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SAMEDI 29 MAI 2004

CATHEDRALE DE PARIS

ENVOI PAR LE PERE ALAIN HOCQUEMILLER
Prieur de la Sainte Croix de Riaumont

Il était une fois ...

Peut-être connaissez-vous l'histoire ?

Trois hommes travaillaient sur le chantier d'une cathédrale. Tous trois ils taillaient une pierre. Que fais-tu demande-t-on à chacun ?
- Moi, dit le premier, je gagne de l'argent!
- Moi, dit le deuxième, je construis une cathédrale !
- Moi, proclame le troisième, je chante la gloire de Dieu et je gagne mon ciel!
Mes frères ... tous trois faisaient le même travail !


UN PELERINAGE, POUR QUOI FAIRE ?

Eh bien, ce matin, trois pèlerins vont partir vers Chartres, et si je demande à leurs anges gardiens ce qu'ils font de si bon matin,
- le premier me répondra, plein de joie : « il fait pénitence ; il chante la gloire de Dieu et il marche vers le ciel »
- le deuxième, avec un peu d'envie, dira : « lui ? il dit qu'il fait un pèlerinage ! »
- et le troisième reprendra peut-être, assez tristounet : « mon protégé est parti pour faire 100 km à pied avec des amis, bien sympathiques au demeurant »

Pèlerins ! Si je pose la question à votre ange gardien à vous, que me répondra t-il ?
Si vous êtes ici, bien décidés à faire pénitence ; si vous marchez vers le ciel ; si vous êtes là pour chanter la gloire de votre Dieu. Alleluia ! Je n'ai pas besoin de vous féliciter ; je vous bénis de tout mon cœur de prêtre .
Si vous êtes là pour faire un pèlerinage ; je vous félicite et je vous encourage. Ecoutez bien les méditations ; elles vous rappelleront que vous êtes des baptisés : des créatures blessées à mort par le péché, mais rendues à la vie et promues à la dignité éblouissante d'enfants de Dieu, en marche vers la maison du Père.
Mais si vous faites partie de la troisième catégorie, la catégorie des promeneurs, alors, je ne vous félicite pas ! Je ne vous encourage pas ! Je ne vous bénis pas !
Si vous êtes venus ici pour rencontrer vos amis et connaissances : votre cousin Thomas ou votre amie Bénédicte ..., vous vous êtes trompés, mon cher ; vous êtes même quelqu'un d'encombrant, mon pauvre ami.

FOI, ESPERANCE, CHARITE

Soyons sérieux !
Nous sommes baptisés ! Ce n'est pas rien !
L'eau du baptême a lavé nos âmes . Nous étions esclaves ; le Saint Chrême a fait de nous des rois ! Personne ne peut nous contraindre au mal ; personne ne peut choisir le bien à notre place !
Savez-vous bien que la grâce sanctifiante illumine votre cœur et met dans votre âme, temple du Saint-Esprit, trois merveilles, plus précieuses que votre vie: FOI, ESPERANCE, CHARITE
Le savez-vous ?
Oui, mon Père, mais on n'y pense pas ! Eh bien c'est le moment d'y penser ! Chaque pas de ce pèlerinage doit être un acte de baptisé : un acte de Foi, un progrès dans l'Espérance, un débordement de Charité.
Nous sommes là pour cela!
Nous sommes ici pour faire du surnaturel : porter des fruits de grâce.
Et si vous n'en faites pas, si vous papillonnez de chapitre en chapitre, en pensant à tout autre chose qu'à l'état de votre âme ; vous n'êtes que des enfants gâtés, stupides et coupables gaspilleurs des grâces de Dieu ...
Si le sel s'affadit, avec quoi le salera-t-on ?
Et si le pèlerin refuse de pèleriner, avec qui fera-t-on des pèlerinages ?

