Interview du Cardinal Müller
Q/ Votre Éminence, tout d’abord, merci de nous accorder cette interview.
Votre Éminence, que signifie pour vous être catholique ?
Eh bien, catholique est une note de l’Église qui est une, sainte, catholique, apostolique.
Catholique signifie que nous appartenons à ce qui est catholique, à l’universel, que nous
correspondons à la volonté de Dieu pour le salut. Dieu veut que tous les hommes parviennent à la connaissance, atteignent la vérité et être sauvés par Jésus-Christ, le seul
Médiateur entre Dieu et les hommes. Il est le Fils de Dieu devenu homme. Il n’y a donc de salut qu’en Jésus-Christ. Ce salut, cette « Salvatio » est présent dans l’Église visible. On parle beaucoup de la « visibilité », de la visualisation, de « la visibilisation de la foi » : c’est l’Église catholique. Surtout à la Pentecôte, il est très agréable de constater que nous pouvons célébrer l’unique Eucharistie qui est le culte de Dieu en Jésus-Christ pour tous les peuples. Nous avons une seule messe et nulle part ailleurs les gens ne vivent ensemble aussi paisiblement et amicalement que dans l’Église catholique de Jésus-Christ.
Q/ Merci, tout a été dit en quelques mots. Mais comment peut-on, en une époque où il y a des divisions entre catholiques, servir et rester fidèle à l’Église ?
L’apôtre saint Paul a dit : il doit y avoir des divisions et des hérésies parmi vous pour que la vérité soit révélée et on ne peut que recommander à tous les catholiques de s’appuyer sur le fondement de la foi. Buvez à la source, l’eau vive, qui est le Christ, la révélation, l’amour de Dieu, et ne vous laissez pas influencer par les idéologies. Nous sommes d’abord chrétiens et catholiques, et ensuite seulement se présentent les options politiques et sociales.
Mais depuis la Révolution française, il existe cette séparation entre Montagnards et la Plaine, ces divisions de droite et de gauche ; la gauche, la droite, c’est l’idéologie. Une société doit être unie en elle-même, même une société naturelle, un État. Aucun État ne peut exister si ses citoyens sont hostiles les uns aux autres et ne font pas preuve de solidarité et d’amitié. Cela est particulièrement vrai pour l’Église.
Nous devons être un modèle pour la réconciliation des peuples, avec des personnages différents, des horizons éducatifs différents, des intérêts différents. Il faut pouvoir bien vivre ensemble et bien travailler ensemble.
Pour nous, le modèle, c’est la famille, la famille naturelle : père, mère, enfants avec grands-parents. Au fil des générations, chacun assume sa responsabilité pour les autres. L’humanité entière, visiblement représentée dans l’Église, devrait être la famille de Dieu. L’Église n’est pas n’importe quelle organisation qui représente des intérêts économiques ou des intérêts politiques. Ce n’est pas une question de pouvoir, pas une question d’argent ou de prestige.
L’Église parle de l’amour de Dieu. L’amour de Dieu avant tout et l’amour du prochain. Ce sont les piliers fondamentaux et les orientations fondamentales pour toute l’humanité.
Q/ Merci, c’est clair. Comment peut-on sauver la vérité à une époque relativiste ?
Le relativisme est la plus grande attaque contre l’existence humaine parce que…les gens ont droit à la vérité. Aristote commence sa Métaphysique par la fameuse phrase selon laquelle tous les hommes, parce qu’ils sont des êtres spirituels, cherchent la vérité, sont orientés vers la vérité. Personne ne peut le nier.
Ce sont précisément les relativistes qui sont les plus totalitaires. Ils considèrent que la
vérité n’est pas la base de la coexistence.
Dans l’Évangile de St Jean, Jésus parle du diable, du fauteur de désordre, du diabolus qui détruit tout, ce qui détruit aussi la valeur de la vie. Le diable n’est qu’un menteur. Et du mensonge vient le meurtre, c’est le meurtrier depuis le début. Quiconque s’oppose à la vérité finira dans un génocide. Voyez par exemple en Allemagne le national-socialisme, le fascisme, ces dictatures et aussi le communisme en Union soviétique, en Chine rouge et communiste, nous avons eu ces monstrueux massacres, ce génocide contre les Juifs, contre les Polonais ou d’autres groupes ethniques ou opposants idéologiques. Cela a tout simplement commencé en niant la vérité. On dit que la vérité n’est qu’un produit, un produit de la pensée, et celui qui la produit est le maître de la vérité. Mais la vérité nous est donnée. Cela transparaît dans la confiance fondamentale qu’un petit enfant a envers sa mère. C’est aussi la base : la confiance, la vérité et la bonne coexistence des personnes. C’est la base de tout.
Pour cette raison, nous ne présentons pas seulement notre vérité, mais l’Église représente LA Vérité. En Jésus-Christ, la grâce et la vérité sont venues dans le monde.
Cela rend la vie digne d’être vécue et apporte de la joie ! Tous les relativistes ne savent pas rire et ne comprennent pas les blagues. Méfiez-vous des gens qui ne savent pas plaisanter, les ‘sans humour’ : Hitler était absolument sans humour, Staline était absolument sans humour, Mao Zedong était absolument sans humour. Faites attention à ces gens sans humour, car si vous connaissez la vérité, vous pouvez vous remettre en question et ne pas vous sentir obligé d’avoir un comportement totalitaire.
Hannah Arendt, grande auteure et philosophe d’origine juive, a écrit un célèbre livre sur le totalitarisme. Les relativistes devraient le lire, car le relativisme et le totalitarisme sont comme les deux faces d’une même médaille.
Q/ Merci, c’est très clair. Notre pèlerinage, de Paris à Chartres, attire une jeunesse nombreuse comme vous l’avez vu hier. Ces pèlerins trouvent une nourriture spirituelle dans la messe célébrée selon le rite ancien. La liturgie traditionnelle joue-t-elle un rôle dans la mission de l’Église ?
Je dois dire fondamentalement qu’il n’y a qu’une seule liturgie. La substance des sacrements institués par le Christ, qui transmet la grâce de Jésus-Christ à nous, humains, dans notre monde visible, monde communautaire, dans ces signes saints, dans les sept sacrements. Mais dès le début, différents rites se sont développés dans une seule Église, pas seulement les rites occidentaux et orientaux. Il existe également différentes formes de liturgie en Occident : le rite ambrosien, le rite mozarabe, le rite dominicain, etc. D’autres ordres présentent certaines différences, notamment dans le rite latin de base. Le rite latin s’est développé d’une certaine manière au Concile de Trente et plus tard, le Concile Vatican II ne voulait pas d’une nouvelle liturgie. Il n’y a donc ni nouvelle ni ancienne liturgie. Il n’y a que la liturgie toujours renouvelée, parce que la liturgie véhicule la nouveauté du Christ, ‘la nouveauté de Jésus Christ’. Le Christ est inattaquable.
