Il – LA FONCTION SACERDOTALE DE LA FAMILLE

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« A travers les réalités quotidiennes de la vie conjugale et familiale, la famille chrétienne est appelée à se sanctifier et à sanctifier la communauté ecclésiale et le monde » (F.C. n° 55).

L’Eglise est un « royaume de prêtres » (Apocalypse 1.6 – 5.10) et Saint Pierre (I – 2.5 et 9) insiste sur ce sacerdoce saint et royal des fidèles, sacerdoce qui « offre des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ, qui annonce les louanges de Dieu« .
La mission sacerdotale de la famille est une participation au sacerdoce de Jésus Rédempteur. C’est une mission de sanctification et c’est une médiation. Il ne s’agit pas d’un sacerdoce ministériel, bien qu’il en ait la même source. On ne pourra jamais remplacer le sacerdoce ministériel par le sacerdoce mystique des fidèles. Seul le prêtre peut consacrer, seul il peut prononcer les paroles de la Consécration et le Canon de la messe. La famille chrétienne doit – avec Jésus, par Lui et en Lui, avec l’Eglise, par elle et en elle – jouer le rôle de médiateur, pour conduire à la sainteté chacun de ses membres ainsi que toute l’humanité.

Au coeur du sacerdoce, il y a la notion de médiation. Le prêtre est médiateur entre l’homme et Dieu et l’acte principal du culte divin est l’oblation du sacrifice. Le Christ prêtre par excellence est médiateur, il transmet aux hommes la volonté de Dieu et Sa grâce et il lui offre le sacrifice suprême. C’est sur la Croix que le Christ se livre pour son Eglise, qu’il la sanctifie en la purifiant. La famille chrétienne est liée au sacrifice du Christ. Saint Paul souligne « ce mystère est grand, je veux dire par rapport au Christ et à l’Eglise » (Ephésiens, 5-32).
Le mariage de baptisés est le symbole réel de l’Alliance nouvelle et éternelle scellée dans le sang du Christ… En vertu de la sacramentalité de leur mariage, les époux sont liés l’un à l’autre de la façon la plus indissoluble. Ils représentent réellement le rapport du Christ à son Eglise. Ils sont donc pour l’Eglise le rappel permanent de ce qui est advenu sur la croix (F.C. 13).

La famille remplit cette mission par les moyens de la vie sacramentelle, de l’offrande de son existence et de la prière.


LA VIE SACRAMENTELLE

a) Le don de Jésus-Christ n’est pas épuisé dans la célébration du sacrement mais il accompagne les époux tout au long de leur existence… De même que le don et l’obligation de vivre chaque jour la sainteté reçue découlent pour les époux du sacrement de mariage, de même la grâce et l’obligation morale de transformer toute leur vie en un continuel sacrifice spirituel découlent de ce même sacrement (F.C. 56).

Mais il ne faut pas oublier cependant que suivant la loi de la Providence dans l’ordre surnaturel, les hommes ne recueillent les fruits complets des sacrements qu’ils reçoivent après l’âge de raison qu’à la condition de coopérer à la grâce (Casti Connubii – Pie XI).
Le mariage chrétien indissoluble est enfin un acte liturgique de glorification de Dieu dans le Christ et dans l’Eglise ; en le célébrant les époux proclament leur reconnaissance pour le don sublime que Dieu leur a accordé de pouvoir recréer dans leur existence conjugale et familiale l’amour même du Christ pour l’Eglise son épouse (F.C. 56).

