Dieu est la réalité première, la plus importante des réalités surnaturelles. C’est autour de Lui que tout gravite : « Dieu est au-delà de tout, au-delà du ciel, au-delà de la terre. » (Saint Augustin)
Il est difficile de parler de Dieu, en raison de son immensité, de sa transcendance. Il nous dépasse et dépasse notre intelligence : « Que peut-il dire celui qui parle de Vous ? Et pourtant malheur à ceux qui se taisent de Vous. » (Saint Augustin)
Je veux voir Dieu
« Mon coeur brûlait d’un désir très ardent de connaître Dieu, de savoir qui il était. Parmi les hommes, beaucoup admettent l’existence d’une foule de divinités mal définies ; quelques-uns vont jusqu’à déclarer qu’il n’y a pas de dieu du tout. Ce qui résulte du hasard, de l’évolution et de la combinaison des éléments, ils l’appellent nature et lui rendent une sorte de culte. Le plus grand nombre se rallient à l’opinion commune en professant l’existence de Dieu, mais ils
prétendent ce Dieu indifférent à l’humanité dont il ne s’occuperait absolument pas. Parmi toutes ces opinions mon coeur inquiet cherchait le chemin apte à lui procurer la connaissance de son Seigneur. » (Saint Hilaire de Poitiers, Ille siècle)
On le voit, la recherche de Dieu est une constante de toute l’histoire de l’humanité. Les hommes ont le désir de voir Dieu, de l’atteindre, de communiquer avec Lui. Sainte Thérèse d’Avila, alors qu’elle était enfant, avait fait une fugue hors de la maison paternelle. Pour toute explication, elle avait dit : « Je suis partie parce que je veux voir Dieu, et que pour le voir il faut mourir« . Mettons-nous à la suite de ces saints, à la découverte du Tout-Puissant. Nous voulons
contempler Dieu. Que cela signifie-t-il ? Que faut-il regarder en lui ? Qui est-il ?
Le nom de Dieu
Il est difficile de nommer Dieu, de lui donner un nom qui le définisse, qui exprime sa nature. Dans le monde hébraïque, alors que le nom désigne véritablement l’être de la personne, Dieu se dévoile. Il le révèle à Moïse : « Je Suis celui qui Suis » (Ex. III-14). De là a été formé le nom hébreux de Yahwé. C’est la définition la plus exacte de Dieu : il est l’Etre. Ce nom signifie la réalité la plus extraordinaire qui soit : Dieu lui-même. C’est pourquoi les juifs ne
prononçaient jamais ce nom de Yahwé, mais disaient Adonaï, Seigneur, se reconnaissant indignes, et voyant dans le nom de Dieu un mystère redoutable.
« J’étais rempli d’admiration par cette définition si parfaite de Dieu ; elle exprimait dans un langage adapté à l’intelligence, l’incompréhensible notion de la nature divine : ce qui EST absolument ne peut cesser d’être un jour, ni avoir commencé d’être. » (Saint Hilaire de Poitiers).
Nous nous sentons infiniment petits devant le mystère de la transcendance divine. Pour nous en approcher, il faut nous purifier.
A Moïse qui s’approchait du buisson ardent, Dieu dit : « N’approche pas d’ici, ôte tes sandales, car le lieu que tu foules est une terre sainte » (Ex. III-4).
C’est purifié, la face voilée, que Moïse s’approche du feu pour voir Dieu. C’est ainsi que nous devons aller vers Dieu : « Si tu veux venir à ma suite, renonce-toi, prend ta croix et suis-moi« .
Quel nom ?
« Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants » (Pascal, Mémorial)
C’est le Dieu un et trine de la révélation, de l’ancien et du nouveau testament, qui est venu à nous dans la personne du Fils, pour nous attirer à Lui et nous sauver du péché. « Cette parole : Je suis celui qui suis, tu ne la comprends pas, ton coeur ne peut s’y fixer, tu n’es pas immuable, ton esprit est changeant. Ecoute maintenant ce que tu peux comprendre : Dieu dit encore à Moise : « Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob », si tu ne
peux saisir son Nom de nature, saisis Son Nom d’amour. » (Saint Augustin).