Mais le cardinal Ratzinger, qui deviendra le pape Benoît XVI, a également déclaré que la réforme liturgique et la nouvelle liturgie avaient peut-être été mises en place de manière quelque peu abrupte, simplement par un décret. Ce n’était pas le cas en Allemagne, parce qu’il y avait ce mouvement liturgique en Allemagne depuis la Première Guerre mondiale : Romano Guardini et de grandes figures, et aussi Schottis, et le missel, toujours en allemand et en latin. Tous les croyants, même s’ils ne comprenaient pas le latin, pouvaient suivre. Il y avait beaucoup de chants, dont le Gloria et Credo et, à cet égard, le changement n’a pas été aussi brutal en Allemagne qu’en Italie ou en France.
En France, bien sûr, il y eut aussi des mouvements liturgiques : Solesmes et les grands liturgistes français comme Martimort et bien d’autres aussi, et la théologie a pris le relais en France, avant le Concile Vatican II.
La Première Guerre mondiale, après le XIXe siècle, a joué un rôle majeur ; la liturgie de langue française a également joué un rôle prépondérant. À cet égard, il ne faut pas opposer d’une manière ou d’une autre, l’ancienne et la nouvelle liturgie. Mais il est tout à fait justifié, en fin de compte, de dire que la spiritualité, qui est associée au Missel de Jean XXIII est légitime. C’est pourquoi on ne devrait pas créer de telles oppositions désormais.
J’ai également publiquement critiqué le fait que Rome adopte désormais une approche aussi restrictive. Il faut effectivement procéder de manière conciliante et ne pas être dogmatique, penser à partir de la substance du sacrement pour ensuite se diriger vers la forme liturgique concrète. Je pense que c’est important. Comme je l’ai déjà dit, nous n’avons pas une droite et une gauche, des traditionalistes et des progressistes. Ce sont en fait des catégories fallacieuses. On ne peut être que catholique, ou non-catholique, ou bien protestant ou dans une autre direction, ou peut-être qu’on est hérétique ; ce sont nos catégories.
Il est important qu’à la place de ces catégories sociologiques et psychologiques, davantage de catégories théologiques puissent à nouveau entrer en jeu, parce que la foi vient de la révélation et ne peut donc être interprétée que théologiquement, ‘logos to theos’, et non avec des moyens purement sociologiques ou psychologiques, tirés de la sociologie et psychologie modernes, comme la sociologie d’Auguste Comte positiviste et celle de Sigmund Freud, positiviste et idéologiquement contaminée.
Il ne s’agit pas d’une science purement orientée vers la raison, mais qui fait appel à d’autres normes. Nous ne devrions pas nous laisser influencer. La psychologie et la sociologie peuvent certes avoir quelque chose à voir avec la théologie pastorale et sont censées être des sciences auxiliaires, mais elles doivent être libérées de leur accoutrement idéologique. Nous ne pouvons pas non plus adopter tranquillement le socialisme de Marx parce qu’il est totalement corrompu par l’athéisme et repose sur une vision complètement erronée de l’humanité. On affirme vouloir libérer la personne alors qu’on en fait précisément un objet, on prétend qu’il n’est en fait qu’un conglomérat de conditions sociales et idéologiques. Toutes ces conditions
jouent dans la vie humaine concrète, mais chaque personne est un sujet en soi.
Ce qui définit finalement l’identité d’une personne, c’est la relation avec le Dieu Créateur. L’homme n’est pas une créature de la société, mais une créature de Dieu. Dieu est vérité, Dieu est logos, Dieu est raison, Dieu est amour, et c’est cela qui nous correspond le plus, à nous les humains. Dieu n’avait pas besoin de nous créer, il n’avait pas besoin de tribunal, il n’a pas besoin de serviteurs, mais Dieu nous donne de sa plénitude et donc celui qui sert Dieu est libre.
Q/ Merci. Il y a 40 ans, le pape Saint Jean-Paul II appelait à la nouvelle évangélisation de l’Europe. Cet appel est-il toujours d’actualité ?
Oui, plus que jamais. Il ne s’agit pas d’un slogan à court terme. Un parti a un slogan, qui dure les quatre années suivantes, au cours desquelles vous arrivez au pouvoir et obtenez un mandat. L’évangélisation est une tâche historique, centenaire, millénaire. Cela n’a pas lieu à un moment donné et s’arrête ensuite : l’évangélisation commence avec chaque nouvelle génération. Bien sûr, on peut aussi promouvoir la foi à travers la vie sociale, à travers l’environnement, mais en fin de compte, chaque personne doit prendre la décision personnelle de savoir si elle donne toute sa vie à Dieu, si elle reçoit de Dieu et si elle se comprend par rapport à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
Par conséquent, aucun chrétien ne le devient et ne peut être déterminé, dans un sens sociologique, simplement par les circonstances. Les circonstances peuvent être utiles. Si vous êtes né dans une famille chrétienne, cela peut être très utile. Mais nous savons aussi que des personnes nées et élevées dans des familles chrétiennes se sont ensuite éloignées de la foi : Voltaire, Denis Diderot et tous ces gens-là ont effectivement eu une bonne éducation chrétienne de base, mais n’ont finalement pas compris en quoi consistait la foi chrétienne et ont nié cet acte d’amour pour Dieu. Mais il y a aussi beaucoup de gens à l’inverse, j’en connais beaucoup de ces gens, qui n’ont eu aucun environnement chrétien dans leur enfance et leur jeunesse, mais qui sont ensuite parvenus à la foi, certainement grâce à l’accompagnement des chrétiens qu’ils ont rencontrés.
Quand j’étais évêque à Ratisbonne, un jour un couple est venu d’Iran. Le curé me les avait envoyés parce que les adultes sont baptisés par l’évêque. Bien sûr, je leur ai ensuite demandé, au cours de la conversation, quelle était la raison pour laquelle ils se faisaient baptiser. Ils ont déclaré qu’ils avaient été persécutés dans leur pays, sous le régime local, etc., et qu’ils avaient également été maltraités, jusqu’au camp où ils se trouvaient en Allemagne, maltraités par leur propre peuple. Mais ensuite ils rejoignirent une paroisse chrétienne. Alors ils m’ont dit : « Pour la première fois de notre vie, nous avons fait l’expérience que les gens nous aiment sans rien attendre en retour », pas un ‘do ut des’ (donnant-donnant), ils l’ont simplement fait par amour du Christ. Ils ont alors eu l’idée que Dieu, en qui bien sûr ils croyaient déjà, que ce Dieu se tourne vers nous, les humains, en Jésus-Christ, que Dieu est amour et qu’il n’exige pas simplement une obéissance aveugle, mais un abandon joyeux, et que nous sommes heureux grâce à l’Évangile, à la parole de Dieu. C’est en fait cela l’évangélisation.
