LE ROSAIRE
Un rosaire, c’est une couronne de roses ; quant au chapelet, c’est un petit chapeau de fleurs. Dire son Chapelet ou réciter le Rosaire, c’est tresser à la Sainte Vierge une couronne de prières.
Toutefois, comme nous le rappelle Jean-Paul II dans la Lettre apostolique ‘Rosarium Virginis Mariae’, à laquelle nous ferons souvent référence dans le propos qui suit : «… tout en ayant une caractéristique mariale, le Rosaire est une prière dont le centre est christologique… Il concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique, dont il est presque un résumé ».
I. De quoi se compose le Rosaire ?
Traditionnellement, un Rosaire comprend trois Chapelets, chaque Chapelet comprenant lui-même cinq mystères, c’est-à-dire cinq méditations centrées sur les principaux évènements de la vie de Jésus et de Marie :
- cinq mystères joyeux : ceux de l’enfance de Jésus ;
- cinq mystères douloureux : ceux de la passion du Christ ;
- cinq mystères glorieux : ceux du triomphe de Dieu.
A ces quinze mystères, qui constituent la trame traditionnelle du Rosaire, le Pape JeanPaul II, reprenant un usage datant du Moyen-âge, proposa (sans l’imposer) d’ajouter cinq « mystères lumineux » correspondant aux faits les plus marquants de la vie publique de Jésus, en sorte que, selon son expression, le Rosaire constitue un véritable « résumé de l’Évangile ».
II. Comment récite-t-on le Chapelet ?
Laissons parler Jean-Paul II : « Le Rosaire est à la fois méditation et supplication… Il est aussi un parcours d’annonce et d’approfondissement ».
La récitation de chaque Chapelet commence par un ‘Je crois en Dieu’, « comme pour mettre la
profession de foi au point de départ du chemin de contemplation que l’on entreprend » fait
remarquer le Saint Père. Puis on récite (ou on chante) un ‘Notre Père’, suivi de trois ‘Je vous
salue Marie’ et d’un ‘Gloire au Père’.
Pour l’énoncé du premier mystère, qui servira de trame à la première méditation, le Pape fait observer que « pour donner un fondement biblique et une profondeur plus grande à la méditation, il est utile que l’énoncé du mystère soit suivi de la proclamation d’un passage biblique correspondant ». Par ailleurs, après cette lecture « il est opportun de s’arrêter pendant un temps significatif pour fixer le regard sur le mystère médité avant de commencer la prière vocale ».
Cette prière vocale consiste en la récitation (ou le chant), en français ou en latin de :
- un « Notre Père » (Pater),
- dix « Je vous salue Marie » (Ave)
- un « Gloire au Père » (Gloria), suivi de la courte prière que nous a appris la Sainte Vierge lors
de l’une de ses apparitions à Fatima : « O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez nous du feu de l’enfer, et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre sainte miséricorde ».
Concernant la récitation de ces différentes prières, le pape Jean-Paul II nous fait quelques recommandations : « Le centre de l’Ave Maria …est le nom de Jésus. C’est justement par l’accent qu’on donne au nom de Jésus et à son mystère que l’on distingue une récitation du Rosaire significative et fructueuse ». Ainsi, peut-on « donner du relief au nom du Christ, en ajoutant une ‘clausule’ évocatrice du mystère que l’on est en train de méditer. C’est une pratique louable, spécialement dans la récitation publique ». Par ailleurs, nous dit-il, « il est important que le Gloria, sommet de la contemplation, soit bien mis en relief dans le Rosaire ».
Enfin, il faut « faire en sorte que chaque mystère s’achève par une prière destinée à obtenir les fruits spécifiques de la méditation de ce mystère »…de façon à « imiter ce qu’ils contiennent et obtenir ce qu’ils promettent ».
Deux remarques à propos de la récitation du Notre-Père : - Le vouvoiement : par respect pour Dieu, le Père Tout Puissant, Créateur du ciel et de la terre, nous le vouvoyons. Certes, quelques grands mystiques, parce qu’ils ont une grande intimité avec Jésus, se permettent parfois de le tutoyer ; mais, ce sont de grands mystiques….
- L’emploi de la formule « ne nous laissez pas succomber à la tentation ». C’est la formule qui correspond le mieux à la formule de l’original grec, selon le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC 2846). « Dieu n’éprouve pas le mal ; Il n’éprouve non plus personne » (Jc I,13) Il veut, au contraire, nous en libérer.
III. Méditation et grâce à demander
Ainsi donc, chaque méditation portera sur un moment de la vie du Christ, mais pour en tirer des conclusions pour notre vie présente et en liaison avec le thème qui nous est proposé chaque jour pendant le pèlerinage : ce seront les fruits du mystère et les grâces à demander. C’est ce que le pape Jean-Paul II exprimait par cette formule : « Chaque mystère du Rosaire, bien médité, éclaire le mystère de l’homme… Méditer le Rosaire consiste à confier nos fardeaux aux cœurs miséricordieux du Christ et de sa Mère ».
Quels sont donc ces méditations et quelles peuvent être les grâces à demander comme fruit de ces mystères ?
