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SAMEDI 29 MAI 2004

MESSE CELEBREE DANS LES BOIS DE VERRIERES

SERMON DE MONSIEUR L’ABBE COIFFET


Mes Frères,

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.

« Sors de cet enfant, esprit impur, et cède la place à l’Esprit Saint ».

A chaque baptême, en tout début de cérémonie, le prêtre intime cet ordre formel à Satan, après avoir soufflé 3 fois sur le visage du futur baptisé, en faisant le signe de la Croix. Ce rite préliminaire du Baptême exprime ainsi tout l’esprit du pèlerinage que nous entreprenons depuis ce matin. : car nous marchons tous, pour proclamer notre Foi reçue au Baptême, la vivifier, la rendre plus forte, remplie de la certitude même de l’Eglise notre Mère.

Notre Baptême nous indique notre origine et notre finalité

Notre Baptême n’est pas un rite magique. Derrière son expression sensible, paroles et gestes du prêtre, eau qui coule sur le front du baptisé, se réalise l’un des faits les plus extraordinaires de l’histoire humaine : un changement intérieur complet dont les conséquences rejaillissent, non seulement sur le baptisé, mais aussi sur tout le monde extérieur qu’il va désormais côtoyer. Saint Jean nous l’affirme dans l’admirable prologue de son Evangile :
« Mais à tous ceux qui l’ont reçu, Il a donné le pouvoir de devenir Fils de Dieu, à ceux qui ont cru en son nom, qui ne sont pas nés du Sang, ni de la volonté de l’homme, ni de la volonté de la chair, mais qui sont nés de Dieu » « Ex Deo nati sunt » !

Par la filiation ainsi affirmée, notre baptême nous indique notre véritable origine et notre finalité certaine : nés de Dieu pour retourner à Dieu. En nous transformant en hérauts de la Sainte Trinité, la Grâce du sacrement donne son véritable sens à notre nature humaine. Elle ne la détruit pas : elle la transforme en miroir de Dieu. Elle ne la supprime pas : elle la surélève, lui faisant connaître et exprimer, par ses actes, une réalité que cette même nature humaine était dans l’incapacité d’imaginer : l’Amour de Dieu pour chacune de ses créatures, créées à Son Image.

C’est bien cet Amour divin qui est premier en toutes choses : donné en toute liberté à la création d’Adam et Eve, il fut refusé par la liberté dévoyée de nos premiers parents. Mais l’Amour de Charité divine ne reste jamais en peine d’invention pour se donner à nouveau. Puisque l’homme a rejeté l’œuvre divine, Dieu a inventé l’Incarnation et la Rédemption. En assumant notre nature humaine, Dieu démontre à l’homme que l’orgueil le conduit dans le mur de sa bassesse et de son égoïsme. L’Incarnation du Verbe nous invite à regarder à nouveau vers le Ciel. La Rédemption nous en donne les moyens. Ainsi, le Sacrement du Baptême est né de la Croix du Sauveur, tout particulièrement de l’eau que Saint Jean a vu couler du côté du Christ.

Renouveler les promesses de notre baptême
Chers pèlerins, vous avez là, la principale, la grande réalisation de notre pèlerinage : en marchant, en priant, nous renouvelons, tous, les promesses de notre Baptême : la Grâce de Dieu ne demande qu’à augmenter en nous. C’est aujourd’hui ou jamais : il est grand temps de laisser la lumière de Dieu nous donner notre véritable liberté, celle des enfants de Dieu. Par elle, les yeux fixés sur le Ciel Trinitaire, nous sommes les porteurs de Dieu, pour nous-mêmes comme pour le monde.
Mais attention, chers pèlerins ! Nous le savons tous, l’engagement de notre Baptême suppose, demande, exige la renonciation quotidienne à Satan, à ses tentations, à ses œuvres. Car le salut de notre âme ne peut se faire sans nous. Comme le Baptême n’est pas une magie, ainsi Dieu veut notre réponse de chaque jour, et cela dans les actes.