Ce grand contre-mouvement contre le christianisme, ‘la déchristianisation’ de la France, de l’Europe, Hébert, les Jacobins et Robespierre, Saint Just et tous ces gens, puis aussi au XIXe siècle jusqu’à la loi complètement injuste appelée ‘Séparation de l’Église et de l’État’ à partir de 1905, visait à la suppression de l’Église. Il ne s’agit pas là d’un État véritablement neutre et moderne, qui prenne en compte les initiatives sociales et les croyances de la population.
Ce mouvement antichrétien, qui malheureusement s’étend désormais à la politique de
Bruxelles, s’engage dans une politique qui ne cible pas délibérément l’Église. Mais vous sapez la base anthropologique. L’identité de l’homme est dissoute et il ne peut plus être l’interlocuteur de Dieu, écouter la Parole de Dieu ! La personnalité, le concept de personnalité, est dissous. C’est antichrétien et nous devons clairement y remédier. Le pape Jean-Paul II avait également déclaré : « Le chemin de l’Église, à notre époque moderne, c’est l’homme », mais pas dans le sens d’un anthropocentrisme. L’homme est la personne de contact de Dieu. L’homme est le sens de toute la création. Dieu a tout créé, mais pour le bien de l’homme et pour notre salut, le Fils de Dieu, qui est Dieu lui-même, s’est fait homme et a habité parmi nous. C’est la dignité humaine. C’est la base de la nouvelle évangélisation.
Nous devons dire à tout le monde, en particulier aux jeunes, quel est le premier pas vers le christianisme : s’accepter pleinement soi-même, sa propre existence. Personne ne doit avoir besoin de s’excuser d’exister. Personne d’autre n’a le droit de vous mettre en question. Parce que Dieu vous a dit « oui », personne ne peut vous nier, vous relativiser ou vous instrumentaliser. C’est ce dont les jeunes ont particulièrement besoin, de ce sentiment de robustesse, d’une solide estime de soi. C’est la base.
Alors un jeune homme s’approcha de Jésus et lui dit : ‘Que dois-je faire pour atteindre la vie éternelle ?’. Jésus n’a pas répondu quelque chose comme ‘tu es encore jeune, apprends d’abord quelque chose, tu es encore ignorant’. ‘Que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ?’, il n’y a pas de meilleure question.
Un jeune ! Les apôtres étaient tous des jeunes hommes et les disciples de Jésus étaient tous des jeunes. Jésus lui-même était un jeune homme de 30 ans lorsqu’il commença à proclamer publiquement le royaume de Dieu. Le christianisme est un mouvement de jeunesse. Nous aussi, les personnes âgées, sommes encore jeunes : nous restons toujours fils de Dieu, même si, comme le dit l’apôtre Paul, le corps est un peu plus faible, mais l’esprit est vivant et jeune.
C’est ce que nous devons dire aux jeunes : la première étape de l’évangélisation est de renforcer l’estime de soi et deuxièmement de dire : ‘Dieu s’adresse à toi, Dieu s’intéresse à toi !’ Il est alors très facile d’arriver à la foi, parce que Jésus est l’intérêt visible de Dieu pour chacun de nous. Chaque individu est appelé. Bien que nous soyons une grande communauté, nous ne sommes pas une masse, ni guidés, comme dit Gustave Le Bon, par « la psychologie des foules ». Nous ne sommes pas une masse et nous ne devons pas l’être, mais nous sommes une grande communauté où chaque personne compte.
Dans une famille avec de nombreux enfants, le nombre d’enfants ne réduit pas la valeur de chaque enfant. Chaque personne a une valeur infinie. C’est pourquoi, je le dis aujourd’hui, nous n’avons pas besoin de trop de médicaments ; nous n’avons pas besoin d’abuser de l’alcool, nous n’avons pas besoin de changement de sexe. Nous n’avons pas besoin de tous ces effets autodestructeurs et suicidaires de la société. Chaque personne a suffisamment de réserves en elle-même et, avec l’aide de la grâce, nous pouvons recevoir et développer nos talents et faire beaucoup de bien à la communauté : que ce soit en fondant une famille en tant qu’homme ou femme ou dans une profession spirituelle, une vie religieuse ou dans la vie sacerdotale. Nous ne sommes les fonctionnaires d’aucun système, mais plutôt les serviteurs de Dieu pour le salut de chaque personne. Il faut dire à tous : « Vous êtes appelés à la vie éternelle ».
« Que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? Jésus nous donne la meilleure réponse à cette question et aucun politicien, aucun journaliste, aucun faiseur d’opinion, aucun idéologue ne l’égale. Voltaire, Nietzche, tous ces gens sont morts, tout le monde est mort, mais le Christ, lui, vit.
Q/ Merci. Dernière question : l’association qui organise le pèlerinage à Chartres s’appelle
« Notre Dame de Chrétienté ». Elle est accusée d’avoir utilisé le terme ‘chrétienté’.
Certains disent que l’Église ne devrait pas s’immiscer dans les affaires du monde : selon eux, dans cette Europe déchristianisée, l’enseignement social de l’Église serait dépassé. Qu’en pensez-vous ?
Eh bien, c’est ce que disaient également les nazis en Allemagne, à savoir que le christianisme est dépassé. Nous n’avons pas besoin d’être sermonnés par ces idéologues. Ils disent que nous ne devrions pas nous mêler du monde, mais eux, ils s’immiscent dans l’Église ! Personne d’autre ne peut déterminer de l’extérieur ce qu’est le christianisme. Les idées exprimées par de telles opinions extérieures produisent les effets que nous constatons actuellement dans le monde. Nous sommes confrontés à une troisième guerre mondiale. Le monde entier est divisé. Les principaux pays du monde sont sous des dictateurs ou des semi-dictateurs.
Également en Amérique, autrefois pays de liberté, il y a un parti et un président appelant au meurtre des enfants. C’est ce qu’on appelle par euphémisme l’avortement. Mais il s’agit du meurtre d’un être humain vivant et personne n’a le droit de nier l’humanité des enfants dans le ventre de leur mère. Qui les parents produisent-ils ? Ils produisent un être humain et non pas un amas biologique de cellules à partir duquel un être humain se développe ensuite miraculeusement. Les poules ne grandissent pas dans un tas de fumier. Les animaux engendrent des animaux, l’homme engendre un homme. Ce qui se trouve dans l’utérus n’est pas une partie de mon corps, mes cheveux, mes pieds ou quoi que ce soit d’autre. Ce qui a été conçu dans le sein maternel, par le père et la mère, selon la volonté de Dieu, est une personne vivante qui a été appelée de toute éternité, avant même d’être créée, une personne qui a été appelée à devenir fils et fille de Dieu.
En ce qui concerne la vie sociale, il n’y a pas de meilleure solution que la doctrine sociale de l’Église, car l’alternative à l’enseignement social de l’Église est le capitalisme de Manchester. C’est-à-dire le retour à la jungle de l’homme et à son existence dans la jungle : chacun se bat contre l’autre, exploite l’autre, de la manière qui lui convient le mieux. Ou cela mène à l’économie planifiée soviétique, qui a apporté le malheur et détruit des millions de personnes.
La doctrine sociale de l’Église combine ces valeurs fondamentales au niveau anthropologique : l’homme en tant que personne, la solidarité, la coopération, la vie sociale avec les circonstances naturelles, économiques, les nécessités, l’humanisation, mais aussi le développement technique. Le développement technique, la capacité que Dieu nous a donnée de développer la technologie, est fondamentalement humain.
Dieu nous a donné la compréhension des questions philosophiques fondamentales, mais aussi
de quoi faire face à la vie quotidienne. L’agriculture est née, ‘Agrikultura’, une culture, puis la culture industrielle, maintenant la culture technique la plus moderne que nous ayons.
Cependant, nous savons que tout peut toujours être interprété de deux manières : Caïn était agriculteur, mais il a utilisé ses instruments pour tuer son frère. C’est, pour ainsi dire, le symbolisme primordial d’une éventuelle guerre fratricide. Toute guerre est une guerre fratricide : entre la France et l’Allemagne, la première et la seconde guerre mondiale furent chacune une guerre fratricide ; c’était pourtant le même empire franc. Chaque guerre est une guerre contre des frères et sœurs.
C’est pourquoi nous avons également besoin de l’éthique, de cette éthique individuelle et de cette éthique sociale, afin de pouvoir exploiter ces possibilités techniques pour les gens et non contre eux.
Nous avons développé toutes sortes de médicaments : les comprimés contre les maux de tête sont faits, à une certaine dose, pour soulager la douleur, mais en cas de surdosage, ils peuvent
rendre suicidaire. Vous comprenez que des médicaments sont des instruments positifs pour les gens ou négatifs contre eux, selon la façon dont ils sont utilisés.
Cela nécessite une éthique et pas seulement un mode d’emploi pour ces instruments, qui n’est pas suffisant. Vous devez également savoir si ces médicaments sont-ils autorisés dans tel ou tel cas, ou non autorisés.
L’intelligence artificielle peut être d’une grande aide ! Aujourd’hui, si je compare ça à la façon dont on apprenait le français ou l’anglais : de grandes tables, des livres de vocabulaire
et de grammaire, etc. Mais on ne pratiquait pas beaucoup, nous, les personnes âgées, on connaît donc principalement les autres langues de manière passive et moins active.
Aujourd’hui, nous avons des options complètement différentes avec Sprachstudio et apprenons et entendons comment tout prononcer correctement, la prononciation. Avant, nous n’apprenions cela que par transcription. Mais quand on entend parler une langue, c’est quelque chose de différent.
Nous avons donc aussi l’intelligence artificielle sous ces formes les plus modernes, mais aussi la possibilité de faire de grands progrès en matière de pédagogie et de communication internationale. Mais bien sûr, nous devons aussi utiliser tous ces médias, les réseaux sociaux, les médias techniques pour les gens, pour la liberté.
C’est nous qui sommes les représentants de ‘l’égalité’ et de la ‘fraternité’. Cela ne vient pas de la Révolution française. C’est une formulation que Fénelon a utilisée pour la première fois dans sa compilation de ce qui caractérise fondamentalement les valeurs chrétiennes. Il n’y a pas de fraternité en dehors du christianisme. En allemand, on dit une sorte de parodie de Lénine : « Si tu ne veux pas être mon frère, je te fracasse le crâne. » Il n’y a pas de fraternité ou de fraternisation forcée : la fraternité doit venir du cœur du peuple, être bienveillante.
Même chose pour « l’égalité ». Nous sommes tous égaux devant Dieu, non pas rendus égaux entre les hommes, mais égaux en dignité, afin que chacun puisse utiliser et déployer ses talents, introduire son individualité et ne pas se noyer dans le collectivisme. « Égalité, fraternité et… liberté ». La Liberté est bien sûr le principe de base. En Christ, nous sommes libres et libérés, ne dépendant plus des éléments de la nature, du pouvoir arbitraire des tyrans. C’est le plus grand cadeau : la liberté chrétienne qui nous a été donnée, non pas pour opprimer les autres, là où seul le dictateur est libre et où les autres sont tous ses esclaves, mais où nous sommes tous libres dans une communauté de Liberté.
Mais la liberté n’existe jamais sans joie. Là où il n’y a pas de joie, là où les gens sont sans humour, il faut être très prudent. En allemand, nous avons le dicton : « Là où vous chantez et êtes heureux, installez-vous là-bas, les méchants n’ont pas de chansons. » Les méchants ne chantent pas.
Votre Éminence, nous vous remercions, merci, merci beaucoup. Oui, c’était très riche, merci encore.
Interview Cardinal Müller
Eminenz, Danke zuerst für das Gespräch.
Eminenz, was bedeutet es für Sie katholisch zu sein?
Ja, katholisch ist ein Attribut der Kirche mit einig, heilig, katholisch,
apostolisch. Katholisch heißt, dass wir dem katholischen, dem universalen
Heilswillen Gottes entsprechen. Gott will ja, dass alle Menschen zur Erkenntnis der
Wahrheit gelangen und gerettet werden durch Jesus Christus, den einzigen
Mittler zwischen Gott und den Menschen. Er ist der Sohn Gottes, der Mensch geworden ist; darum gibt es allein in Jesus Christus Heil. Dieses Heil, diese “Salvatio” ist präsent in der sichtbaren Kirche. Man spricht ja viel von der “visibilité”, der Sichtbarmachung, “ la visibilisation de la foi”, Sichtbarmachung des Glaubens. Und das ist eben die katholische Kirche. Gerade an Pfingsten ist es sehr schön zu erleben, dass wir die eine Eucharistie feiern können, die eine Gottesverehrung haben in Jesus Christus für alle Völker. Wir haben die eine Heilige Messe und nirgendswo anders leben Menschen so friedlich und so freundschaftlich miteinander wie in der katholischen Kirche Jesu Christi.
Danke, das ist kurz und es ist ja alles gesagt. Danke. Aber wie kann man in einer
Zeit, in der es Spaltungen unter den Katholiken gibt, der Kirche dienen und ihr treu bleiben ?
