Méditation 13
Chers pèlerins,
Voici que nous approchons du terme de notre pèlerinage, pendant lequel nous avons prié et médité ensemble, sur ce beau thème , très incarné, de « l’Éducation, chemin de sainteté ». Cette dernière méditation que nous allons faire, résume, en quelque sorte, tout ce qui a été dit au long de ces trois jours.
I. L’EDUCATION N’EST PAS QU’UN DRESSAGE DES INSTINCTS DE L’ENFANT ; ELLE CULTIVE SON INTELLIGENCE POUR LE CONDUIRE A DIEU
Parlez-vous de la même manière à votre animal domestique préféré et à un enfant ? Il est vrai que notre époque est très portée sur la protection des animaux divers autant que variés, mais tout de même…il y a une différence de taille !
L’animal, à force de répétitions, de gestes précis, de menaces et de cajoleries, instinctivement réalise ce que son maître exige de lui : le chien saura faire le beau, le cheval se mettre au trot ou au galop selon les cas, etc… Face à un animal, le maître dirige l’instinct de ce dernier, en fonction de ce qu’il désire obtenir. Il y a un certain échange entre ces deux êtres : l’un, l’animal, s’exprime d’une manière qui lui est propre ; l’autre, le maître, interprète ce langage, mais doit utiliser l’habitude répétée pour se faire comprendre et obéir. C’est bien pourquoi la précision de la langue française fait dire qu’on « dresse » un animal.
Mais l’enfant ? Vous me direz qu’il en est un peu de même lors de ses tout premiers mois d’existence : ne faut-il pas répéter à un tout petit les premiers éléments de ce que sera son futur langage ? Ne faut-il pas, d’une certaine manière, le « dresser » pour lui apprendre à dompter ses caprices et ne pas se laisser dominer par eux ?
Certes, mais c’est là qu’intervient la différence essentielle : votre chien ne vous répondra jamais que dans son langage propre, et vous ne pourrez jamais lui apprendre à vous répondre en Français. Le petit d’homme, au fur et à mesure où il maîtrise son langage, échange avec celui qui lui parle, pose des questions, entreprend de comprendre. Peu à peu se développe en lui cette propriété mystérieuse qu’est l’intelligence ; cette dernière s’ouvre, telle une chrysalide, avide de toujours recevoir plus, connaître davantage.
Et pour éviter que cela ne se fasse dans le désordre, il est nécessaire d’apprendre au petit d’homme le lien qui unit les diverses connaissances, lui montrer où le mène cette activité. D’ailleurs, l’enfant pose d’abord la question « qu’est-ce que c’est ? » pour demander ensuite « pourquoi ? »
Lui répondre, c’est l’éduquer, le faire grandir pour qu’il parvienne à cette certitude qu’il est une personne créée à l’image de Dieu, ce qui lui permettra de comprendre pourquoi il est une personne. A ce pourquoi, seule l’Église répond en plénitude : « Il est clair qu’il ne peut y avoir de véritable éducation qui ne soit dirigée toute entière vers la fin dernière. »
(Pie XI, Encyclique « Divini illius magistri ».)
II. POUR MENER A BIEN LEUR MISSION EDUCATIVE, LES PARENTS AFFRONTENT DE GRANDES DIFFICULTES, MAIS ILS PEUVENT COMPTER SUR DE NOMBREUSES AIDES
Inconsciemment d’abord, puis de manière plus précise, l’enfant sait qu’il peut connaître davantage, aller plus loin que les réalités matérielles dont il prend bien vite l’habitude. Ne veut-il pas changer régulièrement de jouets ? La grande découverte pour lui, c’est l’amour de son papa et de sa maman. Alors, il veut connaître pour aimer. Et de même qu’il se sait aimé de ses parents, et qu’il les aime, il veut découvrir Celui qui l’a aimé le premier : pour être toujours plus aimé de Lui, pour devenir vraiment enfant de Dieu.
Parents, votre mission est là : elle est toute votre espérance. Certitude de transmettre ce qui ne vous appartient pas à l’enfant que Dieu vous a confié.
