Abraham est le pèlerin par excellence. Dès la mort de son père, le Seigneur l’envoie en mission : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai. » Abraham écoute et Abraham obéit : il part avec sa femme, Sara, et son neveu Loth. C’est le début de son pèlerinage.
Tout au long de sa vie Abraham sera au service du Seigneur. Il se distingue par sa prière, son écoute, son obéissance et sa Foi.
Abraham, malgré ses occupations n’hésite pas à prendre le temps de prier, il s’arrête dans ses pèlerinages pour élever des autels à Dieu et y offrir des sacrifices. Il soumet ses choix et ses questions au Seigneur, instaurant un dialogue avec Lui, n’hésitant pas à Le supplier pour ses frères ou pour lui-même.
La prière de supplication est une marque de confiance que nous donnons à Dieu : nous nous adressons à Lui parce que nous savons qu’Il peut tout. Cette confiance peut être mise à la rude épreuve de la patience. Comme Abraham qui attendit de longues années avant que s’accomplisse la promesse de sa descendance, apprenons à ne rien exiger de Dieu, mais à accueillir sa volonté au jour le jour comme un bien supérieur à ce que nous souhaitons pour nous-mêmes.
A plusieurs reprises dans le texte biblique, il est dit qu’Abraham lève les yeux. Ce geste signifie qu’il est à l’écoute de Dieu et qu’il attend qu’Il se manifeste à lui. Dieu, en effet, demande notre participation active. N’oublions pas que c’est toujours Lui qui a l’initiative, mais que nous devons être capable de L’entendre, de nous arrêter et de lever les yeux au ciel pour L’écouter.
C’est encore dans la prière qu’Abraham recueille l’ordre de Yahvé de sacrifier Isaac. Nous pouvons remarquer que la prière d’Abraham est souvent un dialogue avec Dieu, mais lorsque Yahvé lui donne un ordre, il n’y a pas de dialogue, Abraham obéit dans l’instant. « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai. » « Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t’en au pays de Moriyya et là tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai.«
Comment comprendre un tel ordre ? C’est Dieu Lui-même qui a donné ce fils dans sa vieillesse à Abraham et voilà qu’Il lui demande maintenant de le tuer ?
Abraham sait que tout ce qu’il a, il le doit au Seigneur. C’est pourquoi il ne Lui refuse rien. Il prend aussitôt son fils, sans un mot, sans une plainte, sans même une larme, et il monte la montagne pour le sacrifier.
L’histoire d’Abraham est l’histoire de la réussite du plan de Dieu sur l’homme par son dépouillement. Il va toute sa vie de purification en purification. Il commence par tout quitter pour suivre le chemin que le Seigneur lui indique et vivre l’aventure de la pauvreté. Arrivé à Canaan, il se dépouille une nouvelle fois en partageant ses terres avec son neveu Loth pour éviter la discorde. Enfin il accepte de se dépouiller de son fils par obéissance.
Nous aussi, tout ce que nous avons, c’est Dieu qui nous l’a donné : notre famille, nos proches, nos biens, extérieurs et intérieurs. Quand il arrive que nous ayons à nous séparer de l’une de ces choses, quelle est notre réaction ? Si nous ne récriminons pas directement contre Dieu, nous sommes souvent lents à Lui offrir ce qu’Il nous demande. Et quand notre premier élan est de tout offrir généreusement, après l’épreuve il n’est pas rare que nous nous laissions assombrir par le regret. Or dans la perte d’un bien, Dieu nous propose en réalité de nous rapprocher de Lui, de nous unir plus intimement à Lui.
Au moment où Abraham fait le geste de sacrifier son enfant, son unique vrai bien, son espoir de postérité, Dieu connaît en vérité sa Foi et c’est alors qu’Il lui offre toutes ses richesses et ses bénédictions pour lui et sa postérité. « N’étends pas la main contre l’enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils (…) parce que tu as fais cela, Je te comblerai de bénédictions. «
Abraham est donc un modèle de Foi : il est celui qui a su tous les jours réapprendre à vivre pour se conformer à la volonté du Seigneur. Il a accepté de dépendre de Dieu en tout et d’attendre tout de Lui.
C’est la Sainte Vierge dans son fiat et dans sa vie quotidienne qui sera l’accomplissement parfait de ce modèle.
Tout au long de notre vie, posons des actes de Foi, d’obéissance et de Charité, étant bien sûrs qu’ils seront acceptés de Dieu comme l’ont été ceux de notre père dans la foi Abraham, qui nous symbolise, nous, chrétiens, étrangers sur cette terre, et en pèlerinage vers la patrie céleste.