Mystères Joyeux :
L’Annonciation ; fruit du mystère : « l’humilité »
La Visitation ; fruit du mystère : « la Charité fraternelle »
La Nativité ; fruit du mystère : « l’esprit de pauvreté »
La Présentation de l’Enfant Jésus au temple ; fruit du mystère : « l’obéissance et la pureté »
Le Recouvrement de Jésus au temple ; fruit du mystère : « la recherche de Dieu en toute chose »
Mystères Lumineux :
Le Baptême de Jésus ; fruit du mystère : « l’esprit de pénitence »
Les Noces de Cana ; fruit du mystère : « la confiance dans la prière et l’intercession de Marie »
L’Appel à la conversion et la prédication du Royaume ; fruit du mystère : « le courage dans l’engagement et la persévérance »
La Transfiguration de Jésus ; fruit du mystère : « l’esprit de prière et le don de sagesse »
L’Institution de l’Eucharistie ; fruit du mystère : « la dévotion eucharistique »
Mystères Douloureux :
L’Agonie au Jardin des Oliviers ; fruit du mystère : « la contrition de nos péchés »
La Flagellation ; fruit du mystère : « le regret des péchés des sens »
Le Couronnement d’épines ; fruit du mystère : « le regret des péchés d’orgueil »
Le Portement de Croix ; fruit du mystère : « le courage dans les épreuves »
La Crucifixion ; fruit du mystère : « un plus grand amour de Dieu »
Mystères Glorieux :
La Résurrection de Jésus ; fruit du mystère : « la foi »
L’Ascension de Jésus au Ciel ; fruit du mystère : « un plus grand désir du Ciel »
La Pentecôte ; fruit du mystère : « le zèle pour les âmes »
L’Assomption de Notre Dame ; fruit du mystère : « la grâce d’une bonne mort »
Le Couronnement de Marie au Ciel ; fruit du mystère : « une plus grande dévotion à Marie »
IV. Les bienfaits du Rosaire
Du Rosaire, le pape Jean-Paul II vantait ainsi les mérites : « Le Rosaire, grâce à Marie, fait descendre, pour ainsi dire, la lumière salvifique de tous les mystères du Christ dans les circonstances et les difficultés de la vie quotidienne normale, du travail, de la fatigue, du doute, de la souffrance, de la vie sociale et familiale, et transfigure tout, élève tout, purifie tout ».
Il disait encore : « Le Rosaire est ma prière préférée. C’est une prière merveilleuse de simplicité et de profondeur…pour exhorter à la contemplation du visage du Christ en compagnie de sa Très Sainte Mère et à son école ».
- Le Rosaire : une prière de la famille, pour l’unité et la paix
Le Rosaire récité en famille est ferment d’union et de concorde.
Voilà, ce que disait le pape Pie XII, à ce sujet : « en récitant le Chapelet, la famille prie unie …Si la famille prie, en effet, elle vit ; et si elle prie unie, elle vit unie. Peu de moyens nous semblent aussi efficaces, pour promouvoir et conserver l’union des esprits, que la prière en commun récitée en famille, sous le regard affectueux et souriant de Marie ».
Et encore : « C’est surtout au sein des familles que nous désirons que la pratique du Rosaire soit répandue, religieusement conservée et sans cesse développée. C’est en vain qu’on s’efforce d’enrayer le déclin de la civilisation si on ne ramène pas à la loi de l’Évangile la famille, principe et fondement de la société ».
Quant au pape Jean-Paul II, il nous exhortait en ces termes : « Je répète aujourd’hui à tous, ce que j’ai dit aux familles : une grande prière pour la vie, qui parcourt le monde entier, est une urgence »
Le Rosaire est aussi un remède aux grands maux de notre temps.
Le pape Paul VI en octobre 1969 s’exprimait ainsi : « Nous exhortons le clergé et les fidèles à demander instamment à Dieu, par l’intercession de la Vierge Marie, la paix et la réconciliation entre tous les peuples. La paix est certes l’affaire des hommes…, mais la paix est aussi l’affaire de Dieu. La prière (la récitation du Rosaire), par laquelle nous demandons le don de la paix, est donc une contribution irremplaçable à l’instauration de la paix ».
Tandis que Jean-Paul II affirmait : « Le Rosaire est une prière orientée, par nature, vers la paix. En réalité, tandis qu’il nous conduit à fixer les yeux sur le Christ, le Rosaire nous rend aussi bâtisseur de la paix dans le monde ». - Le Rosaire : la prière recommandée par la Sainte Vierge
Toutes les fois que la Vierge apparaît à Fatima en 1917, elle porte un Chapelet et elle ne manque pas de recommander la récitation du Rosaire :
« Récitez le Chapelet tous les jours, afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre »
« Je veux que… vous disiez le Chapelet tous les jours »
« Je suis Notre-Dame du Rosaire. Que l’on continue à réciter le Chapelet tous les jours… »
Enfin, apparaissant à sœur Lucie, au couvent de Tuy, le 10 décembre 1925, la Sainte Mère de Dieu, lui dit, en lui montrant son cœur : « Vois ma fille, mon cœur entouré d’épines, que les hommes ingrats y enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi au moins tâche de me consoler et dis qu’à tous ceux qui pendant cinq mois, le premier samedi, se
confesseront, recevront la Sainte Communion, réciteront un Chapelet, et passeront quinze minutes avec moi, en esprit de réparation, je promets de les assister à l’heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme ».