– Vous savez ce que je veux être plus tard ?
– Oui, je le devine. Tu veux être religieuse.
– Non, c’est plus fort que ça.
– Je veux être une sainte, voilà ! C’est plus fort que d’être religieuse, hein ?
Claire de Castelbajac
8 ans ½ – A son père en 1961
Les moines ont fait l’Europe, mais ils ne l’ont pas fait exprès. Leur aventure est d’abord, sinon exclusivement, une aventure intérieure, dont l’unique mobile est la soif. La soif d’absolu. La soif d’un autre monde, de vérité et de beauté, que la liturgie avive, au point d’orienter le regard vers les choses éternelles ; au point de faire du moine un homme tendu de tout son être vers la réalité qui ne passe pas. Avant d’être des académies de science et des carrefours de la civilisation, les monastères sont des doigts silencieux dressés vers le ciel, le rappel obstiné, intraitable, qu’il existe un autre monde dont celui-ci n’est que l’image, l’annonce et la préfigure.
Un moine du Barroux
Le mystère des moines
Ne suivez pas ceux qui relèguent la religion dans un jardin secret, sans aucun rayonnement visible, à moins que vous n’ayez une vocation de pur contemplatif. En ce cas, répondez à l’appel du Bon Maître, et vous serez alors comme la braise que personne ne voit sous la cendre, qui chauffe sans mot dire et met le feu de la charité dans les cœurs. Et cette charité dressera le monde vers Dieu comme les architectes du Moyen Âge ont fait monter les cathédrales de pierre vers le ciel.
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Il y a ici un moine qui a cinquante ans de vie monastique derrière lui. A-t-il trouvé la perle ? C’est son secret. Mais sa joie est de savoir que la perle existe, et il la serre sur son cœur.
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La vie monastique consiste à adorer Dieu dans la nuit de la Foi. Aimer tendrement Celui qui ne se dérobe à nos yeux de chair que pour nous apprendre à Le chercher avec plus d’ardeur par l’obéissance avec le secours de « l’armée fraternelle », et plus encore par la suave et douloureuse attirance de son propre mystère.
Un moine
Lettre aux 18 – 20 ans de l’an 2000
Devant toi, ton Sauveur pend à la croix, nu et démuni, parce qu’Il a choisi la pauvreté. Qui veut Le suivre doit renoncer à tous les biens terrestres. Pour cela, il ne suffit pas d’avoir tout laissé derrière toi en entrant au couvent ; il te faut persister dans cet engagement. Recevoir avec gratitude ce que la Providence t’envoie ; renoncer joyeusement à ce dont elle veut te priver et ne pas te soucier de ton propre corps, de ses petits besoins, de ses envies, mais laisser ce soin à ceux qui en ont la charge ; ne pas te préoccuper du lendemain, ni du prochain repas.
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Devant toi, ton Sauveur pend à la croix, le cœur ouvert. Il a répandu le sang de son Cœur pour gagner ton cœur. Si tu veux Le suivre dans la sainte chasteté, ton cœur doit se purifier de tout désir terrestre. Il faut que Jésus le Crucifié soit l’unique objet de tes désirs, de tes aspirations, de tes pensées…
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C’est le cœur aimant de ton Rédempteur qui t’invite à Le suivre. Il exige ton obéissance parce que la volonté humaine est aveugle et faible ; elle est incapable de trouver son chemin tant qu’elle ne se donne pas toute entière à la volonté divine. Il exige la pauvreté, car nos mains, pour recevoir les biens du Ciel, doivent être vides des biens de ce monde. Il exige la chasteté, car seul un cœur détaché de tout amour terrestre est libre pour l’amour de Dieu. Les bras du Crucifié sont étendus pour t’attirer sur son Cœur. Il veut ta vie pour te donner la sienne…
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Quand le Sauveur appelle quelqu’un à rompre les liens naturels – sa famille, son peuple, son milieu – pour se l’attacher à Lui seul, le lien d’amour qui l’attache au Seigneur est plus manifeste que chez la plupart des rachetés. C’est pour l’éternité qu’il veut avoir le privilège d’appartenir à l’Agneau et de Le suivre là où Il va, en chantant le cantique des Vierges que nul autre ne peut chanter.
