais et cet enseignement de l’Eglise, à la fois par la parole et le témoignage. Qu’elles rencontrent des difficultés, c’est certain. « Vous entendrez dire, disait Pie XII à des jeunes mariés, que le mariage impose des obligations excessives impossibles à remplir. Impossible, oui, aux seules
forces humaines, mais c’est pour cette raison que le sacrement a mis et conserve en
vous, avec l’état de grâce, des forces divines » (43).
Si cette tentative de dissociation du lien indissoluble : union procréation, est claire dans le cas de la contraception, elle se laisse moins voir dans le cas de la Fécondation in vitro ou de l’insémination homologues (44) , parce que notamment l’intention procréatrice n’en est pas exclue. C’est là pour beaucoup
une source de difficulté. On ne regarde que le résultat, l’enfant, et on sépare cette conception de sa source qui est la source d’amour; on dira : c’est une simple séparation temporelle puisque les parents le désirent. Oui, les parents le désirent mais le désir est de l’ordre intentionnel, tandis que le don dans l’amour
est d’ordre substantiel (45).
Ces méthodes introduisent un processus indépendant de l’acte conjugal à travers une activité de laboratoire. Il faut ici renvoyer à l’instruction sur le respect de la vie humaine naissante et la dignité de la procréation, instruction Donum vitae (46). Nous n’en retiendrons ici qu’un paragraphe, celui qui évoque la
souffrance provenant de la stérilité :
« La souffrance des époux qui ne peuvent avoir d’enfants ou qui craignent de mettre au monde un enfant handicapé est une souffrance que tous doivent comprendre et apprécier comme il convient.
De la part des époux, le désir d’un enfant est naturel: il exprime la vocation à la paternité et à la maternité inscrite dans l’amour conjugal. Ce désir peut être plus vif encore si le couple est frappé d’une stérilité qui semble incurable. Cependant, le mariage ne confère pas aux époux un droit à avoir un enfant, mais seulement le droit de poser les actes naturels ordonnés de soi à la procréation » (47).
Un droit véritable et strict à l’enfant serait contraire à sa dignité et à sa nature. L’enfant n’est pas un dû et il ne peut être considéré comme objet de propriété : il est plutôt un don – « le plus grand » (48) – et le plus gratuit du mariage, témoignage vivant de la donation réciproque de ses parents. A ce titre, l’enfant a le droit d’être le fruit de l’acte spécifique de l’amour conjugal de ses parents, et aussi le droit d’être respecté comme personne dès le moment de sa conception.
Toutefois la stérilité, quelles qu’en soient la cause et le pronostic, est certainement une dure épreuve. La communauté des croyants est appelée à éclairer et à soutenir la souffrance de ceux qui ne peuvent réaliser une légitime aspiration à la paternité et à la maternité. Les époux qui se trouvent dans ces situations douloureuses sont appelés à y découvrir l’occasion d’une participation particulière à la Croix du Seigneur, source de fécondité spirituelle. Les couples stériles ne doivent pas oublier que « même quand la procréation n’est pas possible, la vie conjugale ne perd pas pour autant sa valeur. La stérilité physique peut être l’occasion pour les époux de rendre d’autres services importants à la vie des personnes humaines, tels par exemple que l’adoption, les formes diverses d’oeuvres éducatives, l’aide à d’autres familles, aux enfants pauvres ou
handicapés« .
La plus grande partie de notre réflexion a considéré le mariage dans le dessein du Créateur plus que dans la lumière de la Nouvelle Alliance. Or, le Christ a souvent utilisé le langage de l’union conjugale. « L’Evangile laisse entendre que le véritable époux c’est lui (Jean 3, 29 – Eph. 5-31.32). Il scelle l’Alliance dans le sang de la Croix et remet son Esprit (Jean 19, 30) à l’Eglise son Epouse. L’Eglise apparaît ainsi comme le terme de l’Alliance, elle est l’Epouse aimée et féconde qui engendre de nouveaux enfants jusqu’à la fin des temps… L’Ancienne Alliance s’est exprimée dans le signe du mariage des hommes, mais la réalité du mariage chrétien
est comme habitée et transfigurée par la Nouvelle Alliance » (49). Le Christ a élevé la réalité humaine du mariage à la dignité de sacrement. Il devient l’expression visible et un fruit effectif de l’union du Christ avec l’Eglise (50). « Il devient le symbole réel de l’Alliance nouvelle et éternelle scellée dans le sang du Christ » (51). Et c’est dans le sacrifice de la nouvelle et éternelle alliance que les époux chrétiens trouvent la source jaillissante qui modèle intérieurement et vivifie constamment leur alliance conjugale (52).
L’Alliance non seulement inspire la vie des époux mais s’accomplit en elle, en ce sens qu’elle déploie son énergie propre dans la vie des époux; elle modèle de l’intérieur leur amour : ils s’aiment non seulement « comme » le Christ a aimé, mais déjà mystérieusement « de » l’amour même du Christ puisque son Esprit leur est donné dans la mesure où ils se laissent modeler par lui » (53).
L’Alliance est scellée dans le sang de l’Agneau :
« Rien d’étonnant alors à ce que le sacrement de mariage engage les époux sur un chemin où ils rencontreront la croix. (…). L’amour comme toute réalité humaine a besoin d’être sauvé, racheté. Mais la fréquentation de l’Eucharistie permet aux époux de vivre l’Alliance et, par delà la croix, d’accéder à la joie : le mariage chrétien est une Pâque » (54).
Michel Berger
A.F.S.
