Entretien avec Mgr Michel Pansard,
évêque du diocèse de Chartres
Les 3 principales représentations de la Sainte Vierge Marie à Chartres.
Notre‐Dame sous terre :
Ce nom lui a été donné car cette statue est située dans l’église basse ou la crypte. Les appellations les plus anciennes sont « la Vierge qui va enfanter » ou « la Vierge en enfantement », c’est un des grands thèmes qui traversent toute la dévotion mariale ici à Chartres.
Au Moyen Âge, les pèlerins passaient sous le clocher nord puis descendaient dans cette crypte. La première image qu’ils voyaient, c’est l’image de la Vierge présentant son Fils Jésus. À nouveau, quand ils montaient dans la cathédrale, la première image qui s’imposait à leur regard, c’est l’image de la verrière axiale avec la Vierge dans cette même position assise sur un trône et qui présente son Fils.
Ici la vocation de Marie est mise en évidence et a de quoi surprendre la Vierge : répondre à l’appel du Seigneur à porter dans ses entrailles le Fils de Dieu pour le donner au monde. Au début, elle cherche à comprendre. Comment cela va‐t‐il se faire ?
Après avoir posé des questions, Marie ne dit pas simplement : « j’ai compris je vais le faire ». La réponse de Marie est : « Seigneur fais‐le en moi et avec moi : qu’il me soit fait selon Ta parole. ». Dieu suscite la coopération de Marie. Elle n’est pas un instrument passif. Marie accepte d’être la servante, de participer activement en donnant l’humanité à Celui qui prend chair en elle, le Fils de Dieu.
Notre‐Dame de la Belle Verrière :
Ce vitrail de la Belle Verrière, du moins la partie centrale sur fond rouge, est semble‐t‐il la verrière axiale de la cathédrale romane. C’est une verrière du XIIème siècle qui a été insérée dans une verrière du XIIIe siècle. Ce qui est intéressant, c’est d’analyser ce qui a été mis autour de cette verrière centrale sachant qu’une verrière se lit toujours de bas en haut, de gauche à droite.
Dans les scènes du bas, on voit le Seigneur Jésus avec le même crucifère avec le diable : c’est l’évocation des trois tentations de Jésus au désert. Puis au dessus est décrite la première manifestation de Jésus dans l’Evangile selon Saint Jean aux noces de Cana. Cette scène est placée sous Notre‐Dame de la Belle Verrière pour nous faire entendre et vivre ce qui se passe à Cana. La Sainte Vierge s’adresse aux serviteurs et leur dit d’écouter son Fils : « Faites tout ce qu’Il vous dira. »
Marie, la mère du Seigneur nous aide à comprendre sa vocation et la notre : « Qu’il me soit fait selon ta parole. » « Mettez‐vous à l’écoute de sa parole » « Mettez vous à l’écoute de Celui qui est la parole même de Dieu ». Qui mieux qu’elle a écouté, a accueilli la parole de Dieu et l’a mise en pratique ? Toute vie chrétienne est à l’image de Marie, elle doit se comprendre comme un appel et une réponse à un appel.
Ainsi à travers notre réponse, nous nous laissons travailler, modeler. Dans cette écoute du Seigneur, nous devenons chaque jour un peu plus à son image, à sa ressemblance.
On vénère Marie et la sainteté de Marie ; nous sommes tous appelés à cette aventure de la sainteté. Ce n’est pas réservé à quelques‐uns.
Notre‐Dame du Pilier
C’est ici le grand lieu de la prière, de la dévotion mariale. C’est ici que sont déposés quantité de cierges, que beaucoup de gens s’arrêtent pour prier, où tant d’intentions sont confiées à Notre Dame.
Ils se confient à la Vierge Marie comme à une mère et lui demandent de prier pour eux, de leur venir en aide ou tout simplement la remercient. Finalement ils viennent pour dire merci un peu comme la Vierge Marie dans le Magnificat qui reconnaît le travail de Dieu dans sa vie et dans la vie des autres.
Charles Péguy était un pèlerin de Chartres, bien connu par nos pèlerins, est‐ce ici qu’il obtenu la guérison de son fils qui était gravement malade ?
Charles Péguy est venu en pèlerinage en portant cette souffrance et cette demande dans son cœur. En faisant ce pèlerinage et en retournant chez lui, il vit aussi cette guérison. La grâce finalement nous atteint, elle nous atteint surtout quand on se laisse faire.
Fondamentalement il faut nous laisser ajuster. Nous sommes acteurs et en même temps il faut laisser agir un autre que nous même : Dieu. On ne s’ajuste pas sur Dieu uniquement par ses propres forces. On s’ajuste sur Dieu parce que Dieu nous ajuste sur Lui en particulier en faisant miséricorde.
Bibliographie ‐ Pour aller plus loin :
‐ « Chartres, la Grâce d’une Cathédrale » ‐ Sous la direction de Mgr Michel Pansard ‐ Editions Place Victoires/Nuée Bleue
‐ « Voyage au Moyen‐Âge » : Voyage au Moyen‐Âge, à travers les vitraux de Chartres ‐ Colette & Jean‐Paul DEREMBLE ‐ Editions Gaud.
– « La tapisserie de Notre‐Dame » ‐ Charles Péguy – Nombreuses éditions –
Lire en particulier le poème : « Présentation de la Beauce à Notre‐Dame de Chartres ».