Der heilige Apostel Paulus hat gesagt: es muss ja Spaltungen, Häresien unter euch geben, damit die Wahrheit offenbar wird; und man kann nur
allen Katholiken sagen, sie sollen sich auf das Fundament des Glaubens stellen,
aus der Quelle trinken, dem lebendigen Wasser, das eben Christus ist, die Offenbarung, die Liebe Gottes, und sich nicht von Ideologien beeinflussen lassen. Zuerst sind wir Christen und katholisch, dann erst kommen irgendwelche politische und gesellschaftliche Optionen.
Aber seit der Französischen Revolution ist ja diese Trennung in die
Montagnards et la Plaine, diese Trennungen rechts und links, la gauche, la droite, das ist Ideologie. Eine Gesellschaft muss in sich schon vereint sein, auch eine natürliche Gesellschaft, ein Staat. Kein Staat kann existieren, wenn die Bürger feindlich gegeneinander sind und nicht solidarisch und freundschaftlich gesinnt sind. Das gilt erst recht für die Kirche.
Wir müssen ja das Vorbild sein für die Versöhnung der Menschen mit
unterschiedlichem Charakter, unterschiedlichem Bildungshorizont, unterschiedlichen Interessen; wir müssen gut miteinander leben, gut miteinander arbeiten können.
Das Modell ist ja, für uns, die Familie, die natürliche Familie: Vater, Mutter, Kinder mit den Großeltern. Die Folge der Generationen, alle übernehmen Verantwortungen für die anderen. Die ganze Menschheit soll ja, sichtbar dargestellt in der Kirche, die Familie Gottes sein. Die Kirche ist nicht irgend eine beliebige Organisation, die wirtschaftliche Interessen vertritt
oder die politische Interessen vertritt. Es geht hier nicht um die Macht, um das
Geld, um das Prestige. In der Kirche geht es um die Liebe Gottes, die
Liebe zu Gott über alles und die Liebe zum Nächsten. Das sind die Grundpfeiler und die Grundorientierungen für die ganze Menschheit.
Danke, das ist klar. Wie kann man die Wahrheit in einer relativistischen Zeit retten ?
Der Relativismus ist die größte Attacke auf die menschliche Existenz, denn der
Mensch hat ein Recht auf Wahrheit. Aristoteles beginnt seine Metaphysik mit
dem berühmten Satz, dass alle Menschen, weil er ein geistiges Wesen ist, nach der
Wahrheit suchen, auf die Wahrheit hin orientiert sind. Das kann niemand leugnen.
Gerade die Relativisten sind ja am meisten totalitär. Sie akzeptieren ja die
Wahrheit als Basis des Zusammenlebens nicht. Jesus hat ja im Johannesevangelium vom Teufel gesprochen, der Teufel, der Durcheinandermacher, der Diabolus, der
alles zerstört, der auch den Lebenswert zerstört. Der Teufel ist eben der Lügner. Und aus der Lüge folgt der Mord, ist der Mörder von anbeginn. Wer gegen die Wahrheit ist, der wird auch dann im Völkermord enden. Siehe bei uns in Deutschland, Nationalsozialismus, Faschismus, diese Diktaturen und auch im Kommunismus in der Sowjetunion, im roten, kommunistischen China haben wir diesen ungeheuren Massenmord gehabt, Völkermord an den Juden, an Polen oder anderen Völkerschaften oder ideologischen Gegnern. Das hat eben damit angefangen, dass man die Wahrheit geleugnet hat. Man sagt die Wahrheit sei so nur ein Produkt, ein Gedankenprodukt, und wer dieses Produkt produziert ist dann der Herr über die Wahrheit. Aber die Wahrheit ist uns vorgegeben. Sie leuchtet schon in dem Urvertrauen auf, das ein kleines Kind zu seiner Mutter hat. Das ist auch die Basis: das Vertrauen, die Wahrheit und das gute Zusammenleben der Menschen. Das ist die Grundlage für alles. Deshalb
vertreten wir nicht einfach nur unsere Wahrheit, sondern die Kirche vertritt DIE
Wahrheit. In Jesus Christus ist die Gnade und die Wahrheit in die Welt gekommen.
Das macht das Leben auch lebenswert und bringt Freude hervor? Alle die
Relativisten können nicht lachen, können keine Witze verstehen. Vorsicht vor
Leuten, die keinen Spaß verstehen. Die Humorlosen: Hitler war absolut humorlos, Stalin absolut humorlos, Mao Zedong humorlos. Vorsicht vor diesen humorlosen Menschen, denn wer die Wahrheit kennt, der kann kan sich selbst auch etwas relativieren und hat nicht diesen Zwang sich totalitär zu verhalten.
Hannah Arendt, eine große Autorin jüdischer Herkunft, Philosophin, hat ja das berühmte
Buch über den Totalitarismus geschrieben. Das sollten die Relativisten einmal durchlesen, denn Relativismus und Totalitarismus sind wie die zwei Seiten einer Münze.
Danke, das ist ganz klar, perfekt. Unsere Walllfahrt, von Paris nach Chartres, zieht eine große Jugend an, wie sie es schon gestern gesehen haben. Diese Pilger finden geistliche Nahrung in der Messe, die nach dem alten Ritus gefeiert wird. Welche Rolle kann die
traditionelle Liturgie in der Sendung der Kirche spielen ?
Ich muss ja grundlegend sagen, dass es nur eine Liturgie gibt. Die Substanz der Sakramente, wie sie von Christus eingesetzt ist, die die Gnade Jesu Christi in diesen heiligen Zeichen, den sieben Sakramenten, uns Menschen in unserer sichtbaren Welt, gemeinschaftlichen Welt vermittelt. Aber von Anfang an haben sich ja in der einen Kirche verschiedene Riten ausgebildet, nicht nur die westlichen und die östlichen Riten; auch im Westen gibt es da unterschiedliche Liturgieformen: ambrosianischer Ritus, mozarabischer Ritus, die Dominikaner. Andere Orden haben gewisse Unterschiede, auch im grundständig lateinischen Ritus. Der lateinische Ritus hat sich ja auch dann im Konzil von Trient und dann später noch in gewisser Weise weiter entwickelt. Und das Zweite Vatikanische Konzil wollte keine NEUE Liturgie. Es gibt also keine neue und keine alte Liturgie; es gibt immer nur die neue Liturgie, weil die Liturgie die Neuheit Christi, “la nouveauté de Jésus Christ”, vermittelt. Christus ist unüberholbar.