b). La Constitution sur la Liturgie (Vatican II) demande que le mariage soit célébré ordinairement au cours de la messe (n° 78). En effet :
« L’Eucharistie est la source même du mariage chrétien. Le sacrifice eucharistique, en effet, représente l’alliance d’amour entre le Christ et l’Eglise, en tant qu’elle a été scellée par le sang de sa croix. C’est dans ce sacrifice de la nouvelle et éternelle Alliance que les époux chrétiens trouvent la source jaillissante qui modèle intérieurement et vivifie constamment leur alliance conjugale. En tant que représentation du sacrifice d’amour du Christ pour l’Eglise, l’Eucharistie est source de charité. Et dans le don eucharistique de la charité, la famille chrétienne trouve le fondement et l’âme de sa « communion » et de sa « mission » : le Pain eucharistique fait des différents membres de la communauté familiale un seul corps, une manifestation et une participation à la vaste unité de l’Eglise; d’autre part, la participation au Corps « livré » et au Sang « versé » du Christ devient pour la famille chrétienne une source inépuisable de dynamisme missionnaire et apostolique (F.C. 57).


LA FAMILLE – LIEU DE PRIERE

La mission sacerdotale par laquelle l’existence quotidienne se transforme en un « sacrifice spirituel agréable à Dieu par l’intermédiaire de Jésus-Christ » (1er Epître de Pierre, 2-5) exige la prière.
La prière familiale a ses caractéristiques. C’est une prière « faite en commun » ; aux membres de la famille chrétienne réunis s’applique de manière spéciale les paroles par lesquelles Jésus promet sa présence : Quand deux ou trois personnes sont réunies en mon nom, Je suis au milieu d’elles » Mt 18 – 19-20(F.C. 59).
Il n’y a pas de doute que le chapelet de la Vierge Marie doit être considéré comme une des plus excellentes et des plus efficaces prières en commun que la famille chrétienne est invitée à réciter (Paul VI).
La prière familiale a comme contenu original la vie même de la famille, à travers ses divers épisodes (F.C. 59).

La famille doit vivre sa « liturgie » particulière qui accompagne et enveloppe tous les événements de la vie, les petits (Bénédicité et action de grâce pour le repas par exemple) comme les grands. La vie moderne désacralise ces événements. C’est à la famille que revient de célébrer le don merveilleux de la vie pour l’offrir au Christ, c’est pour le Christ que la famille s’agrandit. C’est à la famille de maintenir le sens chrétien de la mort, c’est à elle qu’incombe l’ultime préparation et l’hôpital ne doit pas lui enlever ce rôle unique.
La famille, lieu de la prière et de l’adoration, a le devoir d’éduquer les enfants à la prière. Le témoignage vivant des parents est un élément irremplaçable de cette éducation. Le pape Paul VI adressait aux parents cet appel (audience générale du 11 août 1976 – cité dans F.C. 60) :
« Mamans, apprenez-vous à vos petits les prières du chrétien ? Les préparez-vous, en collaboration avec les prêtres, aux sacrements du premier âge: la confession, la communion, la confirmation? Les habituez-vous, s’ils sont malades, à penser aux souffrances du Christ, à invoquer l’aide de la Sainte-Vierge et des saints? Récitez-vous avec eux le Rosaire en famille? Et vous, les pères, savez-vous prier avec vos enfants, avec toute la communauté familiale, au moins quelquefois? Votre exemple, accompagné de la droiture de votre pensée et de vos actes, appuyé par quelques prières communes, vaut bien une leçon de vie. C’est un acte de culte particulièrement méritoire. Vous apportez ainsi la paix entre les murs de votre foyer : « Pax huic domui ». Ne l’oubliez pas, c’est ainsi que vous construisez l’Eglise. »

C’est en offrant et en rendant grâce, dans toutes leurs activités terrestres et temporelles que les familles consacrent à Dieu le monde lui-même rendant partout à Dieu dans la sainteté de la vie un culte d’adoration.
En ce sens la participation effective à la vie et à la mission de l’Eglise dans le monde est proportionnelle à la fidélité et à l’intensité de la prière par laquelle la famille chrétienne s’unit à la Vigne féconde qu’est le Christ Seigneur.
On ne devra jamais oublier que la prière est une partie constitutive de la vie chrétienne ; elle est l’expression première de la vérité intérieure de l’homme, la condition première de l’authentique liberté de l’esprit
(F.C. 62).

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