1992
Notes :
1 Catéchisme de saint Pie X : « Tu ne commettras pas d’impuretés ».
2 Si habituellement on lie le mariage aux 6e et 9e Commandements, il faut hélas aujourd’hui ajouter
le 5ème « Tu ne tueras point ». Ce sujet sera abordé en deuxième partie des réflexions pour la journée
du dimanche.
3 Catéchisme pour adultes des Evêques de France (n° 495).
4 Se reporter au livre du P. Marie-Dominique Philippe « Au coeur de l’Amour », p. 79.
5 Ce rappel est évidemment d’actualité, face au développement des techniques de régulation des
naissances et des méthodes qui mettent en cause la dignité de la procréation (fécondation
extracorporelle…, insémination artificielle…).
6 « Casti Connubii » – Pie XI – 31 décembre 1930 (n° 267).
7 Encyclique sur le mariage chrétien, 10 février 1880 (n° 147).
8 Lettre « Litteris tuis »du 11 juillet 1789 du pape Pie VI à l’évêque d’Eger (n° 48). Eléments repris et
développés par Pie XI dans « Casti Connubii » (n° 296).
9 P. Marie-Dominique Philippe (op.cit p. 85).
10 29 avril 1942 (n° 490)
11 Alinéa 11 de « Familiaris Consortio »
12 Alinéa 11 de « Familiaris Consortio » –
13 Alinéa 20 de « Familiaris Consortio »
14 à de jeunes époux-22 avril 1942 (n°481).
15 Arcanum divinae Sapientiae – Léon XIII – 10.2.1880 (n° 148).
16 I. Tim. 5.14.
17 St Augustin, « De bono conjugali » – Ch. 24 n° 32.
18 Eph. 2-19
19 « Casti Connubii » – Pie XI (n° 274 – 275 – 276)
20 Jean-Paul II, « Familiaris Consortio » 28.
21 Allocution aux Sages Femmes, 29 octobre 1951 (n° 593).
22 Voir « Amour et mariage » d’Ivan Gobry (Tequi) p. 58.
23 Allocution aux membres du 2ème congrès mondial de la fertilité et de la stérilité, 19 mai 1956
(n°746).
24 Constitution Pastorale « Gaudium et spes » (n°48).
25 « Casti Connubii », Pie XI, n° 285.
26 Constitution pastorale « Gaudium et Spes » n° 50.
27 Il n’y a sur ce point aucun doute pour Pie XI, puisque dans cette même encyclique (n° 279) il
rappelle le texte du droit canon qui dans son « habituelle précision » affirme : « la fin première du
mariage, c’est la procréation des enfants et leur éducation » (ancien article 1013, antérieur à
Factuelle rédaction du Droit canon); et un peu plus loin, Pie XI écrit : « Il y a tant dans le mariage
lui-même que dans l’usage du droit matrimonial, des fins secondaires, comme le sont l’aide
mutuelle, l’amour réciproque A entretenir et le remède à la concupiscence« .
28 Se reporter au livre du P. Alain Mattheeuws : Union et procréation. Développement de la doctrine
des fins du mariage. Ed. du Cerf, 1989.
29 On pourra lire sur ce sujet le décret du 31 mars 1944 du Saint Office (n° 621) approuvant la
sentence du tribunal de la Rote émise le 22 janvier 1944 (cité en appendice du recueil de Solesmes). 30 Pie XII. Discours au congrès de l’Union catholique italienne des Sages femmes, 29 octobre 1951 (n°
620).
31 id – (n° 640).
32 Catéchèse catholique du mariage – P. Barbara (diffusé par D.P.F.), p. 13.
33 Pie XII- 29.10.51 (n° 636).
34 Paul VI au centre italien de la femme, 12 février 1986. Passages cités par le P. Mattheeuws.
Ouvrage cité, p. 107.
35 Ces points sont développés par Mgr Caffara, au 9ème congrès international de la famille à Paris,
septembre 1986 – (Actes du congrès, p. 53), ainsi qu’au 6ème colloque des juristes catholiques de
novembre 1985.
36 Et c’est bien d’une « expression » qu’il s’agit Jean-Paul II parle de langage du corps qui comporte des
significations ? en même temps que parentales.
37 Pie XII au 2ème congrès mondial de la fertilité et de la stérilité, 19 mai 1956 (n° 738).
38 Pie XII, allocution aux sages-femmes, 29.10.51 (n° 637).
39 On peut se reporter ici à l’article relatif à la contraception de la revue de l’Action Familiale et
Scolaire n°97 (octobre 1991).
40 Humanae vitae, n° 13 –
41 Humanae vitae, n° 14.
42 Documentation catholique 1.10.89 (p. 847)
43 Pie XII, 17 janvier 1940 (n° 429).
44 C’est-à-dire sans donneur extérieur au couple
45 Père Marie-Dominique Philippe, opus cité p. 161
46 22 février 1987. Instruction de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, signée par le cardinal
Ratzinger, préfet de cette congrégation.
47 Cf. Pie XII, Discours aux participants au IIe Congrès Mondial de Naples sur la fécondité et la
stérilité humaine, 19 mai 1958 : AAS 48 (1956) 471-473.
48 Const past Gaudium et Spes, 50.
49 Jean-Paul II, à Vienne, 11 décembre 1983.
50 Un sacrement est le signe d’une chose sacrée, signe visible d’une grâce invisible, instituée pour
notre sanctification (catéchisme du Concile de Trente).
51 Jean-Paul II, « Familiaris consortio » (13) 52 id (57) 53 Jean-Paul II à Vienne, 11 décembre 1983.
54 idem.