Aber Kardinal Ratzinger, später Papst Benedikt, hat da auch gesagt, dass vielleicht diese Liturgiereform, Erneuerung der Liturgie auch etwas abrupt gekommen ist, einfach mit einem Dekret. In Deutschland war das nicht so, weil wir in Deutschland ja diese liturgische Bewegung hatten, seit dem Ersten Weltkrieg: Romano Guardini und große Gestalten, und auch diesen Schottis, dieses Messbuch immer in deutsch und lateinisch. Alle Gläubigen konnten, auch wenn sie kein Latein verstanden, trotzdem mitvollziehen. Es gab viele Lieder, auch welche für Gloria und Credo und sofort. Insofern war in Deutschland diese Änderung nicht so abrupt wie vielleicht in Italien oder auch in Frankreich.
In Frankreich gab es natürlich auch liturgische Bewegungen: Solesmes und die
großen Liturgiker, die aus Frankreich gekommen sind: Martimort und viele andere
auch, und die Theologie hat in Frankreich (vor dem zweiten vatikanischen Konzil,) nach
dem Ersten Weltkrieg, auch im 19 Jahrhundert schon, eine große Rolle gespielt, französischsprachige Liturgie war auch führend. Insofern sollte man gar nicht irgendwie alte und neue Liturgie entgegenstellen. Aber das ist durchaus berechtigt, wenn man sagt, dass diese Spiritualität, die mit dem Messbuch von Johannes dem XXIII. Letztendlich verbunden ist, legitim ist. Deshalb sollte man auch jetzt keine solche Fronten aufbauen.
Ich habe ja auch öffentlich kritisiert, dass von Rom aus jetzt einfach so restriktiv vorgegangen wird. Man sollte eigentlich versönhnlich vorgehen und sollte vom dogmatischen
Denken ausgehen, von der Substanz der Sakrament, und sich dann zur konkreten liturgischen Form hinbewegen. Das wäre, glaube ich, wichtig. Wie ich es vorhin auch schon gesagt habe, gibt es bei uns nicht rechts und links, nicht traditionalistisch und progressistisch. Das sind schon fallche Kategorien. Man kann nur katholisch sein oder man ist nicht katholisch, vielleicht Protestant oder eine andere Richtung, oder ist vielleicht auch hereretisch; das sind unsere Kategorien.
Es ist wichtig, dass man, statt dieser soziologischen und psychologischen Kategorien, mehr theologische Kategorien wieder zum Zug kommen lässt.
Denn der Glaube entstammt der Offenbarung und kann deshalb nur
theologisch, logos tu theu (?), ausgelegt werden und nicht mit rein soziologischen Mitteln, psychologischen Mitteln.
So moderne Soziologie und Psychologie, Auguste Comte Soziologie ist positivistisch und
Sigmund Freud ist positivistisch und ideologisch kontaminiert. Sie ist keine reine vernunftorientierte Wissenschaft sondern bringt andere Standards ein. Wir sollen uns eben nicht davon beeinflussen lassen. Psychologie und Soziologie haben vielleicht auch in der Pastoraltheologie etwas zu suchen und sollen da Hilfswissenschaften sein, aber man muss sie von ihrem ideologischen Beiwerk befreien. Wir können auch den Sozialismus nicht einfach von Marx übernehmen, weil er durch den Atheismus total korrumpiert ist und ein völlig falsches Menschenbild zugrunde gelegt wird. Man will den Menschen befreien gerade indem
man ihn zum Objekt macht und sagt er sei eigentlich nur ein Konglomerat der
gesellschaftlichen und ideologischen Bedingungen. Alle diese Bedingungen
spielen in das konkrete Menschsein hinein, aber jeder Mensch ist ein Subjekt
in sich selber. Das was den Menschen letztlich in seiner Identität ausmacht, ist
die Relation zu Gott dem Schöpfer. Der Mensch ist nicht ein Geschöpf der Gesellschaft, sondern ist ein Geschöpf Gottes. Gott ist Wahrheit, Gott ist Logos, Gott ist Vernunft, Gott ist Liebe, und das entspricht uns Menschen am meisten. Gott hatte es nicht nötig uns zu schaffen, er braucht keinen Hofstaat, er braucht keine Diener, sondern Gott schenkt uns aus seiner Fülle heraus und deshalb: wer Gott dient, der ist frei.
Danke, danke. Vor 40 Jahren rief der heilige Papst Johannes Paul II. zur
Neuevangelisierung Europas auf. Ist dieser Aufruf noch aktuell ?
Ja mehr als aktuell. Das ist ja auch nicht als ein kurzfristiger Slogan gedacht. Eine Partei hat einen Slogan. Der hält für die nächsten vier Jahre in denen man dann an die Macht kommt und ein Mandat bekommt. Die Evangelisierung ist ja eine epochale, Jahrhundert-, Jahrtausendaufgabe. Sie wird nicht einmal historisch vollzogen und hört dann auf. Die Evangelisierung beginnt bei jeder neuen Generation. Sie kann natürlich durch das soziale Leben, durch das Milieu auch den Glauben fördern, aber letztendlich muss jeder einzelne Mensch zu dieser persönlichen Entscheidung kommen, ob er sein ganzes Leben Gott hingibt, von Gott her empfängt, sich selber versteht im Hinblick auf Gott den Vater den Sohn und den Heiligen Geist. Deshalb wird kein Christ und kann auch kein Christ in diesem soziologischen Sinn einfach nur durch die Umstände bestimmt werden. Die Umstände können hilfreich sein. Wenn man in einer christlichen Familie geboren wird, kann es sehr hilfreich sein. Aber wir wissen ja auch, dass Menschen, die in christlichen Familien geboren und aufgewachsen sind, sich später vom Glauben distanziert haben: Voltaire, Denis Diderot und alle diese Leute hatten ja eigentlich eine gute christliche Grundbildung, haben aber letztlich nicht verstanden, worum es eigentlich im christlichen Glauben geht, und haben diesen Akt der Liebe zu Gott negiert. Es gibt aber auch umgekehrt viele Menschen, ich kenne auch viele Menschen, die gar kein christliches Milieu in ihrer Kinder- und Jugendzeit hatten, die aber später dann, durchaus durch Begleitung mit Christen, denen sie begegnet sind, zum Glauben gekommen sind.
Als ich Bischof in Regensburg war, kam eines Tages ein Ehepaar aus Persien, Iran. Der Pfarrer hatte sie geschickt, weil die Erwachsenen vom Bischof getauft werden. Ich fragte sie dann natürlich, im Gespräch, welches Motiv sie hatten, um sich taufen zu lassen. Sie sagten, sie seien in ihrer Heimat verfolgt worden, in dem Regime und so weiter und auch schlecht behandelt worden, bis hin zu dem Lager in dem sie in Deutschland waren, von ihren eigenen Leuten schlecht behandelt worden. Aber dann haben sie Anschluss an eine christliche Pfarei gefunden. Da haben sie mir gesagt: “Da haben wir zum ersten Mal in unserem Leben erlebt, dass Menschen uns lieben ohne irgendwie einen Gegenwert dafür zu halten”, nicht ein ‘do ut des’, sie haben einfach nur aus der Liebe Christi heraus für alles geholfen, haben alles gegeben. Da sind sie auf die Idee gekommen, dass Gott, an den sie natürlich schon geglaubt haben, dass dieser Gott sich in Jesus Christus uns Menschen zuwendet, dass Gott Liebe ist, und nicht einfach einen blinden Gehorsam verlangt, sondern eine frohe Hingabe, und dass wir durch das Evangelium, durch das Wort Gottes glücklich sind. Das ist eigentlich die Evangelisierung.