NE GASPILLEZ PAS LA GRACE DE DIEU

Baptisés ! Ouvrez les yeux et les oreilles ; ne gaspillez pas les grâces de Dieu ! « Vexilla regis prodeunt » : Les étendards du Roi s'avancent !
Nos drapeaux, nos bannières sont les étendards du Christ-Roi ; mais ceux qui marchent derrière, qui sont-ils ? Des pèlerins, des vrais, engagés dans une démarche de pénitence ? ou des plaisantins, des fumistes de la grâce, des dilettantes de la tradition ?
Des prêtres, par dizaines, vêtus de toutes les couleurs, ont quitté leurs paroisses, leurs monastères, leurs prieurés, pour marcher avec vous. Etes-vous bien décidés à utiliser leur sacerdoce pour rendre à vos âmes la grâce de votre baptême, par une vraie, une belle, une exigeante confession ?
Nous allons assister, trois fois, au Saint Sacrifice de la Messe, dans la plus belle des liturgies, célébrée selon le rite catholique romain jalousement préservé de toute altération. La Messe est le cœur de l'Eglise qui palpite ! Sommes-nous bien décidés à prier, à supplier, à offrir notre sacrifice de louange avec une âme purifiée ? Sommes-nous bien décidés à attaquer, à payer, à expier pour tel péché qui engourdit notre âme, paralyse notre vie de chrétien, anéantit notre baptême et nous fait retomber en esclavage ?

LES DOUZE ENGAGEMENTS DU PELERIN

Nous allons, au terme de cette marche, entrer dans la plus belle cathédrale du monde. Ah ! Laissez moi rêver !
Si lundi, chacun d'entre vous, ayant pris son pèlerinage au sérieux, entrait sous la belle verrière de Chartres, l'âme étincelante, ayant payé pour ses péchés... Si tous les promeneurs étaient devenus pèlerins ... Quelle victoire !
Très bien ! Mais comment ferons-nous ? Nous ne sommes pas de grands mystiques ! Alors, pèlerinez ! mais pèlerinez vraiment, c'est à dire suivez les douze engagements du pèlerin. Nous sommes une armée en marche vers le ciel; suivez le règlement
- Serrez à droite, et qu'on n'ait pas besoin de vous le répéter vingt fois !
- Ne gaspillez pas la nourriture !
- Soyez de bonne humeur! Souriez !
- Chantez ! Mais oui, même quand vous n'aurez plus du tout envie, chantez quand même ; « Chartres sonne, Chartres t'appelle » cela aide les autres ! Portez les sacs de ceux qui sont fatigués ! Saint Paul, déjà, le demandait : Alter alterius onera portate !
- Consolez ceux qui sont dans la peine !
- Soyez bons, soyez charitables ; tout simplement : dites un mot à celui qui est seul ; faites connaissance, non pour bavarder, mais pour marcher ensemble vers Dieu.
- Les méditations, écoutez les !
- Après la veillée, taisez-vous, mais taisez-vous donc !
- L'adoration nocturne, faites la, faites la longtemps ! vous discuterez un autre jour.

Voilà de la mystique à notre portée ! Voilà de la charité concrète « caritas non ficta », voilà ce veut dire « renoncer à Satan ».
Une dernière consigne : ne fumez pas !
Ah ! si le service d'ordre pouvait mettre douze sacs poubelles, sur le parvis, à la disposition des fumeurs, pour qu'ils y déposent les paquets de cigarettes qu'ils ont embarqué, ce matin, par inadvertance, dans leur sac de pèlerins ! ! ! Alors un souffle d'air vivifiant rafraîchirait notre pèlerinage, et le Saint-Esprit, à son tour, pourrait souffler !
Suis-je un peu lourd ce matin ? un peu pénible ?
Allons, ce ne sont que trois jours, trois jours seulement !
Prenez ces trois jours au sérieux : ils sont une est une chance, une grâce précieuse.
Que tout ce que vous aurez fait de bien et supporté de pénible serve à la rémission de vos péchés !

AVEC GRAVITE, JOIE, ENTHOUSIASME

Trois jours de Foi ; trois jours d'Espérance ; trois jours de Charité. Qui vous dit que vous aurez à nouveau l'occasion de le faire ? Faites ce pèlerinage avec gravité, comme si c'était le dernier..., avant d'aller au ciel ! Faites ce pèlerinage avec joie et enthousiasme, comme un enfant, comme si c'était votre premier pèlerinage !
Alors ce sera le plus beau ! En avant! in nomine Domini

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