Mission d’une noblesse à nulle autre pareille : la chair de votre chair, l’expression même de votre mariage, devient celui qui porte votre espérance : et lorsqu’il vous quitte pour espérer par lui-même grâce à votre éducation, vous savez tenir en vos mains vieillies la récompense de la mission : avoir éduqué votre enfant, l’avoir fait grandir dans la véritable liberté des enfants de Dieu.
Cela ne s’est pas fait sans mal : il vous a fallu passer par de nombreuses difficultés, franchir des angoisses certaines, tant la formation de la personne est délicate. Ces difficultés, ces angoisses sont certainement plus fortes aujourd’hui où tout est inversé. Le totalitarisme d’État n’est pas mort : il est seulement plus subtil, plus pernicieux, mais bien réel. L’État vit toujours dans ce rêve de mettre les parents à l’écart pour mieux détruire la cellule de base de la société : la famille.
L’Éducation est un combat : parents, de nombreuses aides existent pour fortifier votre mission première :
- La primauté revient à l’aide du Saint-Esprit : surnaturelle et mystérieuse, elle est permanente. Elle s’adapte à chaque situation, en toutes circonstances. L’Amour Divin est infini pour chacun. Comprenez-vous l’importance du sacrement de Confirmation ? Ne le retardez pas pour vos enfants : le Saint-Esprit est tout puissant dans la construction de votre enfant, particulièrement dans l’étape si délicate de l’adolescence.
- Il y a aussi des institutions complémentaires : l’École développe l’intelligence et l’apprentissage de la vie en société. À condition qu’elle soit pleinement catholique ! Au-delà des questions purement techniques, il est indispensable que l’enfant ne soit jamais un otage : il ne peut pas vivre et se développer dans une opposition permanente entre sa famille et l’extérieur. L’Église ne demande pas à l’École d’établir des théories fumeuses : elle lui demande de poser sa pierre dans le jardin unique de chaque enfant.
- Par ailleurs, tous les mouvements de jeunesse, vraiment catholiques, participent à cette unité : parmi eux, le Scoutisme s’est acquis une réputation qui n’est pas surfaite : apprentissage de la vie en commun, formation à la responsabilité dans l’oubli de soi-même, construction d’une véritable amitié, voilà tout ce que nous devons à l’intuition géniale de Baden-Powell, catholicisée par ces grands serviteurs de Dieu que furent le Père Sevin, le Chanoine Cornette, et tant de chefs prestigieux : même si sa pratique est aujourd’hui difficile, le scoutisme demeure indispensable, tout comme ces nombreux camps et colonies de vacances, qui donnent à vos enfants la Vérité et La Charité.
III. PAR L’EDUCATION DONNEE AU SEIN DES FAMILLES, LES CHRETIENS TEMOIGNENT, DANS UN MONDE DEBOUSSOLE, DE L’ESPERANCE QUI LES ANIME
Il reste un dernier point, certainement le plus important dans ses conséquences : l’action éducative ne peut pas rester enfermée dans la famille. Non seulement elle transmet aux enfants, mais elle est aussi un témoignage vivant pour le monde.
Nous pouvons être découragés par les innombrables obstacles dressés par la société actuelle, en plein oubli du sens naturel, en plein déni du surnaturel.
C’est pourtant notre rôle, comme l’enseigne Saint Paul à son disciple Timothée, de « prêcher à temps et à contretemps ». Dieu veut Se servir de nous pour l’accomplissement de Sa volonté : nous sommes les « causes secondes », Dieu étant la cause première.
L’éducation donnée par les parents catholiques est le tremplin de l’avenir. Il n’y a pas de doute que vient le temps où, devant l’accumulation des dégâts, les esprits perdus se tourneront vers l’exemple donné. Se tournant vers les parents, regardant les enfants, la seule question valable leur viendra à l’esprit : d’où leur vient cette paix, cette joie ? Pendant les persécutions, nombreux furent les bourreaux qui se sont convertis. Devant la famille catholique, par la famille catholique, nombreux seront ceux qui reviendront au bon sens naturel et découvriront la toute-puissance de la Grâce divine.
Chers pèlerins,
L’Espérance n’est pas morte : en exécutant votre mission primordiale d’éducation, vous entretenez à la face d’un monde déboussolé et répandez la petite flamme qui ne demande que de se répandre. Bataillons donc sans cesse : l’Éducation est la rencontre unique de l’humain avec le divin.