Diese großen Gegenbewegung gegen das Christentum, « la déchristanisation de la France, de l’Europe », Hébert und die Jacobins und Robespierre, Saint Just und alle diese Leute, dann auch im 19 Jahrhundert bis hin zu dem völlig ungerechten Gesetz der sogenannten « séparation de l’Eglise et de l’Etat » von 1905, das war ja eine Unterdrückung der Kirche,
nicht ein echter moderner neutraler Staat, der die gesellschaftlichen Initiativen und die Überzeugungen der Bevölkerung berücksichtigt.
Diese antichristliche Bewegung, die leider jetzt bis in die Politik von
Brüssel hineingeht, ist eine bewusst gezielte antichristliche Politik, nicht
direkt gegen die Kirche. Aber man unterminiert die anthropologische Grundlage. Man löst die Identität des Menschen auf, so dass er auch nicht mehr Ansprechpartner Gottes sein kann, des Wortes Gottes ! Man löst die Personalität, den Personenbegriff des Menschen auf. Das ist antichristlich und dem müssen wir klar entgegenwirken. Papst Johannes Paul II. hatte auch gesagt: “Der Weg der Kirche, in unserer modernen Zeit, ist der Mensch”, aber nicht im Sinne eines Anthropozentrismus. Der Mensch ist der Ansprechpartner Gottes. Der Mensch ist der Sinn der ganzen Schöpfung. Gott hat alles geschaffen, aber doch um des Menschen Willen und um unseres Heiles Willen ist der Sohn Gottes, der Gott selber ist, Mensch geworden und hat unter uns gewohnt. Das ist die Würde des Menschen, “la dignité humaine”. Das ist die Basis der Neuevangelisierung. Wir müssen als erstes jedem Menschen, vor allen Dingen auch den Jugendlichen sagen, was der erste Schritt zum Christentum ist: sich selber ganz annehmen, seine eigene Existenz. Niemand braucht sich zu entschuldigen, dass er existiert. Kein anderer hat ein Recht dich in Frage zu stellen. Weil Gott zu dir “ja” gesagt hat, kann niemand dich negieren oder relativieren oder instrumentalisieren. Das brauchen gerade die jungen Menschen, dieses robustes Gefühl, ein robustes Selbstwertgefühl. Das ist die Basis, dafür. Da kam ein junger Mann zu Jesus und sagte: “Was muss ich tun, um das
ewige Leben zu erlangen?” Da hat Jesus nicht gesagt, du bist noch jung, lern erstmal etwas, du bist noch dumm. So ! “Was muss ich tun, um das ewige Leben zu erlangen? » Eine bessere Frage, kann kein Mensch stellen. Ein junger Mensch ! Die Apostel waren alle junge Männer, auch die Jünger Jesu waren alle junge Leute. Jesus selber war ein Jugendlicher, 30 Jahre alt, als er begonnen hat, öffentlich das Reich Gottes zu verkünden.
Das Christentum ist eine Jugendbewegung. Auch wir Älteren sind ja noch jugendlich. Söhne Gottes bleiben wir immer, auch wenn, wie der Apostel Paulus sagt, der Leib
etwas schwächer wird, aber der Geist ist lebendig und jung. Das müssen wir den jungen Leuten sagen: Der erste Schritt der Evangelisierung ist die Stärkung des Selbstwertgefühls und zweitens sagen: “Du bist von Gott angesprochen, Gott interessiert sich für dich!” Dann ist es ganz einfach zu dem Glauben zu kommen, denn Jesus ist das lebendig gewordene, das sichtbar gewordene Interesse Gottes für jeden Einzelnen von uns. Jeder Einzelne ist angesprochen. Wir sind zwar eine große Gemeinschaft, aber keine Masse; nicht wie Gustave le Bon, “la psychologie des foules”. Wir sind keine Masse und wir dürfen keine Masse sein, sondern wir sind eine große Gemeinschaft, wo jeder einzelne Mensch auch zählt. Bei einer kinderreichen Familie wird durch die Zahl der Kinder der Wert der einzelnen Kinder nicht gemindert. Jeder einzelne Mensch hat einen unendlichen Wert. Deshalb, das sage ich auch heute, brauchen wir keine Drogen; wir brauchen keinen Alkoholmissbrauch, wir brauchen keine Geschlechtsumwandlung. Alle diese Selbstzerstörerischen, suizidalen Effekte der Gesellschaft brauchen wir nicht. Jeder Mensch hat genug Reserven in sich selber, und mit Hilfe der Gnade können wir unsere Talente empfangen, entfalten und viel Gutes für die Gemeinschaft tun: sei es, dass wir eine Familie gründen als Männer oder Frauen oder auch in einem geistlichen Beruf, Ordensleben oder Priesterleben. Wir sind keine Funktionäre irgendeines Systems, sondern Diener Gottes für das Heil eines jeden Menschen. Jedem zu sagen: “Du bist zum ewigen Leben berufen”. “Was muss ich tun, um das ewige Leben zu erlangen ? « Jesus gibt uns darauf die beste Antwort und kein Politiker, kein Journalist, kein Meinungsmacher, Ideologe kommt da mit. Voltaire, alle diese Leute sind gestorben, Nietzche, alle sind tot, aber Christus lebt.
Danke. Letzte Frage : Der Verein, der die Wallfahrt nach Chartres organisiert, heißt
« Notre Dame de Chrétienté ». Ihm wird der Begriff « Christentum » vorgeworfen.
Manche sagen die Kirche solle sich nicht in weltliche Fragen einmischen. In einem
déchristianisierten Europa wäre die Soziallehre der Kirche überholt. Was meinen Sie davon ?