Dieu n’est pas un principe abstrait, mais un Etre qui a fait alliance avec les hommes, qui s’est révélé, qui a envoyé son Fils. Dieu a fait de son nom le signe et en a constitué notre profession de foi ; c’est au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit que nous avons été baptisés (Mt XXVIII-19). C’est par son Nom, dans le signe de la croix, que nous l’atteignons dans la prière, c’est ce Nom que le Christ est venu révéler : « Et maintenant, Père, glorifie-moi, j’ai manifesté ton Nom aux hommes » (St Jean XVII 6).
Le Christ a explicité la révélation de l’Ancien Testament : pour affirmer et révéler sa divinité, il reprend l’expression : « Je suis« . Par cette expression, il montre à la fois sa divinité par rapport à nous : « Je suis le Pain, la Lumière, la Porte, le Bon Pasteur, la Résurrection, la Voie, la Vérité, la Vie, la Vigne » ; et sa divinité dans un sens absolu : « En vérité, en vérité, je vous le dit, avant qu’Abraham ne fut, Je suis » (St Jean, VIII-58).
Que Votre nom soit sanctifié
C’est un appel pressant à la prière que Jésus nous laisse en nous donnant la prière du Notre Père (Mt Vl-9). Il veut que nous prononcions et glorifions son Nom, pour contempler Sa Gloire. Mais laissons la parole aux pères de l’Eglise :
« Nous devons bénir Dieu en tous temps et en tous lieux pour acquitter l’hommage de reconnaissance que tout homme doit à ses bienfaits. Lorsque nous disons : Que Votre Nom soit sanctifié, nous demandons qu’il soit sanctifié en nous qui sommes à lui, mais aussi dans les autres« . (Tertullien, Ile-IIIe siècle)
« Exalter le Nom de Dieu et demander qu’il soit sanctifié, c’est participer à la grâce divine en naissant d’elle« . (Origène, Ile-IIIe siècle)
« Nous recourons à la prière pour que cette sainteté demeure en tous, cette sainteté que nous devons à la grâce divine « . (Cyprien, Ille siècle)
« Que votre Nom soit sanctifié revient à dire : il faut vous appliquer à agir de telle sorte que tous louent le Nom de Dieu, quand ils admireront sa miséricorde, et sa grâce abondante répandue sur vous. Ce ne sera pas en vain qu’il aura fait de vous ses fils, que par miséricorde il vous aura donné l’Esprit, qu’il vous aura transformés de sorte que vous pourrez appeler Dieu : Père. En faisant le contraire, nous provoquons le blasphème contre Dieu« . Théodore de Mopsueste, IVe siècle.
Dans cette demande du Pater, il nous est proposé rien moins qu’une exigence de sainteté. Si en effet le Nom de Dieu n’est pas sanctifié en nous, c’est en vain que nous nous efforcerons de promouvoir son règne, ou d’accomplir sa volonté. Car être chrétien, c’est d’abord être un homme de prière et de recueillement. Il nous faut nous approcher du buisson ardent, méditer et répéter le Nom de Dieu, le voir dan la foi, avant de vouloir l’annoncer au monde.
Conclusion
Le deuxième commandement s’énonce ainsi : « Tu ne prononceras le Nom de Dieu qu’avec respect« .
C’est un appel à la prière. « Celui qui y parvient, qu’il s’agisse de Moïse autrefois ou bien de l’homme qui aujourd’hui fixe son regard sur la lumière issue du buisson, celui-là devient capable d’aider aussi les autres à se sauver ; il renverse la tyrannie triomphante du mal ; il ramène à la liberté tout ce qui est asservi à l’esclavage du démon « . Saint Grégoire de Nysse, IVe siècle
Que sommes-nous en face de Dieu ? Comment le regardons-nous, qu’est Dieu pour nous ?
Cela revient à se demander ce que vaut notre prière. Si Dieu n’est pas au centre de notre vie, alors notre prière sera médiocre, mais si Dieu est tout pour nous, alors nous serons tout à Dieu. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure » (St Jean XIV-23)
Les choses surnaturelles, nous ne les voyons pas encore, mais la foi nous les révèle. Les choses surnaturelles sont encore voilées à nos regards, mais par l’espérance et la grâce de Dieu, elles sont déjà vivantes en nous.
Par son Nom, nous atteignons l’essence divine. « N’est-ce pas Dieu qui prononce lui-même secrètement son Nom dans le coeur de ceux qu’il choisit ? De Sainte Jeanne d’Arc, de Saint Nicolas de Flue« . (Cardinal Journet)