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Lorsque l’appel à la vie religieuse résonne dans une âme, c’est comme si Dieu lui déclarait son Amour. Et lorsqu’elle se consacre à Lui par les saints vœux et qu’elle entend le Veni sponsa Christi, c’est déjà une anticipation des noces. Mais ce n’est encore qu’un avant-goût des agapes éternelles. Ce ravissement de l’âme vouée à Dieu, sa fidélité, doivent faire leurs preuves dans les combats quotidiens, manifestes ou cachés de la vie religieuse. L’Époux qu’elle s’est choisi est l’Agneau immolé ; pour entrer avec Lui dans la gloire céleste, elle doit se laisser clouer à Sa croix. Les trois vœux sont les clous. Plus elle sera empressée de s’étendre sur la croix et à souffrir les coups de marteau, plus profondément elle vivra la réalité de son union au Crucifié.
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Devant toi, le Sauveur pend à la croix, parce qu’Il s’est fait obéissant jusqu’à la mort sur la croix. Il n’est pas venu au monde pour accomplir Sa volonté, mais celle du Père. Si tu veux devenir l’épouse du Crucifié, il te faut renoncer entièrement à ta propre volonté et ne rien désirer d’autre que d’accomplir la volonté de Dieu. Il te parle à travers la sainte Règle et les constitutions de ton Ordre. Il te parle dans le murmure de l’Esprit Saint au plus profond de ton cœur. Pour rester fidèle à ton vœu d’obéissance, jour et nuit, tu devras rester attentive à cette voix et obéir à ses commandements. Cela signifie crucifier ta volonté propre et ton amour propre, chaque jour et à chaque instant.
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La louange solennelle doit avoir sur terre ses foyers où elle puisse être conduite à la plus haute perfection dont les hommes soient capables. De là, elle peut s’élever vers le Ciel pour toute l’Église et avoir une action sur tous les membres de l’Église, en éveillant leur vie intérieure et en les invitant à faire chœur avec elle.
Edith Stein
(Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix) La crèche et la croix
Les époux, dit Notre Seigneur, « quittent père et mère afin de s’attacher l’un à l’autre » ; nulle union ne surpasse celle-là en intimité, en tendresse, en fécondité. Or, c’est à contracter avec lui une union semblable que le Verbe incarné invite l’âme qui lui est consacrée par les vœux de l’état religieux.
Bienheureux Dom Marmion
Sponsa Verbi, la Vierge consacrée au Christ
Si nous n’avions pas le sacrement de l’ordre, nous n’aurions pas Notre-Seigneur. Qui est-ce qui l’a mis là, dans ce tabernacle ? C’est le prêtre. Qui est-ce qui a reçu votre âme à son entrée dans la vie ? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à paraître devant Dieu, en lavant cette âme, pour la dernière fois, dans le sang de Jésus-Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre. Et si cette âme vient à mourir, qui la ressuscitera ? Qui lui rendra le calme et la paix ? Encore le prêtre. Vous ne pouvez pas vous rappeler un seul bienfait de Dieu, sans rencontrer, à côté de ce souvenir, l’image du prêtre.
Après Dieu, le prêtre, c’est tout !… Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre, on y adorera les bêtes.
Quand on veut détruire la religion, on commence par attaquer le prêtre, parce que là où il n’y a plus de prêtre, il n’y a plus de sacrifice, et là où il n’y a plus de sacrifice, il n’y a plus de religion.