Na ja, das haben die Nazis in Deutschland auch gesagt, dass Christentum überholt ist. Von diesen Ideologen brauchen wir uns nicht belehren zu lassen. Diese sagen, dass wir uns nicht in die Welt einmischen sollen, aber die mischen sich in die Kirche ein ! Was Christentum ist, das kann niemand anderes von außen her bestimmen. Die Rezepte, die von dieser Seite vorgetragen werden, haben diese Effekte zur Folge, die wir jetzt in in der Welt sehen. Wir stehen vor einem dritten Weltkrieg. Die ganze Welt ist zerstritten. Die großen Länder dieser Welt sind unter Diktatoren oder Halbdiktatoren. Auch in Amerika, ehemals das Land der
Freiheit, herrscht eine Partei, ein Präsident, für den Aufruf zum Mord an den Kindern. Das nennt man beschönigend Abtreibung. Es ist aber eine Tötung eines lebendigen Menschen und niemand hat das Recht den Kindern im Mutterleib das Menschsein abzusprechen. Wen zeugen denn die Eltern ? Sie zeugen einen Menschen und nicht irgendwie einen biologischen Zellhaufen, aus dem sich dann wunderbarerweise ein Mensch entwickelt. Aus einem Misthaufen wachsen auch keine Hühner. Die lebendigen Wesen der Tiere zeugen Tiere, der Mensch zeugt einen Menschen. Was im Mutterleib ist, ist nicht irgendein Teil, Körperteil für meine Haare oder meine Füße oder sonst etwas. Was im Mutterleib gezeugt ist, von Vater und Mutter, nach dem Willen Gottes, das ist ein lebendiger Mensch, der von Ewigkeit her berufen ist, noch vor seinem Geschaffensein, ein Mensch, der berufen ist Sohn und Tochter Gottes zu
werden.
Was das soziale Leben angeht, da gibt es kein besseres Rezept als die Soziallehre der Kirche, denn die Alternative zur Soziallehre der Kirche ist der Manchesterkapitalismus,
sozusagen die Rückkehr zur Urwald – und Dchungelexistenz des Menschen: jeder kämpft gegen den Anderen, beudet den Anderen aus, nach Strich und Faden, wie es am besten geht. Oder auch die sowjetische Planwirtschaft, die ja Millionen Menschen ins Unglück
gerissen hat.
Die Soziallehre der Kirche verbindet erstmal auf der anthropologischen Ebene diese Grundwerte: der Mensch als Person, Solidarität, Zusammenwirken, soziales Leben mit den natürlichen, den wirtschaftlichen Gegebenheiten, Notwendigkeiten, der Humanisierung, auch der technischen Entwicklung. Die technische Entwicklung, die Fähigkeit, die Gott uns gegeben hat Technik zu entwickeln, ist urmenschlich.
Gott hat uns den Verstand für philosophische Grundfragen gegeben, aber auch für
die Bewältigung des alltäglichen Lebens. Die Landwirtschaft entstand, die
Agrikultura, eine Kultur, die industrielle Kultur, jetzt die modernste, technische Kultur, die wir haben. Aber wir wissen, dass man immer alles zweischneidig auslegen kann: Kain war ein Ackerbauer. Er hat aber seine Instrumente benutzt, um seinen Bruder zu töten. Das ist ja sozusagen die Ursymbolik des möglichen Bruderkriegs. Jeder Krieg ist ein Bruderkrieg: zwischen Frankreich und Deutschland waren der erste und zweite Weltkrieg jeweils ein Bruderkrieg; es war dasselbe fränkische Reich. Jeder Krieg ist ein Krieg gegen Brüder und Schwestern.
Deshalb brauchen wir auch diese Ethik, Individualethik und Sozialethik, damit wir diese technischen Möglichkeiten für den Menschen ausnutzen und nicht gegen den
Menschen. Wir haben alle möglichen Medikamente entwickelt: Kopfwehtabletten sind da in einer gewissen Dosis, um den Schmerz zu lindern, aber nicht in einer Überdosis,
um sich selber umzubringen, “suicid” zu machen. Also kann man Medikamente,
Instrumente positiv für den Menschen oder negativ gegen den
Menschen benutzen. Dazu braucht es eine Ethik und nicht einfach nur die Gebrauchsanleitung
für diese Instrumente. Das reicht nicht aus. Man muss auch wissen: Ist es erlaubt,
in dem Fall, diese Medikamente, Instrumente zu benutzen oder nicht erlaubt?
Künstliche Intelligenz kann eine große Hilfe sein ! Heute, wenn ich das vergleiche, wie wir früher Französisch oder Englisch gelernt haben: große Tabellen, Vokabelhefte und die Grammatik und so weiter. Wir haben aber wenig gesprochen. Wir Älteren kennen deshalb die anderen Sprachen meistens passiv und nicht so aktiv. Heute haben wir ganz andere Möglichkeiten mit Sprachstudio und lernen und hören, wie man alles richtig ausspricht, die Aussprache. Das haben wir früher nur so in der Umschrift gelernt. Aber wenn man es hört, ist es etwas anderes. Also haben wir auch künstliche Intelligenz in diesen modernsten Formen, aber durchaus auch die Möglichkeit in der Pädagogik,in der internationalen Kommunikation große Fortschritte zu machen. Aber, wir müssen natürlich auch alle diese Medien, sozialen Medien, technischen Medien für den Menschen, für die Freiheit benutzen. Wir sind die Vertreter von “égalité” und “fraternité”. Das kommt nicht von der französischen Revolution. Es ist eine Formulierung, die Fénelon zum ersten Mal in dieser Zusammenstellung gebraucht hat, und zwar als Grundcharakterisierung der christlichen Werte. Außerhalb des Christentums gibt es keine “fraternité”. In Deutsch sagt man da, Lenin ein bisschen parodiert : « Willst du nicht mein Bruder sein, dann schlage ich dir den Schädel ein.” Zwangsmäßige Brüderschaft, Verbrüderung gibt es nicht. Die Bruderschaft muss aus dem Herzen der Menschen kommen, ein Wohlwollen sein, benevolent sein.
Auch die “égalité”. Wir sind alle vor Gott gleich, aber nicht unter den Menschen gleich gemacht, sondern gleich in der Würde, so dass jeder in der Lage ist seine Talente auch zu
entfalten, seine Individualität einzubringen, nicht an dem Kollektivismus unterzugehen. “Egalité, fraternité und … liberté”. “Liberté” ist natürlich das Grundlegende. In Christus sind wir frei und befreit, nicht mehr abhängig von den Elementen der Natur, von der Willkür der Tyrannen. Das ist die größte Gabe : die christliche Freiheit, die uns geschenkt worden ist, aber nicht, um die Anderen zu unterdrücken, wo dann nur der Diktator frei ist und die Anderen alle seine Sklaven sind, sondern wo wir alle frei sind in einer Gemeinschaft der Freiheit.
Aber die Freiheit gibt es nie ohne Freude. Dort wo keine Freude ist, wo die Leute humorlos sind, da muss man sehr vorsichtig sein. In Deutsch haben wir das Sprichwort: “Wo man singt und freudig ist, da lass Dich nieder, böse Menschen haben keine Lieder.” Böse Menschen singen nicht.
Eminenz, wir danken ihnen, danke, vielen Dank. Ja und das war sehr sehr reich, danke, danke.
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