Non pas fuir le monde, mais le vaincre.
L’opposition du monde au plan du salut n’est pas nouvelle, et ne cessera pas comma par enchantement. Elle date de la Croix, instant où le démon a compris sa défaite définitive et universelle. Elle ne cessera qu’au jour du Jugement dernier, par la Gloire du Christ, Maître de l’Univers. Et donc, le monde nous hait. Mais sa haine se veut conquérante. Le monde ne supporte pas l’humilité triomphante des enfants du Christ et de l’Eglise. Il ne veut pas que la pureté de la Grâce de Dieu révèle la pourriture de son athéisme et de son immoralité. Comme Satan a osé demander au Christ de se mettre à ses genoux et de l’adorer, le monde exige que les Catholiques s’agenouillent devant son impudicité, se taisent devant ses hérésies, et disparaissent en acceptante et en vivant de ses modes délétères et destructrices de la nature humaine.
Notre premier devoir n’est pas de nous isoler du monde : bien au contraire, nous devons le refuser pour mieux reconstruire, pour démontrer que, Seul, le Christ stoppe l’infernale descente de notre être, et donc de sa vie. Refusons les modes de la mondanité :

Repousser les mondanités intellectuelles : être vrai.
Il y a d’abord la mondanité intellectuelle, celle de Ponce-Pilate : « Qu’est-ce que la Vérité ? » C’est la mondanité des bien-pensants qui confondent sans cesse la Vérité et la Sincérité. A quoi sert-il de penser sincère quand nous pensons faux ? La Sincérité est devenue le prétexte des peureux ; le mode d’action des lâches. Nous camouflons la vérité parce que nous craignons les conséquences pour nous-mêmes, pour notre amour-propre. Mais le Christ nous l'a dit :" Celui qui refusera le moindre des commandements et qui enseignera aux autres à faire de même, celui-la sera tenu pour le moindre dans le Royaume des Cieux". Tenons-nous le pour dit ! La Vérité est une et totale. Et la première Charité est Vérité.

Refuser les mondanités comportementales et vestimentaires.
Et puis, il y a la mondanité des modes : chers pèlerins, nous aimons à honorer les hôtes qui nous reçoivent par notre tenue et notre politesse. Mais Dieu n'est-il pas l'Hôte Absolu ? Et cet Hôte vient en nous, par la Sainte Communion ! Il va être là, réellement présent, sur cet autel, par la grâce du Sacerdoce ! Notre tenue extérieure est donc l'expression de notre pureté intérieure. Jeunes gens et jeunes filles ! laissons de côté, abandonnons les attitudes mondaines qui nous font chercher d'abord à attirer le regard plutôt que de rechercher l'honneur de Dieu. Le Saint Curé d'Ars a eu des mots superbes sur la ruine de l'âme qu'est la non charité. Je ne suis pas le Curé d'Ars, et je vous en supplie, je vous exhorte, car notre monde a besoin du témoignage impérieux de la pureté : celle des saints Tarcisius, Louis de Gonzague, Dominique Savio, parce que de tout temps, le scandale demeure de faire tomber le prochain dans le péché, par la provocation de nos habillements, de nos manières d'être. Que Notre-Dame de la Salette protège ainsi notre pèlerinage !

Bannir la fraude.
Enfin, chers pèlerins, vous tous, organisateurs et responsables : le pèlerinage doit balayer devant sa propre porte. Nous voulons donner l'exemple ? Alors n'hésitons pas ! Je sais, nous savons tous, qu'au sein de ce pèlerinage, certains n'hésitent pas à utiliser ce qu'en terme jeune on appelle " gruger" : on n'hésite pas à ne pas régler la somme due et à s'introduire en fraude dans la colonne marchante. On n'hésite pas à faire croire que sa demeure principale est en province pour ainsi payer moins cher. Et on n'hésite pas à s'en vanter !
Mais, Chers pèlerins, qui sommes-nous donc ? Nous ne reconstruirons rien si nous sommes nous-mêmes détruits intérieurement ! Ce chapiteau, ces prêtres à votre disposition, qui viennent certains de très loin, cette sécurité dont nous pouvons, à juste titre, nous vanter, coûtent très cher malgré la somme énorme du bénévolat. Oui, notre pèlerinage doit durer. Oui, il est indispensable ! Mais alors, mais surtout, jouons pleinement chacun notre rôle dans la lumière de la Vérité. Chassons le démon de nos mauvaises habitudes. Chassons le démon de nos facilités. L'essentiel aujourd'hui est dur. Sachons le défendre et l'établir par la Confession.

Retrouver une âme d’enfant.
Mais surtout ! Ayons une âme de petit enfant !
Chers enfants, voici qu'aujourd'hui, pour la 20ème fois, nous partons à Chartres. Vous êtes le paratonnerre du pèlerinage. Dans votre joie et votre sourire, je vois la certitude que nous faisons bien. Je pense aujourd’hui à une maman qui est venue vous voir et que vous avez toujours si bien reçue : c'est à elle, ma maman, que je demande de garder notre chapitre-enfants ; maman de prêtre, elle saura toujours donner à la Sainte Vierge, pour que Notre-Dame donne à Jésus notre bien le plus précieux : votre joie de Catholique et Français.

Ainsi soit-il.
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