On attache un grand prix aux objets qui ont été déposés dans l’écuelle de la Sainte Vierge et de l’Enfant Jésus, à Lorette. Mais les doigts du prêtre, qui ont touché la chair adorable de Jésus-Christ, qui se sont plongés dans le calice où a été son sang, dans le ciboire où a été son corps, ne sont-ils pas plus précieux ?…
Le sacerdoce, c’est l’amour du Cœur de Jésus. Quand vous voyez le prêtre, pensez à NotreSeigneur.
Saint Curé d’Ars
Chaque matin, le prêtre du sacrifice eucharistique accomplit le plus grand de tous les miracles après l’Incarnation du Verbe : il rend le Christ présent sur la terre. (…)
Toute la grandeur du prêtre dérive de cette possibilité pour lui de rendre présent sur la terre le crucifié du Golgotha et d’y perpétuer, au milieu des hommes, l’efficacité sans limite du sacrifice de la Croix. (…)
Telle est le rôle du prêtre dans l’Eglise: acheminer les hommes de la Trinité du baptême à la Trinité de la gloire, à travers tous les crucifiements de la vie. Il aide les âmes chrétiennes à marcher vers Dieu dans le Christ. (…)
Est-il un seul acte humain qui puisse échapper à l’influence surnaturelle du prêtre dans une vie? Le prêtre veille sur l’éducation chrétienne des enfants; il forme les militants du Christ que l’Église désigne officiellement pour la défense de la Foi; il pénètre dans la famille pour bénir les époux, leur dire le sens de cet amour conjugal qui doit s’épanouir en amitié dans le Christ. Il veille sur la formation des consciences chrétiennes de tous les membres du foyer. Il est le confident des enfants qui grandissent, le conseiller des parents, le soutien des adolescents aux heures de crise où ils s’orientent et se fixent dans la vie. Après les chutes, il est le Christ qui pardonne et ramène au devoir. Il est le compagnon de toute la vie du chrétien, qu’il conduit à Dieu au nom du Christ. Chaque matin, il apporte aux âmes la lumière et la force du Dieu caché dans l’hostie. Puis, quand vient l’heure du suprême adieu à un monde qui déjà s’évanouit, il approche une dernière fois, avec la puissance de son Maître pour dire : »Tu peux partir, âme chrétienne, le Christ de ton baptême est là qui veut t’éterniser en Lui dans l’amour. »
Père Philipon O.P.
Les sacrements de la vie chrétienne
Mais c’est à vous surtout, femmes et hommes consacrés, qu’au terme de cette Exhortation j’adresse avec confiance mon appel : vivez pleinement votre offrande à Dieu, pour que ce monde ne soit pas privé d’un rayon de la beauté divine qui illumine la route de l’existence humaine. Les chrétiens, plongés dans les occupations et les soucis de ce monde, mais appelés, eux aussi, à la sainteté, ont besoin de trouver en vous des cœurs purifiés qui « voient » Dieu dans la foi, des personnes dociles à l’action de l’Esprit Saint, qui marchent allègrement, fidèles au charisme de leur vocation et de leur mission.
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Vous savez bien que vous avez entrepris un chemin de conversion continue, de don exclusif à l’amour de Dieu et de vos frères, pour témoigner de manière toujours plus belle de la grâce qui transfigure l’existence chrétienne. Le monde et l’Eglise cherchent d’authentiques témoins du Christ. Et la vie consacrée est un don de Dieu fait pour que l’ « unique nécessaire » (cf Luc 10, 42) soit mis sous les yeux de tous.
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Dans l’Eglise, en ce qui concerne sa mission de manifester la sainteté, il faut reconnaître que la vie consacrée se situe objectivement à un niveau d’excellence, car elle reflète la manière même dont le Christ a vécu.
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La vie consacrée a toujours été située de manière privilégiée aux côtés de Marie, la Vierge épouse. De cet amour virginal résulte une fécondité particulière, qui contribue à la naissance et à la croissance de la vie divine dans les cœurs.
Jean-Paul II
Exhortation apostolique Vita Consecrata 25 mars 1996